Bloquer un créneau dans son calendrier pour faire de la veille, ou s’y dédier plusieurs heures par semaine peut paraitre une base pour certains ou une montagne à gravir pour d’autres, selon ses tâches en cours et la manière de gérer son emploi du temps. Pourtant, même débordé, il me parait essentiel d’y consacrer régulièrement une partie de son attention. Selon l’organisation qui vous sied le plus, il est possible d’y consacrer un temps chaque semaine, chaque mois, ou par période, comme lors d’un « sprint », méthode de travail en équipe très utilisé par les adeptes des méthodes agiles.
Une contribution co-écrite avec Gabriel Avedikian, expert digital passionné par l’entrepreneuriat et l’innovation.
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Pourquoi, comment, et quoi ? Le Cercle d’or de la veille
Déformation professionnelle oblige, cet article ne peut qu’aborder en premier la veille dans un cadre professionnel. Que ce soit de la lecture d’articles ou de livres, de l’écoute de podcasts, de la visualisation de documentaires, de snack content ou de vidéos, il y a forcément un format qui vous convient, au fil de l’eau, dans les transports, en voiture, pendant la pause déj etc. Facile de dire que tout est une question de volonté mais aménager son calendrier pour y bloquer des plages horaires à réserver est une première piste.
Une fois cette étape réglée, la question qui se pose c’est celle de la pertinence du contenu, car au vu des multiples sources que nous avons à disposition, il est très facile de s’y perdre. Mais si nous sommes, comme le dit l’adage, la somme des personnes que nous côtoyons le plus, profitons de la technologie actuelle pour nous connecter aux personnes qui nous « élèveront » dans notre domaine. Que ce soit des experts reconnus, des professionnels seniors, des personnes inspirantes dans leur domaine d’activité, il existe pléthore de choix. Et même en interne, ne passez pas à côté de talents que vous avez près de vous, qui ont sûrement envie de partager aussi leurs expériences, notamment lors d’ateliers collaboratifs à mettre en plus.
Nous avons gardé volontairement en dernière la question du pourquoi, le fameux « why » mais appliqué ici à la veille. Pourquoi en faire ? Si la réponse peut tomber sous le sens, se mettre à jour, être à la page, ça peut être également plus subtil que cela. Prendre du temps pour tester des outils, en se demandant comment les implémenter dans notre Stack de travail, ouvrir de nouvelles fonctionnalités et voir si elles peuvent résoudre un problème ou vous faciliter la vie. Gain de temps au quotidien mais aussi plus de suggestions dans l’évolution de notre produit/service. Faire de la veille permet aussi de ne pas se laisser dépasser par ses concurrents, qui auraient déniché une opportunité avant vous, ou de ne pas lasser vos utilisateurs, faute de proposer quelque chose dans l’ère du temps.
Mais faire de la veille c’est aussi gratifiant, apprendre de nouvelles choses, se pas se reposer sur ses compétences acquises, même si bien entendu vos expériences ont de la valeur. Dans certains secteurs plus que d’autres, comme le numérique, si l’on s’en tient à ce que l’on a appris en cours et qu’on ne met pas à jour les logiciels, les possibilités, les attentes, les méthodologies, en moins de deux ans votre connaissance devient obsolète. Retourner sur les bancs de l’école après si peu de temps peut s’avérer frustrant.
Une possibilité est de transmettre à son tour, pas forcément dans un cadre académique, ce peut être dans le cadre de déjeuners d’équipe, d’ateliers ou de conférence partagée ou chacun parle d’une nouveauté qui lui tient un coeur. Une bonne manière de favoriser le partage et l’interaction. Et transmettre induit une pression relative, d’avoir plus de connaissances que celui à qui on les enseigne, ce qui force aussi à être parfaitement à jour.
Pour continuer à progresser dans son poste, ne pas s’ennuyer dans ses fonctions, rester innovant, la veille s’impose comme un moyen essentiel.
