Des créations entre Luxe et Innovation
Olivier Lapidus, avant-gardiste et pionnier, est le premier à s’intéresser aux nouvelles technologies au service de la Haute Couture dans les années 90. Il en fait rapidement une direction de travail, introduisant l’électronique dans le vêtement, les textiles à énergie solaire, les tissages en fibre optique et les robes lumineuses. Précurseur et à la pointe de tout : style, nouveaux matériaux… comme il le dit lui-même : « J’étais en avance sur mon temps et injustement critiqué à l’époque » mais cela ne l’a pas empêché de suivre son instinct…
Ce regard innovant, il ne l’a jamais perdu. Même lorsqu’il s’installe en Chine en 2001, pour découvrir de nouveaux univers dont le design qui lui sert aujourd’hui. Il signe également plusieurs lignes de décoration d’intérieur, crée les uniformes de la compagnie aérienne Air China et donne des conférences à l’université Tsinghua de Pékin tout en poursuivant ses recherches textiles autour du multimédia. De retour à Paris en 2003, le créateur high-tech conçoit son premier hôtel, le Félicien et dessine du mobilier, des lunettes ou encore des matériaux lumineux.
Alors qu’il s’apprête à lancer Création Olivier Lapidus, une Maison de Couture digitale native du net en 2017, un coup de fil de Madame Wang et un rendez-vous à 18h en juillet 2017, changent la donne. Le marché en main est simple, redonner toute son aura à la maison Lanvin en créant des collections qui lui ressemblent. « Ce challenge m’a excité, et m’a ému. D’autant plus que ma mère s’appelait Jeanne ! ». Oliver Lapidus est donc nommé Directeur Artistique de la prestigieuse Maison Lanvin. Cela ne l’empêche pas de poursuivre sa démarche initiale : concilier métiers d’art et savoir-faire français avec les nouvelles technologies. Un challenge qui pour lui, n’en n’est plus un ! D’ailleurs, si je lui parle de pression, il n’en n’a pas, il se sent comme un poisson dans l’eau ! « Même pas peur », comme il me répond, un peu bravache, mais sincère ! Il a traversé plusieurs épreuves au cours de ces décennies qui lui permettent de tenir à distance les rumeurs et d’avoir un mental solide et résistant.
Si je lui pose la question de l’ADN de Lanvin, sa réponse est sans appel : on doit retrouver son esprit qui part des jeux de manches, des robes bijoux, décolletés particuliers, transparence, trèfle et métal. « Oui, elle apposait déjà des manches en cotte de maille dans les années 20, un clin d’œil à Paco Rabanne ! »
A ses yeux, la femme Lanvin est une femme cosmopolite, qui vit entre Paris, Shanghai, Dubaï et New York. C’est une femme qui s’assume, chic en toutes circonstances.
Des pièces avant-gardistes
Parmi ses créations marquantes, se détachent ses robes parfumées ou ponctuées de capteurs solaires, tissées à partir de fruits ou de légumes. L’homme d’innovations avait également créé des vêtements de sport à déformation programmée pour l’américain Dupont de Nemours ainsi que le premier jacquard lumineux de Cédric Brochier. Olivier Lapidus innove également en concevant des jeux de gants sur-mesure pour la marque Lexus.
Critiqué à l’époque par des esprits peu ouverts, l’homme impose désormais sa patte et prouve que Haute technologie et Haute Couture sont plus que compatibles. Créateur à l’âme un peu écorchée, Olivier fait preuve d’une sensibilité à fleur de peau qui s’exprime à travers certains regrets : « Mon problème est d’avoir été en avance sur mon temps, car j’ai vécu en décalé. Pire, je vois aujourd’hui mes inventions utilisées par d’autres », constate-t-il. Selon lui, le transfert du savoir-faire va bouleverser la plus value apportée à un objet de luxe. « Une robe brodée en Chine peut avoir autant de valeur que celle brodée en France », explique-t-il. Pour lui, ce luxe est un luxe de savoir-faire, qui ne se résume pas à un sac avec un logo et deux poignées en cuir bien posées !
Avec Internet arrivé à maturité, qui permet le croisement du savoir-faire, de l’artisanat et des nouvelles technologies, Olivier Lapidus peut être fier de sa vision avant-gardiste d’il y a vingt-cinq ans, qui lui a permis de créer à cette époque le monde d’aujourd’hui !
Mais sa plus grande réussite reste sa famille composée de sa femme Yara et de leurs deux filles Milla et Kovkla, qui le suivent dans la mode.
Son mot de la fin : « J’étais le fils de Ted et maintenant je suis le fils de Jeanne. Cela ne peut que me porter bonheur. Je vois bien mon père de là où il se trouve, se dire : Un Lapidus chez Lanvin, on aura tout vu ! » (sourire).
Vous avez aimé cet article ? Likez Forbes sur Facebook
Newsletter quotidienne Forbes
Recevez chaque matin l’essentiel de l’actualité business et entrepreneuriat.
Abonnez-vous au magazine papier
et découvrez chaque trimestre :
- Des dossiers et analyses exclusifs sur des stratégies d'entreprises
- Des témoignages et interviews de stars de l'entrepreneuriat
- Nos classements de femmes et hommes d'affaires
- Notre sélection lifestyle
- Et de nombreux autres contenus inédits