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Ces 8 bonnes raisons de revenir au bureau

La période de confinement étant à présent derrière nous, la majorité des entreprises demandent à leurs salariés de revenir travailler sur site. Mais cela ne semble pas être au goût de certains qui rechignent à revenir au bureau.

 

Plein de bonnes raisons sont évoquées : peur de contracter le virus, pénibilité du temps de trajet, meilleur équilibre entre vie privée et professionnelle ou encore mésentente avec des collègues qu’on ne veut plus côtoyer.
Cette situation inédite a permis de goûter à de nouvelles formes de travail et il est parfaitement compréhensible que beaucoup ne veulent pas y renoncer. C’est un peu comme si on vous avait montré ce qu’était un smartphone, que vous avez pu l’utiliser et qu’on vous le reprenait pour vous redonner un Nokia 3310.
S’il est indéniable que le confinement a développé l’égocentrisme et l’individualisme, il n’est pas dans l’intérêt des personnes de ne plus revenir au bureau. C’est d’ailleurs ce que déclarent 74% des Français qui, s’ils souhaitent conserver quelques jours en télétravail, aspirent à retrouver leurs collègues[i].
Pourquoi est-ce si important de revenir travailler sur site ? Tout simplement parce que l’épanouissement et le développement d’un être humain repose en grande partie sur sa relation aux autres. C’est d’ailleurs ce qui différencie l’Homo Sapiens de ses ancêtres. D’après l’anthropologue Stanley H. Ambrose, l’évolution de l’être humain repose sur sa faculté à apprendre au contact en partageant de l’énergie (le corps), des émotions (le cœur) et des raisonnements (le cerveau).

 

Partager les énergies (le corps)

  • Développer la confiance en soi et sa sociabilité

Ressentez-vous les mêmes sensations lorsque vous assistez à un concert que lorsque vous écoutez de la musique chez vous ?
Saviez-vous que c’est principalement au contact des autres que l’être humain développe de l’ocytocine, substance chimique à l’origine de la sensation d’amitié, d’amour, de générosité, d’entraide, d’appartenance et de confiance mutuelle profonde. Selon Mark Ellenbogen, professeur en psychologie, plus vous passez de temps avec d’autres personnes, moins vous êtes timide, plus vous gagnez en confiance (en vous et aux autres) et développez votre sociabilité.
Les personnes privées d’interactions sociales ne peuvent développer une dose suffisante de cette hormone, ce qui les freinent dans la construction de relations solides, entraine un repli sur soi et augmente la méfiance envers les autres.
Les vertus de l’ocytocine sont telles qu’Eric Hollander, psychiatre américain, a administré des doses de cette hormone à des adultes atteints d’autisme et constaté une réelle amélioration dans leurs rapports aux autres.
Par conséquent le fait de ne pouvoir ressentir, sentir l’autre et de le voir rarement et partiellement peut être à l’origine de sentiments d’anxiété, de méfiance et d’attitudes égoïstes, ce qui va à l’encontre de la raison d’être d’une entreprise.

 

  • Développer sa performance

Être au contact des autres permet de bénéficier de leur énergie « positive » lorsque l’on est en énergie basse ou démotivé. Ce phénomène est d’ailleurs présenté sous le terme de « Facilitation sociale ». Selon Norman Triplett et Ernst Meumann, psychologues américains, la simple présence d’autrui, en situation d’audience passive ou de coaction, a un effet bénéfique sur la motivation et les performances d’un individu.

 