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Structurer, organiser et exploiter efficacement sa veille
La veille est une pratique essentielle pour rester informé et anticiper les évolutions de son domaine. Pour qu’elle soit efficace, elle doit être bien structurée et intégrée dans son quotidien sans devenir une contrainte.
Tout commence par le choix des bons outils. Les agrégateurs de contenu comme Feedly, Pocket ou Inoreader permettent de centraliser les articles et suivre facilement des sources variées en un seul endroit. Pour recevoir directement les tendances les plus pertinentes sans avoir à les chercher, les newsletters spécialisées comme TLDR Tech, The Hustle ou Magma offrent une sélection d’informations ciblées. En parallèle, les réseaux sociaux et communautés professionnelles sur Twitter, LinkedIn, Discord ou Slack facilitent le suivi des experts et l’échange avec d’autres professionnels, permettant ainsi de capter rapidement les signaux faibles et les nouvelles tendances. Une fois ces informations collectées, il est essentiel de les organiser efficacement pour éviter l’effet « pile d’articles non lus ».
La structuration des contenus passe par plusieurs bonnes pratiques. Utiliser des catégories et des tags permet de segmenter l’information selon des thématiques précises, rendant la recherche plus fluide. Par exemple, dans Notion, on peut créer des labels comme « Tendances UX », « Nouveaux outils » ou « Études de cas » pour retrouver facilement ses insights. Prendre des notes synthétiques permet non seulement d’assimiler plus rapidement les informations, mais aussi de les réutiliser facilement. Construire une base de données centralisée sur Notion, Airtable facilite le stockage et l’exploitation des contenus collectés. Enfin, instaurer une revue hebdomadaire ou mensuelle aide à faire le tri et à ne conserver que les informations réellement pertinentes.
Une veille bien menée apporte de nombreux bénéfices dans un cadre professionnel. Elle permet d’anticiper les tendances et d’identifier les innovations avant qu’elles ne deviennent mainstream, offrant ainsi un avantage concurrentiel. Elle éclaire la prise de décision en fournissant des insights concrets et récents, tout en optimisant les processus internes grâce à la découverte de nouvelles méthodes et technologies. Elle permet aussi d’explorer au-delà de son périmètre habituel, d’élargir sa réflexion et de stimuler la créativité. Enfin, en favorisant les échanges internes et le partage de découvertes, elle alimente des discussions enrichissantes et renforce l’intelligence collective au sein d’une équipe.
L’un des freins majeurs à la veille reste le manque de temps. Pourtant, elle peut être intégrée de manière fluide dans un quotidien chargé en adoptant quelques astuces simples. Profiter des « micro-moments » – comme lire une newsletter en prenant son café, écouter un podcast en voiture ou regarder une vidéo informative en cuisinant – permet d’optimiser son temps sans effort. Structurer sa veille en sessions dédiées via la technique du batch processing aide à éviter la surcharge d’informations et à maintenir un suivi régulier. Le partage et la veille collaborative sont aussi des solutions efficaces : échanger des ressources dans un groupe de travail ou un canal Slack dédié permet à chacun de bénéficier des découvertes des autres sans devoir tout explorer seul. Enfin, automatiser la collecte d’informations grâce aux flux RSS, aux bots Discord ou aux outils comme Zapier permet de recevoir directement les contenus les plus pertinents, libérant ainsi du temps pour l’analyse et l’exploitation des insights.
Une veille bien organisée et bien intégrée ne se limite pas à une accumulation de connaissances, elle devient un levier stratégique et un moteur d’innovation, à la fois pour l’évolution professionnelle et la créativité au quotidien.
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Quand la veille sort du cadre professionnel et gagne la sphère personnelle
Mais même si à première vue dans ce début d’article, nous avons réalisé un focus sur la veille dans le cadre de son travail, il est tout à fait nécessaire d’élargir nos réflexions à une veille globale de la société, à travers des sujets sociaux et sociétaux, économiques, innovations etc. Veille professionnelle et veille personnelle peuvent de plus facile s’interconnecter.
