Le sommeil est selon l’Ayurvéda l’un des trois piliers de la santé. Corollaire : bien dormir est crucial pour bien manager.
La science moderne admet que les troubles du sommeil entraînent des baisses en cascade : baisse de la vigilance, de l’attention, de la concentration, de la mémorisation, de l’apprentissage, de la motivation, du climat social, de l’ambiance au travail, de la créativité, de la productivité et enfin des performances professionnelles. Le manque de sommeil accroît aussi le taux d’absentéisme[1], le ‘turn over’ des employés ainsi que le taux d’accidents du travail et d’accidents sur le trajet domicile-entreprise. La Prévention Routière reconnaît que la somnolence au volant est la première cause d’accidents mortels sur autoroute. Les effets sur la santé sont tout aussi dévastateurs : le manque de sommeil chronique (ou le sommeil de mauvaise qualité) engendre obésité, diabète, maladies cardiovasculaires, complications respiratoires, troubles psychologiques, psychiatriques et neurologiques. Le ronflement, signe d’une potentielle apnée du sommeil, est encore plus néfaste. Il favorise hypertension, maladies cardiaques, baisse de la libido…. accidents du travail, arrêts maladies (deux fois plus que la moyenne) et absentéisme (2,5 fois plus).
A l’évidence, la productivité est indissociable de la qualité du sommeil. Les recherches scientifiques montrent en effet que le manque de sommeil chronique ou que le sommeil de mauvaise qualité affectent la productivité et l’innovation. Loin d’être un épiphénomène, le problème touche de plein fouet l’ensemble du monde du travail. Ainsi, dans les entreprises, 20 à 40% des salariés se plaignent de la qualité de leur sommeil. Plus d’un employé sur deux estime que son problème de sommeil occasionne au moins une nuisance dans le cadre de son travail. Le manque de sommeil aggrave le stress qui empêche à son tour de dormir. Or, le coût du stress pour les entreprises est loin d’être négligeable. Il se chiffre en milliards d’euros chaque année. Nombre d’entreprises ont compris ces enjeux et tentent d’y porter remède. Certaines importent des solutions déjà testées au Japon, aux Etats-Unis, au Canada ou dans les pays scandinaves. La démarche est tours la même : s’attaquer au stress, et par contrecoup, aux problèmes de sommeil. Exemple parmi d’autres, plusieurs groupes ont adopté le « rire en entreprise ». Nul doute que l’humour exercé au quotidien sur le lieu de travail aide à limiter le stress. Sa pratique régulière a des effets positifs. Elle est pourtant loin d’être une panacée, au moins parce que le rire ne peut être pratiqué de manière autonome par un salarié isolé dans son bureau ou dans le métro.
D’autres entreprises ont adopté la sieste. C’est le cas au Japon où nombre d’entre elles disposent de salles dédiées à la sieste. En France, les entreprises se montrent encore très réticentes. Le groupe Orange a franchi le pas en créant une salle de sieste dans ses locaux lyonnais. Idem pour le cabinet PriceWaterhouseCooper. Les startups et les PME sont plus ouvertes. « La sieste permet de rattraper une partie de la ‘dette de sommeil’ et d’être performant plus longtemps » affirme le Dr Eric Mullens, responsable du laboratoire du sommeil à Albi. Vingt minutes de sieste apportent un gain de productivité d’une à deux heures sur une journée de travail selon une étude britannique. La pratique est courante dans les métiers qui épuisent rapidement. Les pilotes d’avions ou les grands sportifs la pratiquent régulièrement. Bill Gates est, on le sait, un adepte convaincu de la sieste. «Le fait d’instaurer un système de sieste dans l’entreprise est en tous points bénéfique» affirme Christophe Petiau, neurologue spécialisé dans ce domaine. Autre spécialiste du sommeil, Renato Colamarino estime que les professions à risques et les métiers soumis au stress tireront avantage d’une sieste de 15 minutes après le déjeuner, moment où la vigilance est susceptible de baisser. La NASA s’est également penchée sur le sujet. Ses études montrent qu’une sieste de 26 minutes augmente les performances de 34 % et la vigilance de 54 %. Dans de nombreux pays, la sieste est pratiquée discrètement, à titre individuel… alors que la Chine en a fait un droit constitutionnel. Mao Tse Toung a institué cette pratique « afin d’améliorer la productivité des classes laborieuses ».
Malgré des résultats indéniables, ces approches restent partielles. Elles n’adressent pas les causes profondes des difficultés du sommeil ainsi que le fait l’Ayurvéda. Celle-ci considère qu’en cas de déséquilibre, tout manager est susceptible de souffrir de troubles du sommeil en rapport avec les désordres propres à sa constitution ayurvédique (voir à ce sujet https://www.forbes.fr/management/layurveda-une-connaissance-millenaire-au-service-du-manager/). Ainsi, un manager de constitution Vata aura du mal à s’endormir si son Vata est déséquilibré. Un manager de constitution Pitta tendra à se réveiller entre 22H00 et 2H00 du matin, signe d’un déséquilibre du dosha Pitta. Un manager de constitution Kapha aura du mal à se réveiller le matin si son Kapha est perturbé. Les troubles du sommeil résultent directement du déséquilibre des doshas. S’ils retrouvent l’équilibre par une alimentation et un mode de vie appropriés, le sommeil redevient réparateur. Aux Etats-Unis, rompant avec la croyance selon laquelle ‘il faut travailler dur pour réussir’, ce qui engendre de longues journées de travail et beaucoup de stress, de nombreux managers du secteur de la finance[2] accordent depuis quelques années la priorité à leur repos. Bien dormir et bien méditer deviennent les fondements de leurs performances.
L’Ayurvéda estime que l’étape cruciale pour une bonne nuit de sommeil est la phase d’endormissement. Les conseils généraux qu’elle prodigue s’appliquent à toutes les constitutions. Ainsi, pour favoriser l’endormissement, il convient avant tout de respecter les cycles de la journée. L’Ayurvéda découpe la journée de 24H en six cycles de quatre heures régis successivement par les doshas Vata, Kapha et Pitta. Le cycle Kapha du soir, qui va de 18H00 à 22H00, apporte une certaine « lourdeur » qui facilite l’endormissement. C’est pourquoi il est important d’aller se coucher avant 22 heures. La personne qui lutte contre cette « lourdeur » afin de voir la fin d’un film risque de perdre ce « premier sommeil » et de se retrouver pleinement éveillée au milieu du second cycle Pitta de la journée (22H00 à 2H00). Ce second cycle Pitta incite à l’activité. Pas étonnant alors que la personne ait plus de mal à s’endormir après 22H00. Toujours selon l’Ayurvéda, le premier sommeil est de meilleure qualité car il permet aux trois doshas de s’équilibrer naturellement, ce qui influence à long terme la croissance de la longévité.
[1] Le taux d’absentéisme double pour les personnes souffrant de troubles du sommeil.
[2] C’est notamment le cas à Wall Street où de nombreux managers ont appris la technique de méditation transcendantale.
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