En octobre dernier, les employés d’Ubisoft France ont manifesté contre des politiques de retour au bureau imposées par leur direction. Ce mouvement illustre une fracture grandissante entre les attentes des salariés et des pratiques managériales parfois considérées comme anachroniques par les collaborateurs. Au cours des dernières années, une transformation profonde du rapport au travail s’est opérée. Aujourd’hui, les entreprises font face à une exigence claire : s’adapter ou risquer de perdre leurs talents.
Une contribution de Marguerite Monrose, Responsable France et Benelux chez Remote
Une demande universelle de flexibilité
Depuis la pandémie, les salariés demandent plus qu’un lieu de travail : ils veulent avoir le choix, se sentir responsabilisés et profiter d’un équilibre entre vie personnelle et professionnelle. Il ne s’agit pas d’une revendication marginale. Télétravail, horaires flexibles, modèles hybrides… Ces aspirations répondent à des réalités concrètes, comme réduire le stress des trajets quotidiens, mieux se concentrer sur certains dossiers ou gérer les contraintes familiales.
Prenons l’exemple d’un salarié francilien. Le télétravail permet d’éliminer les 1h30 quotidiennes de transport, laissant place à un environnement plus serein et du temps retrouvé pour la famille ou des projets personnels. Avec le retour imposé au bureau, ce salarié doit non seulement gérer les contraintes liées aux trajets, mais aussi des coûts croissants liés à l’inflation. Ces réalités s’étendent au-delà des grandes villes : dans les zones rurales, des tiers-lieux ou coworkings deviennent des solutions adaptées aux contextes locaux.
Les entreprises qui sauront reconnaître cette diversité de besoins et offrir des politiques flexibles ne gagneront pas seulement en attractivité, mais seront également en mesure de fidéliser leurs équipes.
Repenser le travail : quatre clés pour réussir
• Être à l’écoute des salariés
Chaque équipe, chaque métier est différent. Plutôt qu’imposer un modèle unique, il est essentiel d’instaurer un dialogue pour comprendre les besoins spécifiques. Cela permettra de concilier productivité et bien-être au travail.
• Valoriser les résultats, pas la présence
La productivité ne se mesure plus au temps passé au bureau, mais aux réalisations concrètes. Offrir davantage d’autonomie renforce la créativité et l’engagement des collaborateurs, tout en modernisant la culture d’entreprise.
• Renforcer le lien humain
Le télétravail réussi ne signifie pas isolement. Les entreprises qui maîtrisent ce mode d’organisation du travail préparent des moments de rencontre – ateliers, séminaires ou journées d’équipe – pour préserver le sentiment d’appartenance et de collaboration.
• Réinventer les espaces de travail
Les bureaux ne sont pas que des lieux d’exécution de tâches laborieuses, mais des espaces d’innovation. Certaines réaménagent déjà leurs locaux pour favoriser la collaboration et réduire les espaces inutilisés. Complétés par des outils numériques performants, ces environnements flexibles soutiennent la performance collective.
Les risques de l’inaction
Refuser de s’adapter, c’est risquer gros. Les entreprises qui imposent des modèles rigides voient déjà émerger des signes de désengagement. Les « démissions silencieuses » ou « quiet quitting » en anglais – où les salariés restent en poste mais réduisent leur investissement – coûtent cher aux organisations. À l’inverse, celles qui innovent dans leurs pratiques attirent des profils rares et créent un avantage concurrentiel durable.
La grève récente au sein d’Ubisoft, ainsi que le débat récurrent pour ou contre le travail flexible, montrent que ces questions ne sont pas anecdotiques. Elles constituent des opportunités de transformation profonde. En restant à l’écoute des attentes des salariés, les entreprises peuvent non seulement éviter les crises, mais aussi bâtir des organisations résilientes et attractives.
Un avenir à construire
Le monde du travail est en pleine révolution. S’adapter, ce n’est pas simplement offrir du télétravail ou moduler des horaires, mais réinventer la relation entre employeur et employé. Ce changement est un investissement : il s’agit de transformer le lieu de travail en un espace de choix et de dépassement de soi, et non de contraintes.
Les entreprises qui osent voir ces évolutions comme des opportunités – plutôt que des contraintes – renforcent leur marque employeur, gagnent un avantage compétitif et construisent un monde du travail plus équilibré et plus humain.
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