Pour des raisons variées qui touchent tout autant à leur vie personnelle qu’à leur évolution de carrière, les femmes sont de plus en plus nombreuses à faire le choix de l’indépendance dans le milieu du conseil. Il faut dire que le secteur a longtemps fait figure de mauvais élève en matière de mixité. Au fil du temps, certains cabinets ont donc mis en place des politiques pour favoriser l’éclosion et la promotion des talents féminins. On y constate pourtant encore l’existence d’un plafond de verre au travers duquel les consultantes ont du mal à passer. Pour celles qui ont accumulé une certaine expérience, l’indépendance s’impose parfois comme une évidence, suite à la sollicitation d’un client. Mais la possibilité de se mettre à son compte séduit également de plus en plus de jeunes femmes qui souhaitent retrouver la main sur leur carrière.
Faire éclater le plafond de verre
Le monde du consulting conserve une empreinte majoritairement masculine. Sa structure patriarcale et ses mentalités managériales ont souvent laissé pour compte la carrière de femmes pourtant méritantes. Si les jeunes diplômées se lancent plus facilement qu’auparavant dans le conseil, on observe qu’elles sont encore peu nombreuses à parvenir en haut de l’échelle.
Après quelques années d’expérience en cabinet, beaucoup de consultantes témoignent de l’existence d’un plafond de verre. Avec ou sans projet d’enfants, leur carrière stagne souvent au grade de manager, contrairement à leurs homologues masculins. L’une des causes que l’on peut avancer est la forte dimension politique qui règne au sein des cabinets, souvent négligée ou sous-estimée par ces femmes. Il est frappant d’entendre, par exemple dans le cadre d’événements organisés par les réseaux féminins, combien refuser d’entrer dans ce jeu peut se révéler pénalisant pour elles, malgré leurs compétences.
D’autre part, l’effet de cooptation joue sans doute moins en leur faveur que pour les hommes. Cela demande en effet une implication assez forte et du temps personnel consacré à entretenir son réseau, ce qui n’est pas toujours évident lorsqu’on a une vie de famille et la « charge mentale » associée. Certaines femmes ont vu, à l’occasion d’une maternité, des portes se refermer pour la simple et bonne raison que beaucoup d’événements stratégiques du point de vue internes sont organisés… en soirée.
La carrière qu’elles veulent !
Briser « le plafond de verre » : c’est donc l’une des raisons pour lesquelles le consulting au féminin s’est déporté vers le marché du travail indépendant. Les consultantes disposant déjà d’une certaine expérience se donnent la possibilité de tracer la carrière qu’elles souhaitent en termes de missions, de rythme ou de rémunération. À la carte.
Être consultante indépendante procure un sentiment de liberté en offrant la possibilité de choisir ses missions et ses clients. En cabinet, une mission est assignée, jamais choisie.
Cela leur donne également la possibilité de s’exprimer de manière plus directe, sans souci de préserver les intérêts commerciaux d’un cabinet.
L’indépendance procure d’autres avantages notamment en termes de rythme de vie comme l’opportunité de continuer à progresser et d’évoluer avec un meilleur équilibre entre vies professionnelle et personnelle.
Les avantages sont également financiers. Faire le choix de quitter la structure traditionnelle du cabinet, c’est aussi choisir de s’affranchir des grilles de salaires et de ne plus dépendre d’une éventuelle promotion en fixant librement ses tarifs.
Des profils plus juniors et toujours aussi confiants
Si le marché des indépendants se féminise, il se rajeunit en parallèle. Auparavant, l’indépendance attirait presque exclusivement des consultantes aux profils très seniors, fortes d’une expérience de 15 à 20 ans en cabinet. Ces femmes – le plus souvent en fin de carrière – emportaient aisément avec elles leurs carnets d’adresse, leur méthodologie et leurs clients. Pourtant une autre tendance émerge : on observe ces dernières années l’arrivée de profils relativement juniors, des consultantes qui décident de se lancer en indépendantes après seulement quelques années passées en cabinet.
Ce qui les rassemble, c’est le tempérament entrepreneurial de ces femmes qui décident de quitter une structure rassurante pour prendre en main les rênes de leur carrière. Toutes affichent une belle confiance en elles, de la rigueur ainsi que des qualités relationnelles et de la flexibilité. Dotées de leur bagage technique, faisant preuve d’un leadership assumé les consultantes indépendantes sont finalement les garantes d’un « empowerment » féminin.
L’augmentation du nombre d’indépendants est bien plus qu’une tendance : un mouvement qui remodèle profondément la société, en répondant aux aspirations des uns et des autres. Mais exercer le métier de consultante en se mettant à son compte peut également être un moyen pour les femmes de déjouer les obstacles qu’elles peuvent rencontrer sur le chemin du salariat.
Par Sophie Voruz, Directrice des Ressources Humaines de Colibee
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