  • Éviter le surmenage

En début d’année 2021, 45% des télétravailleurs ont jugé que leur charge de travail était plus importante qu’en présentiel[ii] et 34% déclaraient se sentir épuisés[iii]. Ce surmenage serait-il provoqué uniquement par le travail à distance ?
Avant de répondre à cette question intéressons-nous aux conclusions de l’anthropologue Rahaf Harfoush sur l’évolution du rapport au travail des individus concernant les activités cognitives. Selon elle, le surmenage déclaré par de nombreux professionnels des métiers du savoir serait dû à une inadaptation de la durée du travail quotidienne héritée de l’ère industrielle. Notre cerveau ne serait pas fait pour réaliser en continu des activités sur une longue durée, contrairement aux activités manuelles.
Si beaucoup de salariés se plaignent d’incessantes interruptions lorsqu’ils travaillent sur site, elles semblent pourtant nécessaires pour permettre au cerveau de se recharger régulièrement. Si la diminution du nombre d’interruptions et de sollicitations imprévues en télétravail « chez soi » est appréciée, elle a pour effet de ne pas nous interrompre dans nos activités ce qui serait l’une des origines de la fatigue qui nuit à la performance.
A cela s’ajoute l’image que nous renvoient nos idoles (Steve Jobs, Elon Musk…) qui nous assènent que le secret de la réussite est de travailler dur et longtemps, qui fait que nous ne nous octroyons pas de temps de pause.
Les pauses cigarettes, les discussions de couloir ou à la machine à café, outre le fait de créer et de maintenir du lien, semblent par conséquent nécessaires pour éviter le burn-out.

 

Partager des émotions (le coeur)

  • Faire des rencontres

Après les études et les évènements entre amis, le travail est un des principaux lieux de rencontre.
En décembre 2020, 55% des Français déclaraient souffrir de l’altération du lien avec leurs collègues[iv]. Quand on leur demande ce qui leur manque le plus depuis l’apparition de la pandémie, 73% déclarent « Discuter de vive voix avec des collègues », 68% « Déjeuner entre collègues » et 62% « Boire un verre après le travail »[v].
Il est par conséquent erroné de considérer que l’entreprise se résume à un lieu d’expression uniquement professionnelle. Bien au contraire, elle représente, pour 67% des Français, un espace de vie privée hors de la famille[vi].
Non seulement 93% des salariés estiment que l’on se fait des amis au travail parmi les collègues[vii] mais l’entreprise est également l’un des principaux lieux pour faire des rencontres amoureuses (29% des français avouent avoir eu un coup de foudre au bureau[viii] et 14% témoignent y avoir rencontré leur conjoint[ix]).
Venir au bureau c’est aussi élargir son réseau relationnel, faire de nouvelles rencontres mais aussi provoquer des opportunités professionnelles par le biais d’échanges informels qui ne peuvent avoir lieu en télétravail et lorsque l’on travaille toujours les mêmes personnes.

 

  • Préserver des liens solides

8% des Français aimeraient travailler à 100% chez eux[x] et certains estiment même inutile de voir leurs collègues en visio. Si l’appétence pour la solitude et l’isolement se respecte, l’entreprise est-elle en mesure d’y répondre favorablement ?
Privilégier le télétravail « chacun chez soi », voire le généraliser à temps plein présente plus d’inconvénients que de bénéfices. Tout d’abord, cette forme de travail ne répond pas aux principales motivations de la majorité des salariés à savoir le sentiment d’appartenance et la relation avec les collègues, même si ces besoins deviennent moins importants du fait de la montée de l’individualisme selon de récents sondages.
Mais laisser les salariés travailler de manière isolée sans contacts physiques pourraient avoir de lourdes conséquences pour l’entreprise, dont celle de déshumaniser les relations.
Dans sa célèbre expérience ayant pour but d’analyser le phénomène de soumission à l’autorité, Stanley Milgram a découvert que plus les gens deviennent abstraits pour nous (parce que nous ne les voyons pas et ne les connaissons pas) plus nous sommes capables d’avoir des comportements hostiles à leur égard. Quand nous ne pouvons observer les conséquences de nos décisions sur les autres, nous devenons totalement indifférents aux autres parce que notre priorité est de satisfaire nos besoins.

 

  • Eviter les risques de mauvaise interprétation sources de tensions

C’est bien connu, l’avis que nous avons sur l’autre est davantage dû à l’interprétation que nous faisons de sa gestuelle (55%), de la tonalité et du débit de sa voix (38%) que des mots utilisés (7%).
Il n’est déjà pas évident d’interpréter correctement ce que nous voyons lorsque nous sommes en contact avec une personne alors on imagine aisément la conséquence que cela peut avoir d’une altération de nos filtres sensoriels à hauteur de 100% concernant la kinesthésie, 80% le visuel et environ 20% de l’auditif. 
Lorsqu’un être humain n’a pas accès à toute l’information pour lui permettre de se forger un avis, il a tendance à interpréter négativement la situation. Ce mécanisme cognitif, intitulé le « biais de la négativité » est une réaction de notre cerveau pour se prémunir d’un danger lorsqu’il ne perçoit pas toute la réalité.
Une relation à distance de longue durée peut par conséquent être à l’origine de mauvaises interprétations de comportements ou d’intentions d’autrui et déclencher des tensions qui n’existeraient probablement pas en présentiel.

