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Christopher Guérin, DG de Nexans : « Economie, environnement et engagement doivent être pensés ensemble »

Nexans
Christopher Guérin, CEO de Nexans © Eric Malemanche - Encre Noire

Résolument vert. Protagoniste majeur de l’industrie du câble sur la scène internationale, Nexans entend dessiner un monde plus durable. Des enjeux de la RSE pensés au cœur de la stratégie et des principes à sa fondation, Nexans prend pleinement place dans un monde davantage énergétique et responsable.  Interview du directeur général, Christopher Guérin, autour du leadership. 

 

Qu’est-ce que l’on attend d’un dirigeant ? 

Christopher Guérin : Qu’il redonne de la perspective ! Au moment de l’annonce du début de la crise du Covid-19, nous avons diffusé un film, que nous avons mis 9 mois à bâtir qui a rappelé nos racines et notre héritage de 120 ans d’existence. Malgré les crises, cela a eu beaucoup de résonance au sein du groupe qui a des racines et des valeurs. Il s’agit de le ramener vers des avenirs clairvoyants avec des visions à long terme et l’apport d’une trajectoire stratégique. 

 

Justement, qu’en est-il dans ces crises, périodes de rupture ? 

C.G. : Les crises sont des sources d’opportunités de changement. Elles redonnent une perspective à long terme et du sens. C’est le rôle de la société dans la Société en engageant, par exemple, l’électricité décarbonée. 
J’ai été marqué par Les Transformations silencieuses de François Jullien et, ainsi, par la pensée chinoise qui est continue et organique. Peu importe l’événement qui se déroule, chaque événement est une opportunité. Un moyen de s’adapter. 

 

S’adapter et anticiper…

C.G. : Avec David Dragone, directeur des ressources humaines, RSE et communication de Nexans, nous étions, en janvier 2020, dans l’une de nos usines en Chine. Nous y avons alors mis en place les protocoles sanitaires. En France, alors qu’on ne parlait uniquement d’une gripette, nous avons  commandé des masques et mis en place ces protocoles en février. Nous avons également effectué une analyse de la crise sanitaire de 1968 liée à la grippe de Hong Kong et la crise financière de 2008 en croisant ces deux moments. Nous avons alors défini que la crise pandémique serait longue, jusqu’à la fin 2021 tant qu’il n’y a pas d’immunité collective. Nous avons déployé chez Nexans un triptyque face à la crise : anticiper, organiser et protéger.

 

En quoi l’état d’esprit des protagonistes est-il important ? 

C.G. : Nous sommes dans l’hypervolatilité avec des dettes climat très lourdes. Nous devons repenser le mode managérial alors qu’il n’y a que très peu de documentation à ce sujet mettant en avant l’environnement dans les décisions du quotidien.

 

 Qu’en est-il de la performance avec la crise sanitaire ?  

C.G. : Nous sommes en train de mettre en place un nouveau modèle de pilotage de la performance avec des activités ayant un équilibre sain sur trois indicateurs : économie, environnement et engagement. Les paramètres doivent être pensés ensemble et non dans un corridor de nage. Il s’agit de penser de manière holistique en cherchant à trouver le bon équilibre entre les trois vecteurs. Il importe d’apprécier l’impact de la performance plus que de la norme.

 

Comment penser cette performance ? 

C.G. : Nous créons le 2.0. de la performance de demain. Il n’y a pas d’âge pour les managers pour se réformer; c’est l’énergie et la volonté d’apprendre qui importent. La curiosité est cruciale. On ne sait pas, on apprend, on tente, on essaie, on change. L’entreprise de demain se doit d’aplanir les pyramides et casser les silos. Chez Nexans en 2018, nous avons enlevé deux niveaux de hiérarchie au top management. Le Comex de Nexans n’a jamais été aussi proche du terrain.

 

Comment cela se traduit-il dans vos démarches ? 

C.G. : La performance d’aujourd’hui s’appuie sur un équilibre et une responsabilité qui ne sont pas uniquement financiers. Ils sont porteurs de sens pour l’engagement des collaborateurs. L’environnement est bien notre objectif. Le message que je passe est d’ailleurs : ‘ pensez à vos enfants’. Pensez à l’héritage que vous laisserez.

 

Comment, en tant que dirigeant, agissez-vous en responsabilité ?

C.G. : Elle a lieu dans les actes et avec les personnes que l’on côtoie. C’est la responsabilité d’un dirigeant qui est un acteur majeur de la transition énergétique producteur d’énergie verte. 

 

Quels sont les enjeux pour les entreprises pour prendre leur place dans la vie de la cité ? 

C.G. : Avoir un ancrage sociétal qui est fort. S’inscrire dans l’émergence talents et la diversité, en faisant venir des personnes d’autres environnements. Je me bats contre le conformisme et l’immobilisme. Parce que les entreprises souffrent de silos, l’enjeu de demain consiste à travailler en équipe, à développer des compétences au service d’un plus grand objectif et d’une raison d’être. C’est une question fondamentale. 

 

Quel rôle joue l’apprentissage ? 

C.G. : Dans un monde de l’hyperinformation, il faut savoir faire des pauses pour se régénérer et se recentrer. Un recul qui élève. Il est important de travailler son intuition. Le manager de demain est apprenant. C’est le monde des apprenants qui fera le monde de demain.

 

La décision d’agir se doit de se conjuguer au présent. 

C.G. : Un nouveau monde demande un nouvel état d’esprit. Avant on avait le temps de changer, maintenant on a urgence à agir. Profitons de cette crise conjoncturelle pour en faire un vrai changement structurel. Si en 2022, on revient sur les principes d’avant, cela signifie que l’on n’aura rien compris. Il est fondamental de repenser le risque climat et d’engager l’entreprise en ce sens.

 

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