BUSINESS | BNP Paribas, Danone, Carrefour, L’Oréal ou encore Alstom sont toutes des enseignes que nous fréquentons au quotidien. Comme 35 autres entreprises françaises, elles font partie du cercle très fermé des « boites du CAC 40 ». Leur chiffre d’affaires se compte en dizaines de milliards d’euros et leur influence dépasse nos frontières. Comment sont managés ces mastodontes? Quelles stratégies adoptent-ils pour rester competitifs ? Enquête.
Depuis 1987, les entreprises du CAC 40 ont subi des changements en réponse aux fluctuations économiques, aux évolutions technologiques et aux crises financières. Les tribulations de ces géants du paysage industriel tricolore sont suivies de près par les investisseurs, les analystes financiers et les médias du monde entier. De par leur exposition et leur prépondérance sur le marché international, les 40 entreprises qui composent cet indice sont confrontées à des enjeux complexes, tels que la gestion managériale d’un nombre très élevé d’employés, celle des risques financiers et opérationnels et l’adaptation aux changements réglementaires et économiques.
Les sociétés du CAC 40 ont également une grande responsabilité envers leurs actionnaires, leurs clients, leurs employés et la société en général. Ces 40 entreprises ont les capitalisations boursières les plus élevées de notre pays, ce qui rend l’entrée dans l’indice de référence très convoitée. Outre le fait qu’il doit obligatoirement y avoir une entreprise sortante, pour qu’une autre puisse intégrer cet indice prestigieux, les entreprises doivent remplir des critères stricts. Eliane Rouyer-Chevalier, experte en finance et membre du conseil d’administration de Legrand, rappelle que « l’appartenance au CAC 40 est déterminée par la capitalisation boursière, la liquidité des actions, la transparence et la conformité aux normes réglementaires ». Ces entreprises ont pour objectif de générer des revenus et de réaliser des bénéfices « en fixant des politiques de prix et en rémunérant leurs collaborateurs, leurs investisseurs et actionnaires. Elles réalisent en moyenne 80 % de leur chiffre d’affaires à l’international et ont une présence importante dans plusieurs pays, ce qui leur permet de s’adapter aux spécificités locales et de mieux répondre aux attentes des clients ». Une grande partie de leur capital, entre 40 et 45 %, est également détenue par des investisseurs étrangers.
La gestion d’une entreprise du CAC 40 diffère considérablement de celle d’une entreprise plus petite et plus traditionnelle. Sa stratégie est élaborée en interne par les dirigeants et soumise au conseil d’administration pour validation.
Des plans de com rigoureux
La relation avec les actionnaires est un aspect crucial de la gestion d’une entreprise du CAC, car ils ont un intérêt financier direct dans les décisions prises par les dirigeants. « Cette relation repose sur la communication régulière et transparente de la stratégie de l’entreprise, de ses résultats financiers, de ses projets d’investissement et de sa gouvernance. Les actionnaires, représentés par le conseil d’administration, ont un rôle de supervision et de validation de la stratégie proposée par les dirigeants de l’entreprise, et peuvent influencer certaines décisions importantes par le vote en assemblée générale. »
Ces entreprises ont un rôle important dans la représentation de la France à l’étranger et contribuent à relayer l’image que les autres pays ont de la France. « Leur image a un impact important sur leur valorisation car elles sont des marques connues et reconnues non seulement en France, mais aussi à l’étranger. » La communication et l’image des entreprises du CAC 40 sont des domaines que Patricia Goldman, PDG de l’agence de conseil en communication du même nom, maîtrise parfaitement depuis plus de vingt-cinq ans. Selon elle, « les stratégies de communication de ces entreprises sont extrêmement précises et minutieuses. Elles sont très attentives aux messages qu’elles diffusent et aux canaux de communication qu’elles utilisent, car chaque publication peut avoir des répercussions significatives sur leur réputation. »
Les grandes groupes ont des plans de communication rigoureux pour maximiser leur impact. « Aux équipes de communication internes, nous recommandons de travailler par séquence lorsque nous avons des messages à faire passer, pour être plus impactants et vraiment visibles dans l’abondance médiatique. Pour cela nous sélectionnons les supports de communication appropriés, en définissant la stratégie et les éléments de langage. Il faut jouer sur l’hyper-proximité, d’où l’importance de la PQR et parler au plus grand nombre. »
En plus de la presse traditionnelle, les réseaux sociaux sont des accélérateurs importants pour la communication de ces grandes entreprises. « Les réseaux sociaux sont les principaux indicateurs de l’image de l’entreprise. Dans le bon sens comme dans le mauvais, car lorsqu’un papier est bon, on voit la communauté réagir et grandir. En cas de problèmes ou de mauvais articles, l’information se propage rapidement aussi. » Dans la gestion de telles crises, Patricia Goldman donne une réponse précise : « Nous essayons de les voir venir pour minimiser les dégâts et préparer le plan de bataille derrière. Et lorsque ça arrive, la réponse doit être rapide, précise et surtout honnête. »
L’enjeu du dialogue social
Avec des chiffres d’affaires qui se comptent en milliards d’euros, les entreprises du CAC 40 emploient des dizaines de milliers de salariés et ont un impact majeur sur l’économie du pays. Pour maintenir leur compétitivité, elles doivent être capables d’optimiser le travail de leurs équipes. Benoît Serre, vice-président de l’ANDRH et directeur des ressources humaines de L’Oréal France, explique que « la gestion des ressources humaines est toujours relativement dépendante de la situation économique. Plus l’entreprise est grosse, plus la gestion des ressources humaines sera importante et plus les moyens diffusés seront élevés. Ce sont donc aux plus grandes entreprises de montrer l’exemple de la responsabilité sociale. » Benoît Serre souligne que la gestion efficace de la masse salariale réside dans l’adaptation au lieu et au contexte culturel de l’entreprise. « Cela nécessite une logique de process interne claire pour assurer une équité de traitement des collaborateurs. » Cependant, cet objectif reste un défi de taille pour les entreprises du CAC 40 qui doivent s’adapter aux cultures et législations locales dans les pays où elles opèrent, « bien que certaines d’entre elles tentent d’adopter une approche cohérente pour tous les employés, notamment en ce qui concerne l’accès à la santé. Il est impossible de proclamer qu’un sujet puisse être traité de la même façon partout dans le monde ».
Le dialogue social est également un enjeu majeur dans les entreprises du CAC 40, car il facilite l’entente entre les employeurs et les employés pour améliorer les conditions de travail et les résultats de l’entreprise. Pour Benoît Serre, « il n’y a pas de différence fondamentale entre le dialogue social dans les entreprises du CAC 40 et celui des entreprises hors de cet indice. Les différences sont plutôt liées à la culture et à la manière dont le sujet est abordé, plutôt qu’à la taille de l’entreprise ».
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