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Avant j’avais des principes, maintenant j’ai des enfants

Ce papier ne s’inscrit pas en psychologie de l’enfant. L’expression mentionnée dans le titre est le prétexte à s’interroger sur les grands principes et leur confrontation à l’action. Cela pose la question de la pertinence des principes dans des contextes contraignants avec l’obligation d’agir et de trouver des solutions. Le parallèle avec la parentalité permet de faire un rapprochement avec des situations de vie concrètes. Tous les managers gèrent des situations d’écart entre des principes et la réalité de l’action qu’il convient de comprendre et maîtriser.

Beaucoup de principes… dans les discours

Cela vous est peut-être déjà arrivé que des personnes vous bombardent de principes avec des phrases du type « tu devrais faire comme cela », « je ne comprends pas que tu ne fasses pas comme cela », etc. Ces injonctions jugées amicales par ceux qui les donnent font souvent référence à des principes et des règles jugées universelles donnant ainsi à ceux qui en font la promotion un rôle de référent. Tout conseil est appréciable mais le jugement extérieur sur le fait de faire d’une certaine manière peut l’être beaucoup moins. Cela dépend de la légitimité de l’émetteur, de la forme employée, de la pertinence du principe par rapport à la situation et de l’actionnabilité de ce même principe pour résoudre le problème à traiter. Le discours sur ce qu’il est bon de faire ou de ne pas faire sera d’autant moins efficace que la situation s’avère urgente et complexe.

Dialoguer avec la complexité

Les théories de la complexité (Edgar Morin) affirment que pour agir sur la complexité il faut dialoguer avec la complexité par l’action et ne pas vouloir la simplifier avec quelques principes généraux. Ce dialogue avec la réalité par l’action consiste à interagir, tester, problématiser, engager des ressources intellectuelles et matérielles pour faire bouger le réel et trouver une solution temporaire et/ou permanente. Ce travail demande un effort et une prise de responsabilités qui nécessite d’être soutenue et non jugée de manière théorique par d’autres qui ne participent pas à l’action. Le jugement n’est aucunement refusé et peut avoir une fonction de régulateur et d’apprentissage.

Le rapport à la parentalité

En gestion du changement, les travaux de Lewin, en lien avec ceux sur l’apprentissage de Piaget et Kolb, avancent l’idée que l’on change lorsque l’on vit une expérience forte qui nous amène à interroger notre existant et à l’envisager autrement. Pour ces auteurs, le changement est pleinement intégré après avoir fait le récit de cette expérience. On parle de dimension expérientielle du changement. Dans le titre, j’ai fait allusion à la situation de parent qui est une expérience quotidienne de vie car nous devons gérer de nombreuses situations et avec le challenge que les principes d’un jour évoluent car les enfants eux-mêmes changent. La parentalité est une expérience forte et renouvelée très régulièrement. Dans ce cadre il y a toujours des proches et des personnes externes pour vous promulguer des principes d’éducation théoriques et généraux que vous pourriez appliquer. La parentalité est un exercice de changement et de contingence. Il faut changer sa manière de voir et d’interpréter le réel et tenir compte du contexte pour agir et trouver des solutions à des problèmes épineux. Un auteur américain Charles West Churchman mentionnait que les processus de simplification ne fonctionnent pas sur ce type de problèmes qu’il nomme « Wicked Problem ». Un problème épineux est difficile tant dans l’analyse que la solution et cela nécessite de nombreuses interactions avec l’environnement. La difficulté de compréhension, l’effort d’investissement et le risque de ne pas réussir font que les principes péremptoires et « donneurs de leçon » ne sont pas la meilleure façon d’aider ceux qui sont au cœur de l’action et qui en ont pris la responsabilité. Comme avec la parentalité « on fait au mieux » pour solutionner, avancer et progresser.

Agir et se regarder agir

Comme le mentionne Pirandello, « il faut marcher dans la rue et être au balcon en train de se regarder marcher ». Les principes et les valeurs sont tout aussi importants individuellement pour avoir une ligne de conduite que collectivement pour faire société. La question posée est celle du moment et de la forme de la transmission de ces derniers. Le temps du balcon est un temps de réflexion et de principes. Par contre le temps de l’action est celui de la résolution et de l’engagement. L’action et les principes se complètent dans la dualité « Faire/Réfléchir sur le faire » qui s’exprime dans la vie privée et professionnelle. Tout manager doit arbitrer entre ces deux impératifs selon les contraintes du moment pour se donner les moyens d’agir et de prendre du recul pour analyser et évoluer dans ses pratiques.

 


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