C’est en quelque sorte un devoir de sentir les évolutions de l’environnement autour de nous, de s’informer des nouvelles pratiques, de ce qui sort et qui révolutionnera peut être notre vie. Bien sûr, selon le métier que l’on exerce au quotidien, cela peut nous être plus utile. Evoluant pour notre part au quotidien dans le secteur du numérique, nous sommes forcément plus enclins à nous intéresser au variations et températures du monde autour de nous.
Pour ceux qui sont de nature curieuse, c’est passionnant de voir les évolutions du monde actuel et d’anticiper les changements qui pourraient avoir lieu. Evidemment nous restons dans le temps du conditionnel car analyser les signaux ne nous donnera jamais la vision exacte du futur. Mais si l’on regarde à l’échelle mondiale, ces vingt dernières années ont été tellement riches, nos modes de vies ont été chamboulés, l’humanité entière est prise dans un tournant technologique qui lui-même a permis des révolutions sociétales. Nous nous devons de nous tenir informés et de prendre en compte les attentes générées.
Dans un laps de temps aussi court à l’échelle d’homo sapiens, il est évident que des crispations peuvent se faire sentir de part et d’autres, mais justement, faire de la veille sur ces sujets là aussi permet d’anticiper de futurs désaccords au sein de la société, dans le sens latin de « communauté ».
« Faire de la veille » et « être en veille »
Si faire de la veille, donc effectuer la démarche de se renseigner, d’écouter, de comprendre est essentielle nous l’avons vu, à la fois personnellement et professionnellement, être en veille, même si c’est un état plus passif, est aussi nécessaire.
Temporisons ici car « être en veille » donc se mettre dans un état de veille, rester ouvert, vigilant, n’est pas vivre dans la peur du FOMO, littéralement « Fear of Missing Out », la peur de rater quelque chose d’important si nous ne sommes pas à ce moment là, à cet endroit précis. Or, nous constatons aujourd’hui beaucoup trop de personnes, les yeux rivés à leur téléphone, qui scrollent les actualités, les évènements, les représentations. Certes, ils sont alors tout à fait au courant de ce qu’il s’est passé, des films à voir, des concerts à ne pas louper, des sons à écouter. Mais attention à ne pas tomber dans l’écueil de la frénésie d’informations pour l’information. Nous sommes déjà abreuvés en permanence au point de virer à l’infobésité chez certains.
Faire de la veille c’est plus subtil que cela, c’est sourcer ses informations, mais surtout prendre le temps de les comprendre, de les analyser, de les mettre en parallèle avec d’autres, que nous avons vues ou entendues. C’est un temps long, celui de la digestion par notre cerveau, celui de la réflexion aussi, qui n’aboutit pas forcément immédiatement. Les connexions arrivent parfois à l’instant où l’on s’y attend le moins, mais in fine celui que notre cerveau aura jugé le plus propice, loin de l’injonction à la productivité que nous impose notre boulimie de news.
Pour ainsi dire, faire de la veille ne se résume pas à une accumulation frénétique d’informations, c’est un processus qui doit être pensé avec intention. Structurée et bien organisée, elle permet d’anticiper les évolutions, d’élargir ses horizons et de nourrir sa créativité. Mais au-delà du cadre professionnel, elle participe aussi à une meilleure compréhension du monde et de ses transformations.
Parfois, c’est en laissant infuser les informations, sans pression immédiate de productivité, que naissent les idées les plus innovantes. Finalement, la veille n’est pas juste une habitude de travail, c’est une posture intellectuelle, un état d’esprit curieux et exploratoire qui, bien entretenu, devient un puissant moteur d’évolution.
Finalement est-ce que faire de la veille et laisser infuser nos savoirs un temps, sans pression, ne serait-ce pas une ode à la créativité ?
À lire également : Comment le storytelling renforce la prise de décision et favorise la collaboration au sein d’une équipe
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