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Et Si On Apprenait À Dire Merci Et Bravo Au Travail ?

Traditionnellement en entreprise, décider était l’apanage des managers. Aujourd’hui un grand nombre de données et d’informations sont accessibles à tous, et fournissent aux collaborateurs des éléments pour prendre rapidement des décisions ayant un impact direct sur le business. Ces données permettent de décider et d’agir de manière autonome sans en référer systématiquement à son manager. La transformation digitale ne bouleverse pas uniquement la technologie et les outils, elle bouleverse aussi le management et l’organisation.

Comment accompagner les managers dans ce qu’ils peuvent percevoir comme étant une réduction de leurs prérogatives ? Comment aider les collaborateurs à être plus responsables et à oser davantage ?  S’il y a une pratique en place dans les start-up dont les grands groupes peuvent s’inspirer face à ce phénomène de décentralisation de la prise de décision, c’est bien la culture du feedback et surtout l’acceptation de l’échec. Essayer, échouer, recommencer est la meilleure équation pour innover. Il est donc temps d’apprendre à dire : « merci pour tes efforts », « tu feras mieux la prochaine fois » et « bravo ».

 

Les talents engagés et motivés surperforment

Dans les écoles de futurs dirigeants et managers, il n’existe pas de cours pour apprendre à dire « merci » ou « bravo » à ses équipes. Pourtant enfants, nous avons tous appris les règles de politesse dans le milieu familial et à l’école élémentaire. Pourquoi ne transposons-nous pas ces règles dans le monde de l’entreprise ?

Malgré la tradition française cartésienne qui laisse peu de place à l’émotion, il faut prendre conscience de l’importance du poids de mots aussi simples que « merci » et « bravo » sur la performance des collaborateurs. Selon une étude réalisée par Korn Ferry, 76% des talents qui se sentent intrinsèquement motivés dépassent les attentes en matière de performance. La gratitude n’est pas synonyme de gratification mais elle produit chez les collaborateurs un sentiment de reconnaissance qui engendre de la satisfaction, de la motivation et de l’engagement. Encore faut-il s’exprimer avec franchise et non par obligation.

Dire « Merci » et « Bravo » sont des véritables « free daily quick win », c’est-à-dire des petites actions du quotidien à peu de frais, mais ayant un impact important sur la performance des individus et donc de l’entreprise.

 

Oser n’est jamais une mauvaise idée

Dire « merci » suppose deux éléments clés en entreprise : des managers qui ont appris à faire confiance et à déléguer, et une organisation qui accepte la prise de risque et l’échec.

« En Europe, l’échec, c’est grave. Si, en sortant de l’université, vous loupez votre coup, cela vous suit toute votre vie. Alors qu’en Amérique, à la Silicon Valley, on passe son temps à échouer ! Quand on se casse la figure, on se relève et on recommence ». Ce facteur culturel relevé par Steve Jobs et partagé en interview lors d’un passage en France en 1984, révèle ce qui handicape encore nos organisations 35 ans plus tard. Cette crainte de l’échec tétanise aujourd’hui encore les talents de quelques grandes entreprises, qui par peur de représailles s’interdisent d’oser. Pourtant, il peut être simple de transformer un échec en opportunité s’il est assorti d’une analyse des raisons de cet échec, d’une réflexion commune sur les autres solutions possibles. Ceci d’autant plus que la transformation digitale des entreprises et la transformation des espaces de travail qui l’accompagne multiplient les interactions à tous les niveaux. Avec des modèles d’organisation moins hiérarchiques et plus collaboratifs, il est plus que jamais essentiel d’échanger et de partager des retours sur un projet, un sujet pour mieux avancer en collectif.

 

Des échanges permanents entre le manager et ses équipes

Le rôle du manager est donc désormais de donner à ses équipes des clés de compréhension pour les responsabiliser. Et autant ne pas attendre un an pour discuter des succès et des échecs. 43% des collaborateurs affirment que leur entretien d’évaluation annuel ne les aide pas à comprendre ce qu’ils doivent faire de plus ou différemment pour atteindre leurs objectifs. Le dialogue entre un manager et un collaborateur doit être régulier pour permettre à chacun de progresser. Et l’échec doit être appréhendé comme un moyen de revoir les conditions de succès d’un projet, pour mieux avancer et ne pas se cantonner la recherche d’une responsabilité personnelle ou collective.

Dire « merci », « bravo » et « tu vas réussir », c’est tout simplement se souvenir que la première des richesses d’une entreprise n’est ni son capital financier ni sa technologie mais bel et bien les talents qui la composent.

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