Après la bienveillance et le bonheur, la créativité retient l’attention des docteurs ès « futur of work ». Les études se suivent, ne parviennent pas toujours aux mêmes résultats, mais s’accordent sur un point : les métiers évoluent et un certain nombre d’activités rémunérées sont susceptibles d’être automatisées dans les années à venir. Face à ce constat, deux réactions : craindre la disparition pure et simple d’un nombre non négligeable d’emplois, ou(et) commencer à repenser dès aujourd’hui la manière de travailler. Et pourquoi pas être optimiste ? Menée dans six pays, l’étude Steelcase/Harris mise tout sur les créatifs et donne la parole aux employés.
« L’automatisation du travail est une chance pour l’entreprise car elle permet à la créativité de s’exprimer. » Beatriz Arantes, psychologue et chercheure pour le hub européen de Steelcase, en est persuadée, « le travail qui restera quand tout sera automatisé sera créatif ». Si la créativité est notre salut, va-t-on voir se multiplier les profils créatifs en entreprise ?
Pour comprendre ce qu’en pensent les salariés, Steelcase et Harris Interactive ont mené l’enquête auprès de près de 5 000 employés dans six pays : France, Allemagne, Japon, Espagne, Royaume-Uni et Etats-Unis. Résultat, la définition même de la créativité varie en fonction des individus, de leur âge. Si 40% des répondants la considèrent comme étant une expression artistique, 60% d’entre eux « adoptent une vision moderne de la créativité », indique l’étude. Pour eux, c’est aussi une manière nouvelle de résoudre des problèmes.
Les employés semblent être les premiers à déployer des trésors de créativité au quotidien ou de manière hebdomadaire (74%) et ils ne sont que 14% à indiquer ne jamais la laisser s’exprimer. Dans l’entreprise, 55% des personnes interrogées sont insatisfaites car elles souhaiteraient avoir plus d’occasions d’être créatives.
Comme de nombreuses notions que l’on voit émerger dans l’entreprise, comme la bienveillance ou l’intelligence collective, la notion n’échappe pas au fossé générationnel. Ainsi, les générations Y et Z déclarent être plus créatives… et prévoient que le degré de créativité requis dans le cadre de leur fonction diminuera rapidement dans les années à venir.
Penser différemment
« Les freins à la créativité viennent d’un modèle d’entreprise très classique », souligne Beatriz Arantes, « avec des process, une structure, une hiérarchie, une logique industrielle de l’organisation du travail des cols blancs… »
En effet, l’étude montre que les principaux obstacles à la créativité sont le processus organisationnel (37%), et les charges de travail (36%) qui empêchent les salariés de penser les choses différemment. Autre problème, « les espaces de travail sans âme » (20%) et la technologie dépassée (20%) sont de sérieux obstacles.
« Les salariés ont besoin de plus de flexibilité », remarque la chercheure. « Mais les organisations ne sont pas prêtes. » Pourtant, les chefs d’entreprise ont conscience à 61% que leur entreprise n’est pas assez créative. Pour encourager les esprits créatifs, les entreprises peuvent transformer les espaces de travail, l’intégrer dans le processus décisionnel, fluidifier les échanges entre les salariés et la direction…
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