Le burnout est résolument un problème mondial, et la révolution des talents (alias, la grande démission) est peut-être la meilleure preuve que la situation est loin d’être idéale dans le monde du travail.
Le burnout (ou épuisement professionnel) n’est pas nouveau, et les cas de burnout sont un peu plus nombreux chaque jour. Pourquoi ce syndrome est-il encore un problème aujourd’hui, et quelles mesures peuvent être prises à ce sujet ? Des solutions existent, que ce soit à l’échelle des employés, des dirigeants ou des entreprises, pour repenser le monde du travail et réinventer les entreprises.
Toutefois, il est essentiel de s’interroger d’abord sur l’importance des problèmes.
Le burnout est un syndrome très répandu
Le burnout se traduit par un sentiment d’épuisement ou d’isolement, le sentiment d’être pris au piège dans un emploi, sans possibilité d’évolution. Ce syndrome se caractérise également par le cynisme et le sentiment d’inefficacité. En outre, burnout et dépression sont de plus en plus liés.
Aucun pays n’est épargné. Selon une nouvelle étude réalisée par Asana, portant sur plus de 10 000 travailleurs intellectuels dans sept pays, environ 70 % des personnes interrogées affirment avoir fait un burnout l’année dernière.
D’un point de vue générationnel, 84 % des personnes interrogées faisant partie de la génération Z font état de burnout, contre 74 % pour les millenials et 47 % pour les baby-boomers. Selon une autre étude réalisée par McKinsey, 25 % des membres de la génération Z, 13 % des millenials, 13 % de la génération X et 8 % des baby-boomers ont déclaré se sentir en détresse émotionnelle avec un faible niveau de bien-être.
À l’échelle des genres, l’étude d’Asana montre que 67 % des femmes interrogées font état de burnout contre 59 % des hommes. En outre, dans l’ensemble, 63 % des employés affirment avoir fait un burnout et, malheureusement, 40 % des travailleurs estiment que le burnout est un élément inévitable si l’on veut réussir.
Par ailleurs, une étude menée par Deloitte et Workplace Intelligence dans quatre pays a révélé que les travailleurs étaient confrontés à divers problèmes liés au burnout et au bien-être :
- 43 % des travailleurs ont déclaré être toujours ou souvent épuisés ;
- 42 % des travailleurs ont déclaré être stressés ;
- 35 % des travailleurs ont déclaré être débordés ;
- 23 % des travailleurs ont déclaré être déprimés.
Le burnout est nocif
Un burnout n’est jamais simple à gérer et ses effets sont nocifs pour les entreprises. En effet, selon l’étude d’Asana, lorsque les travailleurs sont victimes de burnout, ils sont également plus susceptibles d’avoir le moral au plus bas (36 % des personnes interrogées), d’être moins engagés (30 % des personnes interrogées), de faire plus d’erreurs (27 % des personnes interrogées) et du mal à communiquer (25 % des personnes interrogées).
Les travailleurs faisant un burnout sont également plus susceptibles de quitter l’entreprise (25 % des personnes interrogées). De plus, selon l’étude Deloitte/Workplace Intelligence, 47 % des employés ont déjà démissionné par le passé lorsqu’un emploi nuit à leur bien-être et 57 % envisagent de démissionner pour trouver un emploi qui favorise davantage leur bien-être.
Repenser et réinventer le monde du travail
Avec toutes les données sur le burnout, il est possible de trouver des solutions et de réagir de manière proactive pour accroître le bien-être des employés et avoir un impact positif sur les entreprises.
- Créer du sens
L’un des antidotes les plus puissants au burnout est le sens du travail. Les entreprises et les dirigeants peuvent aligner les passions des employés sur leurs responsabilités autant que possible, et rappeler aux employés comment leur travail contribue à leurs collègues et à la vision de l’entreprise dans son ensemble. En outre, les dirigeants peuvent s’assurer qu’ils offrent de nombreuses possibilités de croissance et de développement de carrière. Enfin, ils peuvent reconnaître et apprécier chaque travail, renforçant ainsi l’importance de chaque personne et de sa contribution.
La recherche montre également l’importance sur la satisfaction au travail du temps passé en dehors du travail. Ironiquement, lorsque les travailleurs sont plus heureux dans leurs activités en dehors du travail, ils ont tendance à ressentir plus de joie au travail également. Les entreprises peuvent donc veiller à ce que les employés disposent d’une flexibilité suffisante pour profiter de leur temps libre, tout en évitant une culture de surmenage et en veillant à ce que les employés puissent faire une pause durant les week-ends ou les vacances sans être stigmatisés.
