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Au Baccalauréat, Le Numérique Fera-T-Il De Nouveaux Lauréats ?

Dans quelques jours, 34 700 nouveaux élèves plancheront sur les épreuves du baccalauréat. Au programme, des options classiques comme la littérature, l’histoire ou la philosophie ou, selon les stratégies choisies, des options plus rares comme le persan. Pour ces élèves, l’objectif est simple : faire tout aussi bien que les 88,3% de bacheliers du cru 2018 qui ont obtenu leur précieux sésame d’accès à l’enseignement supérieur. Symbole d’un diplôme déclassé pour les plus conservateurs, victoire de la démocratisation du savoir pour les progressistes, quand bien même 80 000 jeunes continuent de décrocher du système scolaire, la réussite au baccalauréat fait gloser. Remanié plusieurs fois au gré de reformes ministérielles, c’est désormais certain, il laissera une place de choix aux enseignements numériques à la rentrée. Mais pour quel bénéfice ? Le numérique fera-t-il de nouveaux lauréats ? Si les études manquent encore pour établir un lien pertinent entre usage numérique et taux de réussite au baccalauréat, du côté des élèves en revanche, les outils s’invitent comme de bons supports pour présenter et préparer l’examen. Et demain ?

Options rares et lycées provinciaux

Ordinateurs, tablettes, smartphones, wifi, applications numériques essaiment peu à peu les salles de classe lycéennes, sans que l’on puisse pleinement déterminer aujourd’hui leur impact sur la réussite au baccalauréat. Sur le plan pédagogique, le caractère innovant de ces outils fait toujours l’objet de débat dans le corps enseignant qui les adopte de manières encore inégalitaire et irrégulière.

Mais, en dépit du manque d’études ou de comparatifs, les outils numériques sont pourtant présents et disposent d’atouts certains. Ils ont par exemple de quoi contrebalancer une situation compliquée créée par la récente réforme du lycée. Le nouveau baccalauréat prévu pour 2021 a amené dès cette année scolaire de profondes modifications dans l’organisation des cours au lycée ; il n’y a plus, comme auparavant de série en voie générale (du type S, L,…) mais des parcours que chaque lycéen est amené à choisir. Or la politique de la carte scolaire couplée à une métropolisation forte en France désavantage nettement les petits établissements provinciaux au profit des lycées urbains. Tous ne sont pas à même de proposer les 12 enseignements de spécialités et les 7 enseignements optionnels de la voie générale.

En effet, les petits établissements manquent de moyens pour avoir des professeurs spécialisés. Dans ce cas précis, l’apport d’outils numériques tels que les cours en ligne peut permettre aux élèves provinciaux – qui maîtriseraient par exemple des langues rares – de pouvoir présenter et préparer en dépit des fractures spatiales, les stratégies de réussite les plus avantageuses au baccalauréat.

Un bachotage numérique

Plus concrètement, lors des préparations à l’examen, les outils numériques ont été rapidement plébiscités par les élèves. Au regard des écrits, il semble assez loin le temps des fiches Bristol à carreaux jaunes dès qu’il s’agit de bachotage. Le numérique est un facilitateur de prises de notes. Selon un sondage mené par Kartable en 2018, 56% des élèves utiliseraient leurs smartphones pendant les révisions. Plus significatif encore, 53% des étudiants affirment que leurs téléphones sont totalement indispensables dans le cadre de leur scolarité.

Les bénéfices numériques vont au-delà du téléphone portable. Avec les bons outils numériques, comme un ENT pédagogique, par exemple, il est possible d’organiser des visio-conférences entre amis, de communiquer avec l’enseignant via des messageries instantanées, d’accéder à travers les cours mis en ligne par ces mêmes enseignants à des parcours d’apprentissage complémentaires des ouvrages papiers (leçons agrémentées de contenus audio et vidéos, cartographies, frises chronologiques, annales…). Pour les oraux, il arrive aussi que les étudiants se filment, s’enregistrent, partagent les vidéos pour recueillir les avis et s’auto-évaluent.

Demain est un autre bac ?

La numérisation des apprentissages, qu’elle ravisse ou déplaise, est donc bien ancrée. Il n’est pas exclu par ailleurs que le numérique franchisse le pas de l’évaluation. Peu à peu, les examens se dématérialisent. Si bien que demain, le baccalauréat pourrait se passer en ligne et sur tablette.

Au Danemark, il est en tout cas déjà permis de passer le baccalauréat en ligne. Sur une plateforme pédagogique, il est également possible de brider l’accès à Internet, de supprimer les correcteurs orthographiques tout en limitant l’élève au sein du même espace numérique.

Cette dématérialisation des épreuves aurait ses chances telles que ne pas désavantager les élèves qui cumulent des handicaps d’écritures comme la dysgraphie ou la dyspraxie. Elle comporte aussi ses écueils, déshabituer des élèves à l’exercice de l’écriture et renforcer l’exposition aux écrans.

Qu’il facilite la prise de note, qu’il répare des fractures géographiques ou qu’il avantage le bachotage, le numérique répond trois fois présent. Et en cela, il se distingue comme un vecteur de réussite. Mais il ne doit pas être agité à tout va comme solution miracle à tous les maux de l’Education Nationale. Il ne remplacera pas les pédagogies de fond par la forme. Néanmoins, il peut être le petit coup de pouce qui aidera à transformer un élève en bachelier puis en étudiant d’université.

Alain Ecuvillon, Directeur Général d’itslearning

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