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Chris Myers : De Meilleur Ami A Leader

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Chris Myers est cofondateur et CEO de la société BodeTree. Il s’est fait connaître par la publication du livre Enlighted Entrepreneurship, dans lequel il donne sa vision d’un management efficace en entreprise. Pour Forbes.com et Forbes.fr, il témoigne de la manière dont-il est passé de chef meilleur ami de ses salariés mais innéficace, en un leader qui a réussi à tirer de chacun de ses collaborateurs le meilleur d’eux-mêmes.


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Chris Myers, CoFondateur et CEO de la société BodeTree. Auteur de « Enlighted Entrepreneurship ».

Au début de ma carrière, j’ai travaillé pour un manager qui masquait difficilement le mépris qu’il éprouvait pour ses employés. Peu importe ce que vous faisiez, il n’était jamais satisfait. Comme le moral de l’équipe en pâtissait, je passais de plus en plus de temps à essayer de le comprendre. Au final, je n’ai jamais réussi à déterminer pourquoi il se comportait comme ça.

L’expérience a laissé son empreinte sur moi. Des années plus tard, lorsque j’ai créé BodeTree, je me suis promis d’être un patron qui n’aurait pas ce genre de comportement. Je voulais créer un environnement professionnel où mes collaborateurs se sentiraient capables, appréciés et heureux de faire partie de cette équipe.

Essayant ardemment de ne pas reproduire l’environnement toxique que j’avais connu, j’ai finalement été trop loin dans l’autre direction. Je voulais absolument être l’ami de mes équipiers, ce qui m’a encouragé à éviter les conflits, ne plus savoir exprimer clairement ce que j’attendais d’eux et finalement faillir à ma tâche de manager.

Heureusement, j’en suis venu à la conclusion que les employés ont besoin d’un leader et pas d’un ami.

Le Leader ne doit pas ‘impliquer personnellement

Le leadership c’est un peu comme la parentalité. Vous pouvez être un parent qui leur donne tout ce qu’ils désirent. Vous agissez comme si, en les couvrant de cadeaux, ils vous aimeront plus.

Le véritable amour que vous devez inspirer doit venir de ce que vous avez transmis en tant que parent. Vous avez formé votre enfant pour qu’il devienne un adulte honnête, respectable et capable de réussir ce qu’il entreprend. Cela requiert de la discipline, du dévouement et de prendre des décisions difficiles. Si vous voulez le meilleur pour votre enfant, vous devez agir d’abord comme des parents, ensuite comme des amis.

La même logique s’applique lorsque l’on manage une équipe. En tant que chef, c’est agréable lorsque l’équipe semble détendue. Vous êtes perçu comme un patron « cool ». Cependant, comme être parent, être un manager requiert plus que tout ça. Vous ne pouvez pas aider votre équipe à grandir, devenir mature et performante en la poussant dans la bonne direction.

Si vous n’exprimez pas clairement vos attentes, vous ne poussez pas les gens en dehors de leur zone de confort. Vous ne pourrez pas leur imposer des responsabilités et échouez dans votre rôle le plus important en tant que leader. Essayer d’être le meilleur ami de chacun est fondamentalement un acte égoïste.

Le leadership n’a rien à voir avec votre personne et ne se définit pas par la manière dont vous êtes apprécié. Le leadership, c’est savoir aider les autres à atteindre le meilleur d’eux même. Cela implique de constants efforts de veille des équipes mais en restant professionnels.

Eviter le conflit ne fait qu’empirer la situation

D’habitude, j’apprécie les situations de conflit. Entrer en croisade pour défendre quelque chose qui nous semble juste et nous inspire, c’est galvanisant. Cependant, j’ai tendance à éviter les conflits au bureau. En tant que manager, je préfère laisser le bénéfice du doute à mes collaborateurs et penser qu’ils donnent le meilleur d’eux-mêmes.

Dans les faits, cette approche cause plus de problèmes qu’elle n’en résout. Les équipes font rarement les mauvaises choses volontairement et quand les comportements ne coïncident pas avec les attentes managériales, cela est le plus souvent dû à une incompréhension ou à des différences de perception. De ce fait, éviter les conflits ne résout pas une mauvaise situation, mais au contraire l’aggrave.

Au contraire, ce sont les managers qui doivent clarifier au mieux leurs attentes, même si c’est inconfortable. Par exemple, nous sommes totalement flexibles concernant les horaires chez BodeTree. Si un membre de l’équipe veut travailler de 8h30 à 17h30, ce n’est habituellement pas un problème. Cependant, la nature du travail de certains de mes collaborateurs les oblige à être au bureau dès 8 heure, et ce sans exception.

J’ai eu beaucoup de difficultés à appliquer ces principes par le passé. D’abord parce que j’ai toujours l’espoir que les gens s’adaptent spontanément aux besoins de leur fonction. Ensuite parce que je déteste imposer des normes. Résultat, j’ai évité de donner clairement des règles pendant longtemps: Cette approche est à la fois lâche et inefficace.

Ce dont j’avais besoin, c’était simplement de m’impliquer avec et dans mon équipe. D’expliquer à chacun de ses membres mes attentes, expliquer les situations et mettre en place des objectifs. Les ambiguïtés créées par ma volonté d’éviter les conflits ont simplement mené à plus de confusion et de frustration.

Le leader est solitaire

Les gens croient toujours au modèle pyramidale du leadership dans lequel le roi trône au sommet et est soutenu par des légions de collaborateurs qui cherchent à lui plaire. En fait, le vrai management est comme une pyramide inversée. Les efforts de toute l’organisation ne sont supportés que par une seule personne, le manager.

Il n’y a pas d’échappatoire au fait que le rôle de CEO est fondamentalement un rôle solitaire. Vous n’avez pas de pairs et finissez pas nuire à votre équipe si vous essayez de devenir l’ami de vos collaborateurs. Le management impose d’accorder plus d’importance à l’équipe qu’à l’individualité de chacun et plus d’importance à chacun qu’à soi même. Cela requiert beaucoup de discipline, de courage et aussi des sacrifices.

Si vous faites les bonnes choses pour chacun des individus que vous managez et pour l’équipe dans son ensemble, vous ne serez jamais apprécié de tout le monde. C’est un fait qui va de pair avec la fonction de manager car les employés n’ont pas besoin d’amis, ils ont besoin de chefs.

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