- Créer un sentiment d’appartenance
Les êtres humains ont besoin de contacts et ils n’y ont pas accès actuellement, que ce soit au travail ou en dehors. L’étude Deloitte/Workplace Intelligence a révélé que 24 % des travailleurs se sentent seuls et une autre étude de BetterUp a montré que 22 % des travailleurs n’ont même pas un seul ami sur leur lieu de travail. Selon cette étude, 69 % des personnes interrogées ne sont pas satisfaites du nombre de liens sociaux qu’elles ont au travail.
Les entreprises peuvent donc créer des opportunités pour que les employés se réunissent au sein de groupes d’affinité ou d’intérêt commun, ou bien pour qu’ils travaillent au-delà des frontières des départements de la société. Les « happy hours » ou le travail bénévole collaboratif sont d’excellentes solutions pour renforcer l’esprit d’équipe, mais ce qui marche encore mieux, c’est de créer un sentiment d’appartenance par le biais de projets et d’objectifs communs. Les employés peuvent ainsi travailler ensemble pour inventer un nouveau produit, résoudre un problème ou apprendre ensemble.
- Créer un leadership
L’une des principales raisons pour lesquelles les employés quittent une entreprise est leur supérieur. Les dirigeants ont un impact considérable sur l’expérience professionnelle. Les entreprises doivent proposer aux dirigeants des moyens de développement afin qu’ils puissent faire évoluer leurs approches du travail hybride ou de nouvelles méthodes de travail, et qu’ils modèlent de bonnes pratiques en prenant soin de leur propre bien-être.
Les dirigeants sont également plus efficaces lorsqu’ils communiquent bien, avec transparence et clarté, même lorsqu’ils ne peuvent pas fournir de certitudes. Les meilleurs dirigeants sont ceux qui inspirent et responsabilisent leurs employés.
Les dirigeants contribuent également à des expériences positives au travail lorsqu’ils font preuve d’empathie et de compassion. En fait, l’étude d’Asana montre que 51 % des travailleurs ne se sentent pas à l’aise pour parler de leur burnout à leur supérieur. Une autre solution consiste à favoriser des relations ouvertes et partagées avec les membres de l’équipe.
Le leadership exige de plus en plus un travail émotionnel. Ainsi, soutenir les dirigeants et développer leurs compétences leur sera favorable. C’est également une bonne chose pour tous les travailleurs concernés par leur emploi.
- Créer des soutiens
En plus de mettre en relation les employés avec un travail, des collègues et des dirigeants, les entreprises peuvent également réduire le burnout en veillant à ce que les politiques, les pratiques, les processus et les lieux de travail soutiennent les employés. L’étude d’Asana montre que 22 % des travailleurs ont l’impression d’avoir trop de travail et que 13 % d’entre eux déclarent avoir des difficultés à cause de processus peu clairs, de trop de réunions ou de délais imprécis. Selon l’étude Deloitte/Workplace Intelligence, 30 % des personnes interrogées ont déclaré avoir une charge de travail importante.
Les entreprises ont tout intérêt à veiller à ce que le travail soit réparti de manière équitable et raisonnable, et à ce que les processus permettent d’accomplir les tâches efficacement et de résoudre les problèmes de manière constructive. Il est également important que les salaires, les avantages et les politiques soutiennent l’ensemble des travailleurs.
- Créer une perspective
Une autre solution pour réduire le burnout est de gérer la manière de penser au travail. Malheureusement, le travail est devenu synonyme de corvée, mais en réalité, le travail est une occasion d’exprimer ses talents et ses compétences et de contribuer à la communauté. En outre, il est important de réaliser qu’aucun emploi n’est idéal. Il y aura toujours des aspects d’un travail qui vous plairont davantage, et d’autres qui vous plairont moins : ce n’est pas grave.
Peu importe à quel point vous aimez un emploi, vous ne serez pas toujours heureux. Il est naturel de connaître des hauts et des bas. Parfois, vous vous sentirez au sommet, et d’autres fois, le travail sera particulièrement difficile et stressant.
Si vos attentes sont trop élevées, il sera impossible de répondre aux attentes, et la dépression ainsi que le burnout peuvent alors se manifester. Il est préférable d’être réaliste et de comprendre que le travail aura des hauts et des bas. Les employés, les dirigeants et les entreprises peuvent modifier leur propre culture pour apprécier l’opportunité de travailler et de contribuer, tout en sachant que tout ne sera pas toujours parfait.
En résumé
Le burnout atteint aujourd’hui des proportions incroyables, mais il est possible d’espérer mieux. Comprendre les données et la gravité de l’insatisfaction au travail est un pas important vers la création d’un meilleur avenir pour le travail.
Article traduit de Forbes US – Auteure : Tracy Brower
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