 

Partager des avis, des idées (le cerveau)

  • Favoriser l’inspiration et l’idéation

S’il n’est pas forcément nécessaire d’être à plusieurs pour imaginer des idées, le travail en groupe a pour avantage d’être plus enthousiasmant mais aussi plus riche du fait de la stimulation de la pensée de chacun par les idées et les réactions des autres.
Selon Edward de Bono, fondateur de la « pensée latérale », la résolution d’un problème ou la recherche d’idées innovantes est facilitée lorsque 6 angles de vue sont mobilisés, à savoir l’approche analytique, l’intuition, la critique, l’optimisme, l’idéation et le relativisme. Difficile pour une seule personne de jouer ces 6 rôles et la réalisation de cet exercice à plusieurs à distance s’avère extrêmement compliqué.
Preuve que l’innovation est un processus collaboratif, 80% des brevets de l’entreprise 3M, l’une des sociétés les plus innovante du monde, ont plus d’un inventeur. D’ailleurs, la création du « Post-it » n’est pas le fruit d’une seule personne mais de Spencer Silver qui a trouvé une formule d’adhésion très faible alors qu’il cherchait à développer un adhésif très fort et qui, au lieu de jeter son résultat à la poubelle, l’a partagé au cas où cela pourrait intéresser un de ses collègues. C’est ce qui se produisit quelques années plus tard. Art Fry s’en souvint et imagina utiliser cette formule pour pouvoir marquer les pages de sa partition.
Rester chez soi c’est un peu comme limiter son champ de vision. S’enfermer limite l’imagination de nouvelles idées issues bien souvent d’occasions fortuites (partage d’informations informelles avec d’autres personnes, exploration de nouveaux horizons…), sans compter que l’inspiration ne nait pas souvent dans des réunions dédiées mais partout, à tout moment.

 

  • Faciliter l’apprentissage

Les enseignements à distance via des solutions digitales sont-ils autant efficaces qu’en présentiel ? Si le fait de pouvoir acquérir des connaissances à son rythme, où l’on veut et quand on le veut peut présenter des avantages, beaucoup de retours d’expériences semblent démontrer que ces modes d’éducation présentent de nombreux inconvénients.  Ils nécessitent un plus fort engagement individuel, fatiguent les yeux mais surtout ne permettent pas d’acquérir correctement des compétences cognitives complexes et comportementales.
Par ailleurs, le « Cône d’apprentissage » proposé par Edgar Dale met en avant que l’apprentissage actif (expérimentation, simulation) permet de retenir, après 2 semaines, 70% à 90% de ce qui a été vécu alors que l’apprentissage passif (lire, regarder une vidéo) ne permet de retenir qu’entre 10% de ce que nous avons lu et 50% de ce que nous avons entendu.
L’apprentissage en présentiel, sur la base de simulations, d’échanges entre participants et d’expérimentation s’avère donc nettement plus efficace lorsqu’il s’agit d’acquérir de nouveaux savoir-faire et savoir-être.
Outre ces bénéfices, n’oublions pas qu’un salarié qui signe un contrat de travail avec une entreprise rejoint un collectif, sinon c’est un indépendant.

 

 

[i] Sondage Opinion Way – 06/2021

[ii] Sondage Odoxa – 03/2021

[iii] Sondage Les Echos – 04/2021

[iv] Sondage Ifop – 12/2020

[v] Sondage Harris Interactive – 02/2021

[vi] Sondage YouGov – 05/2021

[vii] Sondage OpinionWay – 2013

[viii] Sondage Opinion Way – 2015

[ix] Sondage Ipsos – 06/2018

[x] Sondage Idop – 12/2020

 

<<< À lire également :  Donner envie de revenir au bureau ? Et si l’on créait des espaces « qui prennent soin » ? >>>

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