Les entreprises face au défi du choix des modes de travail en 2025. Analysons les tendances américaines et leur impact potentiel en Europe.
Une contribution de Sylvie de Gil, Senior Digital Marketer, Washington DC, www.jomsymarketing.com
Selon les résultats d’un sondage récent d’Alexa, mené le 27 octobre dernier aux États-Unis, près de 77 % du personnel préfère le travail à distance. Ce chiffre est d’autant plus saisissant qu’Alexa appartient à Amazon, une entreprise qui plaide ardemment pour le retour au travail en présentiel d’ici 2025. Cette dichotomie met en évidence un conflit entre les politiques internes d’Amazon et les attentes des employés qui accordent une grande importance au bien-être et à l’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle.
Le choix polémique d’Amazon
Cette approche stricte semble en décalage avec plusieurs entreprises américaines qui proposent davantage de flexibilité dans les modalités de travail. Notons que, d’après les statistiques actuelles, pas moins de 71 % des entreprises de ce pays offrent déjà des modalités de travail flexibles.
Ce manque de souplesse chez Amazon pourrait peut-être mettre en péril la capacité à retenir ses talents, notamment parmi les jeunes générations qui ont pris gout au travail « remote » et le priorisent.
Selon une étude réalisée en janvier 2024 par la Society for Human Resources Management (SHRM), 77 % des 2366 spécialistes en ressources humaines ont déclaré avoir des difficultés à pourvoir des postes à temps plein. Le manque de compétences constituerait l’un des principaux facteurs.
Pour illustrer cette étude, il suffit de voir les discussions qui émergent au sein même d’Amazon. Beaucoup de cadres intermédiaires se retrouvent à gérer des équipes peu motivées par cette obligation de retour au bureau, alors qu’ils doivent en même temps maintenir un niveau de productivité élevé. Une question se pose : comment ces cadres vont-ils réussir à maintenir des niveaux d’engagement suffisants pour faire tourner et progresser Amazon si les priorités du personnel divergent autant des directives de la direction ?
Goldman Sachs et les limites du télétravail
Cependant, en dépit de la préférence massive des employés pour le télétravail, certaines entreprises continuent, comme Amazon, de miser sur la présence physique. Un exemple est celui de Goldman Sachs qui insiste sur la nécessité de revenir à une culture de bureau traditionnelle. La firme considère que l’innovation et la collaboration se nourrissent mieux dans un environnement partagé. Cela montre que certains secteurs, en particulier la finance, ont encore du mal à s’adapter à cette nouvelle norme de personnalisation et de flexibilité des méthodes de travail.
Mais la réalité est toute autre selon Frank Weishaupt : « Malgré l’idée fausse que la plupart des employés sont maintenant de retour au bureau à plein temps, la réalité est que le travail hybride et à distance continue de croître au détriment du travail au bureau », a déclaré Frank Weishaupt, directeur général d’Owl Labs.
Spotify et la flexibilité totale : l’initiative « Work From Anywhere »
En contraste avec Amazon, Goldman Sachs et autres entreprises, Spotify a adopté dès 2021 le programme « Work From Anywhere ». Ce modèle, qui offre la liberté de choix en matière de lieu de travail, illustre parfaitement la personnalisation des conditions de travail. En effet, Spotify a compris que le succès futur des entreprises réside dans leur capacité à s’adapter aux préférences individuelles du personnel. Selon Spotify, cette politique a non seulement amélioré la satisfaction des employés, mais elle a également attiré de nouveaux talents internationaux, démontrant ainsi l’avantage concurrentiel d’une telle adaptabilité.
« Nous restons convaincus que le travail n’est pas un endroit où l’on va, mais quelque chose que l’on fait », répète à l’envi Spotify.
