Après les mesures économiques, les entreprises font face à des questions opérationnelles et stratégiques d’importance pour gérer et dépasser la crise actuelle, d’autant que l’incertitude quant à sa résolution incite les entreprises à se montrer particulièrement réactives et agiles. Hors, toutes n’ont pas cela par défaut dans leur ADN et sont alors appelées à ré-imaginer leur activité et ont besoin de compétences expertes pour viser vite et juste.
Selon une enquête de la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME) publiée le 17 avril dernier, 55% des dirigeants de PME redoutent la faillite à cause de la crise liée au coronavirus.
La majeure partie des entreprises interrogées a en effet connu une baisse significative de son chiffre d’affaires en mars et connaît de plus des retards de paiement. Ces difficultés se répercutent également sur la capacité des PME à payer leurs propres fournisseurs, ce qui fragilise d’autant plus les filières et le tissu économique national. La trésorerie fond comme neige au soleil. Grâce aux aides de l’Etat, la plupart ont pu trouver un soutien auprès de leur banquier et obtenir un prêt pour faire face à ces difficultés immédiates. Les dirigeants se retrouvent au four et au moulin, écopant leur barque comme ils peuvent pour éviter la noyade ou le naufrage.
Les premières mesures de l’Etat sont avant tout des mesures financières pour parer au plus urgent et maintenir en vie les entreprises afin de favoriser une reprise dans les meilleures conditions, en évitant autant que possible les faillites. Il reste aux dirigeants à tenir bon dans la tempête (ou l’œil du cyclone ?). Le manque de visibilité et les incertitudes quant à une reprise sont toutefois bien présents et entament le moral. Outre les aides économiques, les dirigeants peuvent peiner à trouver des soutiens plus opérationnels. Tous ne sont pas préparés en effet à gérer ce type de situation et peuvent se trouver dépassés ou perdus, oppressés par les impacts économiques et sociaux de cette crise, mais aussi par la remise en question de leur activité même.
A ce niveau, quelques relais émergent, voire prolifèrent. Plusieurs sociétés de conseil et institutions proposent des webinaires ou de petites formations pour transmettre des clés de survie, des idées, ou proposer simplement du soutien. Les experts comptables, les avocats ont été les premiers mis à contribution des PME pour les aider à franchir les premières difficultés. Nombre de ces acteurs ont diffusé à leurs clients et leur réseau des guides pour communiquer au mieux sur les démarches à réaliser pour bénéficier des aides économiques et sociales diverses.
Dorénavant, une fois l’urgence traitée (comme on a pu), ce sont les questions organisationnelles qui se posent, mais aussi les questions de fond, celles qui touchent à la raison d’être des entreprises, leur modèle économique, leur positionnement. Il est plus difficile de trouver des soutiens efficaces sur ces questions en cette période. Et pourtant, le succès du rebond dépendra fortement de ces réflexions et des décisions qui auront pu être prises pour assurer « l’après » et tirer profit des leçons apprises.
Sur ces considérations, il semble par exemple que les entreprises qui avaient déjà engagé une transformation profonde de leur modèle, en intégrant notamment le numérique dans leurs offres et leur processus, s’en sortent mieux que celles qui n’avaient pas engagé ces réflexions. La période est donc sans doute propice à étudier ce qui semble fonctionner pour les uns et d’évaluer l’opportunité d’intégrer quelques bonnes pratiques organisationnelles ou de nouveaux modèles dans sa façon de faire.
Sur ces problématiques, des professionnels de divers horizons proposent aussi leur aide aux PME. Capitaliser les bonnes pratiques de plusieurs secteurs permet d’accélérer le temps de réflexion pour se plonger au plus vite dans l’action, l’expérimentation et la mise en place de solutions. Parmi ces observatoires, nous pouvons citer le Think Tank Bpifrance Le Lab, un groupe de travail élargi à un collectif d’experts, qui travaille depuis 2017 sur la transformation des PME et ETI à l’ère du digital. Des outils méthodologiques sont disponibles en open source sur le site du collectif (fast-digital-pme.fr), notamment des check-lists permettant aux dirigeants d’identifier les actions à conduire selon leur situation. Quelle que soit leur situation, à l’arrêt, en activité partielle ou sous tension logistique, les entreprises y trouveront des idées sur différents axes stratégiques : maintien de l’offre de l’entreprise et de la relation clients, performance de l’organisation, appui sur l’écosystème, et bien sûr les finances.
Outre les difficultés imposées, cette période de crise met donc en avant des élans de solidarité, tous azimuts (parfois redondants et donc mal coordonnés, compte tenu du contexte), au niveau de notre tissu économique national. De nombreux professionnels se mobilisent aux côtés des entreprises pour les aider à franchir le cap et contribuent ainsi, à la hauteur de leurs compétences, à la mise en place des meilleures conditions pour favoriser la résistance puis la reprise d’activité des PME. Attention toutefois, l’enfer étant pavé de bonnes intentions, restez vigilants quant à la qualité des conseils gratuits que vous obtenez en cette période. Même en temps de crise, le bénévolat a ses limites et la qualité se paie.
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