Handicap et travail : vers une approche systémique des compétences au service des entreprises

Selon l’Organisation internationale du travail (OIT), les handicapés représentent environ un milliard de personnes et environ 80 % sont en âge de travailler. Ceux qui le peuvent restent pourtant éloignés du monde du travail selon les récentes enquêtes de l’organisation, et connaissent des taux de chômage, d’inactivité économique plus élevés que la moyenne et ont plus de risque d’être confrontés à une fragilité économique pérenne.

Beaucoup d’entreprises ont mis en place des politiques visant à respecter et à promouvoir les personnes handicapées au travail. Il y a celles qui respectent seulement les recommandations prévues par la loi, mais un grand nombre d’entreprises agissent en dépassant ce cadre et en s’appuyant sur les recommandations internationales en la matière pour y trouver un avantage compétitif. Créée en 2006, Ipedis a été l’une des premières structures expertes à accompagner les entreprises dans la mise en accessibilité de leurs outils digitaux, allant des sites web aux documents pdf, mais aussi dans la formation des équipes. En 2019, ses fondateurs Jackir Assan Aly et Moïse Akbaraly créent DocAxess, une start-up deep tech dédiée au développement d’une intelligence artificielle.

Les adaptations de poste pour les handicapés peuvent également améliorer l’accessibilité de l’entreprise en général. La diversité des compétences, des points de vue et des capacités sont des points positifs, améliorant la capacité des équipes à résoudre des problèmes et renforçant le sens de l’innovation de toute l’entreprise.

Au Royaume-Uni, Accenture a lancé avec succès un programme pour sensibiliser le public à la question de la santé mentale et à promouvoir une culture de l’ouverture au sein de l’entreprise. Certains employés se portent volontaires pour servir de « référent » à d’autres employés. D’autres entreprises ont reproduit ce programme en Australie, en Irlande et aux États-Unis.

La société Ericsson Brazil a créé un programme pour que les employés handicapés améliorent leurs aptitudes tout en prenant en compte leur potentiel. Leur taux de renouvellement a de ce fait chuté de 40 à 5 %.

En France, 5Discovery a expérimenté l’intérêt des formations en réalité virtuelle en Esat avec ses modules sur l’entraînement à l’entretien d’embauche et la gestion des émotions. Sofia Rufin, sa fondatrice, veut favoriser le passage du milieu protégé au milieu ordinaire. Les travailleurs ayant des particularités psychiques et cognitives ont montré un fort intérêt dans le processus d’intégration des connaissances par ce mode ludique, pour travailler leur communication, posture et gestion de l’anxiété. La sensibilisation à ces circonstances particulières sont aussi à la portée de tous les employés d’une entreprise pour se mettre à la place des handicapés.

Il s’agit ainsi pour chaque entreprise de trouver les moyens dont elles disposent pour donner l’exemple de la diversité tout en améliorant leur compétitivité et la durabilité de leurs activités. Même les foyers dans lesquels ne vivent pas de personnes handicapées ont une meilleure image des entreprises qui intègrent les personnes handicapées. Ils sont d’ailleurs plus enclins à acheter leurs produits et services. (Source : Tapping into Hidden Human Capital, Debra Ruh.)

Faire la promotion des personnes handicapées et favoriser leur intégration dans la société en tant que cadres, employés, fournisseurs et consommateurs recèle enfin un avantage non négligeable : les entreprises sont mieux préparées pour faire face à la pénurie de compétences ou aux difficultés liées au manque de main-d’œuvre en accédant à un nouveau vivier de talents.

Tribune rédigée par Capucine Lemaire, Présidente de l’Observatoire des Politiques du Handicap

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