La BPCO, un acronyme de 4 lettres en apparence sans impact et pourtant si dévastateur. Il est probable que vous n’en ayez jamais entendu parler. La BPCO veut dire Broncho Pneumopathie Chronique Obstructive et elle touche environ 3,5 millions de français. Ce nouveau fléau touche principalement les femmes, les baby-boomers évidemment, comme le miroir déformant d’une certaine idée de la liberté et de l’émancipation, comme la Cassandre de ce plaisir qu’elles ont pris sans peur et sans reproche : celui de fumer.
La principale cause de la BPCO est le tabac. Aujourd’hui, beaucoup d’entreprises ont choisi d’accompagner leurs collaborateurs vers l’arrêt de la cigarette. Quelles sont les initiatives positives mises en place ? Quel rôle l’entreprise peut jouer afin d’éviter cette maladie silencieuse ?
BPCO : définition et chiffres
Deux millions de Français souffriraient, sans le savoir, de cette maladie bronchique grave, parfois mortelle. Un véritable état d’urgence sanitaire.
En France, pour la seule année 2014, elle a tué près de 18 000 personnes, soit environ cinq fois plus que les accidents de la route. Elle peut être responsable d’un handicap invalidant, d’une réelle souffrance respiratoire, même sans attendre les stades les plus sévères. Malgré sa fréquence (8 % de la population de plus de 40 ans atteinte en France) et ses impacts sur les malades et la collectivité, cette pathologie chronique touchant les bronches est peu familière pour la plupart des Français. Elle est souvent assimilée à une simple « toux du fumeur », alors que 20 % des cas sont dus à d’autres facteurs, notamment les expositions à des poussières ou à des produits chimiques, liées à l’activité professionnelle.
Lutter contre la BPCO est une urgence car le fléau ne cesse de se répandre ! Chez les femmes, la mortalité a augmenté de près de 2 % par an sur vingt ans. La facture s’alourdit également pour le système de santé : le coût des hospitalisations a augmenté de 13 % en cinq ans, pour atteindre un montant de 700 millions d’euros.
Le rôle et les initiatives positives des entreprises
Avant toute chose, il est utile de rappeler le texte de loi qui dispose que « l’employeur prend les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et protéger la santé physique et mentale des travailleurs. » Article L4121-1 Code du Travail (Ordonnance n°2017-1389 du 22 septembre 2017). De fait, les dirigeants et chefs d’entreprise soucieux du bien-être et de la rentabilité de leurs salariés doivent agir car la BPCO à un coût pour les organisations.
En 2009, une étude de l’institut CSA santé a démontré qu’un collaborateur-fumeur qui consomme presqu’un paquet de cigarette prend huit pauses quotidiennes soit environ de 1h20/jour (cf. Oxford University Press). Bien entendu d’autres éléments viennent noircir le tableau pour les entreprises ; comme les arrêts maladie qui sont augmentés dans la population de collaborateur-fumeur. Il y a environ 19% d’arrêt maladie pour les fumeurs dans les six derniers mois contre 11,5% pour les autres. Ces chiffres sont corroborés par les recherches faites par l’Université de l’Ohio. En effet, employer un fumeur entraînerait un surcoût de 4.600 euros par an. Cette perte est notamment due au plus grand nombre de jours d’absence pour maladie.
Ce constat amène des entreprises à réfléchir et à mettre en place des actions pour aider les collaborateurs à arrêter le tabac. De nombreuses initiatives ont vu le jour en France et à l’international. En effet, le BPCO n’est pas qu’un problème franco-français. Il faut imaginer cela à l’échelle mondiale. Par exemple, cette entreprise japonaise spécialisée dans le web qui a accordé 6 jours de congés supplémentaires à ses salariés qui ont arrêté de fumer. Ou encore le groupe Safran qui grâce à son médecin du travail (le Dr Agnès Martineau) a mis en place une prise en charge globale pour des fumeurs décidés à arrêter (sophrologues, diététiciens, marches en forêt…). De plus, la création du mois sans tabac dans les entreprises donne l’opportunité aux organisations de créer des opérations de proximité avec les collaborateurs. Chaque mois de novembre peut être dédié à la mise en place de réunion d’information, de groupe de parole, de document, de test de spirométrie…en fonction de l’ADN et de la culture d’entreprise.
Le dépistage dans les entreprises : le test de spirométrie
La spirométrie, qu’est-ce que c’est ? C’est un geste simple à adopter, c’est celui de « souffler » pour mesurer son souffle. La notion de « capital souffle » à préserver est inconnue du grand public et pourtant fondamentale. Le rôle du tabac, du cannabis et des expositions professionnelles dans la genèse de la BPCO est insuffisamment perçu par le grand public.
