Sous ses airs anecdotiques, la transformation des bureaux est un enjeu hautement stratégique pour les entreprises désireuses de booster leur croissance, recruter et fidéliser les meilleurs talents. Cette évolution managériale ne peut plus se limiter au réaménagement de l’open-space ou encore à la démocratisation du télétravail. Focus sur un espace stratégique des bâtiments tertiaires, forcément symbolique et souvent perfectible : le rez-de-chaussée. Par Mathieu Gémon.
Cessons d’ironiser sur le baby-foot et la plante verte : il faut agir
Le management évolue sans conteste, portant au pinacle le bien-être au travail, l’innovation collaborative et l’adaptation aux nouveaux besoins des collaborateurs. D’un côté, on retrouve des entreprises encore débutantes en la matière, celles qui n’ont pas encore dépassé le stade du babyfoot, de la corbeille de fruits ou du cours hebdomadaire de yoga. De l’autre, des organisations qui engagent des politiques de Qualité de Vie au Travail (QVT) bien ficelées, dans une dynamique poussée d’équilibre entre performance économique et épanouissement des collaborateurs. Dans les deux cas, certains initieront des changements plus ou moins affirmés concernant les bureaux et leurs usages, prenant en compte le nomadisme croissant des collaborateurs mais surtout la nécessité de se sentir le plus à l’aise possible sur son lieu de travail. Alors on réaménage les espaces, on change le mobilier, on propose des bulles de détente… c’est bien, mais pas assez. La révolution managériale ne s’opérera pas sans révolution immobilière, autrement dit, sans une transformation profonde des environnements de travail.
Optimiser pour mieux s’adapter
Avec 25% de mètres carrés mal ou sous-utilisés dans les bâtiments tertiaires, les responsables d’entreprises – et c’est encore plus vrai pour les grands groupes – ont tendance à percevoir leurs locaux comme une contrainte : excessivement coûteux, peu flexibles et inadaptés aux nouveaux usages. Du côté des collaborateurs, le rapport au poste de travail évolue à grande vitesse : les espaces qui les accueillent se doivent d’être au service de leurs objectifs et de se transformer en environnements énergisants, humains et performants. Un défi s’impose donc aux entreprises, qu’elles décident d’innover en améliorant les espaces existants ou de disrupter en repartant d’une page blanche. Quoi qu’il en soit, elles doivent redonner un usage à chaque mètre carré inexploité, multiplier les services proposés aux collaborateurs et de (re)faire croître le taux d’occupation des bâtiments.
Une transformation physique, digitale et humaine au cœur du rez-de-chaussée
Un bâtiment performant et humain, prêt à faire face aux nouveaux modes de travail et aux nouvelles attentes des collaborateurs, pourrait être divisé en trois zones distinctes et complémentaires : une « life zone » qui offrirait un accueil et lieu de vie stimulant, ouvert, serviciel et créateur d’énergie ; une « share zone » espace de corpoworking où les maîtres mots seraient partage, collaboration et créativité et une « core zone », espace confidentiel où se retrouveraient les collaborateurs de l’entreprise pour créer, communiquer et se retrouver. C’est bien au rez-de-chaussée du bâtiment que tout commence, au cœur de cette « life zone » de l’entreprise. Trop souvent sous-estimé ou sous-exploité, cet espace est pourtant le miroir d’une société, un lieu d’accueil et de rencontres qui n’a rien d’accessoire. Il doit s’imposer comme un milieu ouvert, propice aux échanges, à la convivialité et aux services (conciergerie, café-coworking, réception de colis personnels, etc.). Zone de passage obligatoire, la « life zone » doit être la première source de baisse de la charge mentale du collaborateur qui y vit une expérience dès l’entrée dans le bâtiment. Pour l’animer et garantir son efficacité, de nouveaux métiers émergent, à l’instar de l’opérateur et de l’hospitality manager, qui veillent au confort des occupants, valorisent et diffusent la culture de l’entreprise. Ils sont les garants d’une qualité de vie et d’usage optimale au sein du bâtiment et aident le lieu de travail à devenir un véritable lieu de vie serviciel. Tel un lobby d’hôtel, intégrant les codes du retail, la « life zone » offre à l’ensemble de ses résidents une atmosphère et une énergie incomparables.
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Par Mathieu Gémon, co-fondateur de Dynamic Workplace
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