Il était l’une des stars de la Finale nationale des Territoires des Trophées « Les femmes de l’économie ». Ses sujets de prédilection : l’art, le leadership et l’innovation. Rencontre avec Christian Monjou, professeur agrégé, amateur d’art et conférencier HEC Paris.
Le vendredi 2 décembre 2016, il a fait une apparition remarquée à la Finale nationale des Territoires des Trophées « Les femmes de l’économie », à Paris. Une heure de conférence, en préambule de la remise des prix, qui lui a valu une standing ovation de toute l’assemblée de l’Hôtel Potocki.
Professeur agrégé d’anglais, enseignant-chercheur à Oxford, conférencier chez HEC Paris et professeur en classes préparatoires de Khâgne au lycée Henri IV, Christian Monjou est aussi un grand amateur d’art. Une passion qu’il met parfois au service des entreprises, à travers ses conférences enivrantes et passionnantes.
A l’écran, des œuvres d’art : tableaux, photos, portraits. Au micro, Christian Monjou. Sans presque jamais reprendre son souffle, l’amateur d’art étale son discours de près d’une heure, illustré et rythmé par un parfait choix d’images. A première vue, cela ressemble à une initiation à la lecture des œuvres. Et pourtant, ses mots ne sont portés que vers deux notions : le leadership et l’innovation.
Christian Monjou enchaîne les exemples. Ceux de ces artistes, de leurs processus de création et des résultats que leurs travaux ont générés. A travers ces modèles, il fait passer un message aux dizaines de leaders et managers de la salle : maximiser l’innovation de vos collaborateurs. Comment ? En leur laissant la possibilité de s’exprimer et leur offrant le confort de le faire.
Son élégante éloquence, sa vaste culture et ses anecdotes croustillantes font de la conférence un spectacle passionnant et accessible. En témoigne la série de questions qui a mis fin à une leçon qui aurait facilement pu durer une heure de plus.
5 questions à Christian Monjou
- En quoi consistent vos conférences ?
Je travaille sur quatre sujets principaux : le leadership, l’innovation, la crise et la gestion en temps de crise, et les modèles décisionnels.
Le leader n’a pas à être innovant, il doit rendre les autres innovants. C’est en rapport avec ce qu’on appelle l’ « entreprise libérée ». Cette innovation doit être repérée, accompagnée et valorisée par le leader. Grâce à son intervention, même les propositions les plus simples peuvent prendre de l’importance.
- A qui s’adresse ce discours ?
Je suis plutôt au contact des managers et des leaders. Il est rare que je m’adresse à toute l’entreprise. Pourtant, ces notions sont stimulantes pour les collaborateurs, qui ont des réservoirs d’innovation auxquels ont fait trop peu appel.
Il s’agit de rendre les gens, leader et collaborateurs, actifs. Le leader met en jeu, lui aussi, sa créativité. Au fond, ce que je fais avec l’art, c’est ce que les leaders devraient faire avec leurs collaborateurs : montrer, expliquer des attitudes créatives et provoquer le même genre de processus. Ce à quoi je sers, c’est à déclencher les choses.
- Et cela donne de bons résultats ?
On m’a déjà dit gentiment qu’il y a eu des choses qui ont bougé. Certains managers m’ont dit avoir vu des résultats étonnants, des entreprises où on essaie de s’encourager les uns les autres. Je suppose, j’espère que mes interventions servent à quelque chose. Mais si ça ne marche pas, ce n’est pas la faute de l’art, c’est de la mienne.
Ce que je dis se passe plus facilement dans les petites structures, type start-up, car c’est plus facile à appliquer en petit groupe. Pourtant, qu’il manage 15 ou 800 personnes, le but du leader est de générer de l’engagement à l’intérieur de l’entreprise.
- Le support de l’art n’est donc pas trop éloigné du monde de l’entreprise ?
Je m’intéresse aux images depuis plus de cinquante ans. Elles sont libératrices. Elles font appel à l’imaginaire. Ce qui est intéressant avec l’art, c’est de montrer les gestes. On s’en prive dans l’entreprise. Souvent, les collaborateurs voient comment faire ces gestes, mais personne ne le leur demande jamais.
- Ce type de pensée pourrait-il permettre de réduire les inégalités entre hommes et femmes dans l’entreprise ?
Il y a dans le féminin, par rapport au masculin, des choses qui fonctionnent différemment. L’art va vers l’intuition, le sensible, la créativité. Des domaines pour lesquels la réception des femmes est très forte. Or les hommes qui restent entre eux sont moins intuitifs et créatifs. Les femmes ont plus de souplesse et d’agilité, et les entreprises qui n’en profitent pas se mettent en danger.
Thibaut Cojean
Journaliste
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