Le diagnostic de BPCO est souvent méconnu ou tardif : moins de 25 % des patients à risque sont diagnostiqués et cela, malgré la présence de symptômes caractéristiques (toux, expectoration matinale, dyspnée). Le caractère tardif du diagnostic est, au moins en partie, lié à la trop fréquente banalisation des symptômes par les fumeurs et par les professionnels de santé. Ce qui donne lieu à des cas d’errances médicales chez les patients.
Même quand le diagnostic de BPCO est posé, la mesure du souffle n’est pas réalisée de façon systématique pour évaluer la gravité de la maladie : une étude internationale a montré que seule une personne sur deux ayant un diagnostic présumé de BPCO, avaient bénéficié d’une mesure de la fonction respiratoire. La mesure du souffle est aujourd’hui techniquement possible pour le médecin généraliste et/ou le médecin du travail avec l’apparition d’appareils spirométriques nomades, faciles à utiliser, fiables et peu onéreux.
L’objectif : le sevrage
Différentes pistes classiques ou un peu moins conventionnelles peuvent être étudiées comme des techniques de médecines indiennes.
De nombreuses disciplines existent comme la sophrologie, l’hypnose, les médecins addictologues… Attention néanmoins, à être entouré(e) de professionnels et non de thérapeutes peu scrupuleux ou de « magiciens » de l’arrêt du tabac qui souhaitent vous garder de nombreux mois pour de mauvaises raisons sans faire avancer votre situation.
La bonne nouvelle est cet arrêté publié mardi 15 mai dans le Journal officiel qui prévoit le remboursement à 65% des traitements de substitutions nicotiniques voulu par la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, comme la gomme à mâcher Nicotine EG, un produit fabriqué par EG Labo ou encore le patch NicoretteSkin, produit par l’entreprise pharmaceutique américaine Jonhson&Jonhson.
Des ONG et des associations très actives
Du côté américain, Michael Bloomberg continue sa croisade anti-tabac en créant en mars 2018 une ONG dotée de 20 millions de dollars. L’ancien maire de New York milliardaire vient d’annoncer le lancement de cette structure, dénommée « STOP » (Stopping Tobacco Organizations and Products) chargée de dénoncer « les stratégies trompeuses de l’industrie du tabac« .
Du côté français, l’association « JOSIANE SALONE, Tous unis contre la BPCO », fondée par Eric Salone a été créé en janvier 2018. Elle permet aux patients et à leur entourage de se mettre en relation gratuitement au travers d’une plateforme web. Ce qui permet de briser la chaîne de l’isolement causée par la maladie. L’association a aussi à cœur la prévention et le dépistage auprès des populations actives après des salariés puisque l’âge de départ à la retraite est aujourd’hui plus tardif. Comment ? En mettant en place, au sein des entreprises des opérations de sensibilisation de la BPCO qui passent par une mesure de dépistage des anomalies du souffle grâce à un simple geste : la spirométrie.
L’association est entrain de réunir le soutien de personnalités issues des univers de la Finance, du Sport et des médias afin de porter sa voix pour inciter les dirigeants à la mise en place de ces « ateliers de prévention »
Le nombre total de nouveaux cas de BPCO est donc d’environ 479 500 par an. Il existe une sous-estimation importante du nombre des malades. De plus, de nombreux autres malades ne rentreront jamais dans une classification ALD (Affection Longue Durée) « maladie respiratoire chronique » car ils souffriront surtout d’affections cardiaques ou circulatoires totalement inhérentes à leurs BPCO. Rappelons que les estimations les plus hautes font état de 3,5 millions de Français souffrant de BPCO, malades identifiés ou qui ignorent leurs maladies.D’où l’importance d’une mobilisation globale des entreprises et des pouvoirs publics. Il est désormais essentiel de mener des actions concrètes et ciblées pour faire de la BPCO une réelle priorité de santé et qu’elle devienne cause nationale dans les meilleurs délais. Les professionnels de santé sont prêts à contribuer au travail engagé.
Deux sites d’informations :
Quelques chiffres pour aller plus loin :
- Le coût direct de la maladie est estimé à 3,5 milliards d’euros par an
- Le coût moyen de la prise en charge d’une BPCO est estimé à 4000 euros par malade et par an.
- Le coût moyen d’une oxygénothérapie à domicile est de 10 000 euros par an.
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