Salesforce et Google : l’hybride comme solution de compromis
Des sociétés telles que Salesforce et Google adoptent également des pratiques plus souples. Salesforce, sous l’égide de Marc Benioff, encourage son personnel à choisir le format qui lui convient le mieux. Pour Google, l’approche hybride est pensée pour favoriser la flexibilité tout en maintenant des moments clés de collaboration en présentiel, essentiels à l’innovation. Ces entreprises reconnaissent que pour rester compétitives, elles doivent offrir des options qui respectent les préférences des employés et qui favorisent l’épanouissement professionnel et personnel.
Zapier : l’efficacité d’une entreprise 100 % en télétravail
Des sociétés telles que Zapier démontrent qu’un fonctionnement à distance complet est possible et même bénéfique. Depuis sa création, Zapier fonctionne sans bureaux physiques, ce qui lui permet de recruter des talents sans contraintes géographiques et de maintenir des coûts bas. Le PDG de Zapier a souvent évoqué les avantages d’une telle configuration. Il a notamment mentionné une meilleure productivité et une conciliation optimale entre la vie personnelle et la vie professionnelle. Ce critère est devenu un point central dans les attentes de leur personnel.
Le travail hybride et à distance : un impact significatif sur l’immobilier commercial.
De grandes villes comme New York et San Francisco ont déjà vu une baisse importante de la demande en espaces de bureaux, obligeant les propriétaires et gestionnaires d’immeubles à repenser leurs offres. On observe une tendance à transformer ces espaces en zones collaboratives, culturelles ou résidentielles. Cela pourrait aussi favoriser des projets éco-responsables, contribuant à la réduction des émissions en limitant les trajets domicile-travail et en optimisant l’utilisation des infrastructures urbaines.
Les entreprises comme Salesforce mettent également en avant l’aspect écologique du télétravail. Réduire les trajets domicile-travail permet de minimiser l’empreinte carbone, ce qui est devenu un atout essentiel pour attirer les talents des générations Z et Millennials, très sensibles à la responsabilité environnementale des employeurs. Ainsi, la flexibilité devient un levier stratégique pour renforcer l’image de marque et répondre aux attentes de ces nouvelles générations.
Le modèle hybride : un atout pour les entreprises françaises
Les dirigeants français pourraient trouver dans ces exemples une source d’inspiration pour construire un modèle hybride adapté. Plutôt que de voir le télétravail comme une concession, ils pourraient le percevoir comme un outil stratégique de rétention des talents et de compétitivité. En adoptant une culture axée sur la confiance et la responsabilisation, les entreprises françaises pourraient non seulement améliorer la productivité, mais aussi attirer des profils diversifiés qui cherchent un équilibre travail-vie personnelle.
La personnalisation : nouvelle norme du travail en 2025 ?
On observe de plus en plus clairement que des normes uniques n’existent plus pour notre manière de travailler. En 2025, une grande variété de structures d’entreprise et de façons de penser caractériseront le monde du travail. Les employeurs devront composer entre des employés qui veulent de la flexibilité, des espaces de travail optimisés pour la coopération et une technologie qui évolue rapidement. Le modèle hybride s’avère souvent un compromis, mais l’accent est désormais mis sur la personnalisation du travail afin de maximiser le bien-être et la productivité.
Vers une diversité des modèles de travail
Le modèle de travail en 2025 n’est plus monolithique. Certaines entreprises retourneront au bureau, tandis que d’autres offriront une totale liberté. La clé réside dans l’adaptabilité. Les entreprises doivent comprendre leur culture interne, évaluer les besoins de leurs collaborateurs et mettre en place des stratégies flexibles et évolutives.
Conclusion : 2025, l’année de la personnalisation des méthodes de travail
Alors que l’évolution du monde du travail continue de défier les conventions, les dirigeants doivent s’adapter aux attentes variées de leurs employés. En 2025, la personnalisation des méthodes de travail sera indispensable pour attirer et fidéliser les talents, favoriser le bien-être des employés et assurer la résilience face aux défis à venir. Les entreprises qui sauront s’adapter à cette nouvelle ère, en se montrant ouvertes aux différentes modalités de travail, seront celles qui tireront leur épingle du jeu dans un environnement économique et sociétal de plus en plus exigeant.
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