En quatorze ans, Olivier Rousteing a réinventé Balmain, bouleversé la communication de la mode et transformé la perception de l’industrie sur la diversité. Lui qui n’osait rêver d’un tel parcours est devenu bien plus qu’un designer : un symbole pour une France multiple, belle et fière de toutes ses facettes. Une success-story qui, à bien des égards, n’en est encore qu’à son prologue.
Un article issu du numéro 29 – hiver 2024, de Forbes France
Il est onze heures du matin dans le 8ème arrondissement de Paris. Au siège de Balmain, le calme règne, comme une douce contradiction avec l’effervescence qu’on imagine d’un shooting orchestré pour un directeur artistique. Pas de stress apparent, pas de précipitation. L’ambiance est légère, presque familière, et pourtant tout semble parfaitement millimétré.
Olivier Rousteing, à la tête de la maison depuis ses 24 ans, termine de se préparer. Sourire aux lèvres, il salue chaque personne avec simplicité. Puis, l’atmosphère, déjà détendue, s’allège encore davantage lorsque les premières notes de Cuff It de Beyoncé résonnent dans l’enceinte qu’il vient d’allumer. Quelques pas de danse, un éclat de rire, et le « papa » de la maison Balmain se place devant l’objectif.
Face à l’objectif, Olivier Rousteing est tout à la fois. Serein, détendu, mais extrêmement professionnel. Chaque pose, chaque regard est maîtrisé avec une aisance impressionnante. Il scrute le retour image, sourit, commente tour à tour en anglais et en français, demande des avis, les écoute attentivement. Rien n’est laissé au hasard, mais tout se déroule avec une fluidité naturelle.
À seulement 38 ans, Olivier Rousteing a su imposer son propre rythme et ses propres codes. Ne se conformant jamais au moule, il a forgé le sien : modulable à l’infini et libre. Depuis quatorze ans, il orchestre chaque défilé Balmain comme un véritable show. Ses collections sont audacieuses, ses messages inclusifs, et sa vision incontestablement moderne. Celui qui a été le plus jeune directeur artistique d’une maison française ne cesse de surprendre. Au Met Gala 2024, il fait sensation avec une robe en sable moulée sur le corps de Tyla, il célèbre les 30 ans du Roi Lion avec une collection anniversaire pour Disney, et collabore avec Beyoncé pour créer « Renaissance », une collection couture unique en son genre.
Mais au-delà de cet immense talent, ce qui frappe, c’est l’humain. Olivier Rousteing rayonne d’une générosité qui se lit dans ses gestes, dans ses mots. Sa gentillesse est désarmante, et son humilité sincère. On comprend vite, en l’observant, pourquoi il s’est imposé comme l’une des figures incontournables de la mode, non seulement pour ses créations, mais pour sa capacité à incarner une vision moderne, inclusive et profondément humaine.
Alors qu’il s’installe pour l’interview, le sourire toujours présent, il impose sans effort un équilibre rare entre assurance et accessibilité. Olivier Rousteing partage ses pensées, ses rêves, les doutes qui l’ont façonné. Il n’esquive rien, assume ses failles sans détour et, en un instant, le créateur laisse place à l’homme que l’on découvre sincère, lucide et résolument authentique.
Avant d’évoquer votre carrière, qui êtes-vous, Olivier Rousteing ?
O.R. : Avant d’être le directeur artistique de la maison Balmain, j’étais un petit garçon né à Bordeaux, dans un orphelinat. J’ai eu la chance d’être adopté par une famille formidable qui m’a offert un cadre de vie incroyable. J’ai grandi et fait mes études à Bordeaux avant de partir vivre en Italie pour faire mes premières armes dans la mode, puis de revenir à Paris pour poursuivre mon rêve : devenir directeur artistique.
Quel a été le déclic pour vous lancer dans la mode ?
O.R. : J’ai toujours su que la mode me passionnait, mais je ne pensais pas qu’on pouvait en faire un métier. Au départ, je me destinais à devenir avocat en droit international, j’ai même commencé des études de droit à Bordeaux. Après un an, j’ai tout arrêté pour une école de mode, que j’ai quittée rapidement pour chercher un stage en Italie. Depuis petit, je dessinais des silhouettes, seul dans ma chambre. Donc, oui, la mode était là depuis toujours.
Votre famille vous a-t-elle influencé dans ce choix ?
O.R. : Absolument pas. Mes parents avaient imaginé pour moi une carrière très différente, celle d’avocat en droit international. Ils étaient cartésiens, loin du monde de la mode : mon père travaillait au port autonome de Bordeaux et ma mère était opticienne.
La mode est souvent perçue comme superficielle. Pour vous, est-ce le cas ?
O.R. : La mode est souvent réduite à des clichés : glamour, paillettes, superficialité. Mais pour moi, la mode va bien au-delà des clichés de paillettes et de glamour. C’est un moyen d’exprimer des messages qui me tiennent à cœur, des messages authentiques et des combats importants, qui sont encore loin d’être terminés. C’est une façon d’utiliser une industrie perçue comme éphémère pour laisser une trace et faire évoluer les mentalités.
Qu’est-ce qui vous a permis de vous imposer dans ce milieu aussi compétitif ?
O.R. : Je pense que l’élément déclencheur, c’est la résilience. Cela peut sembler cliché, mais c’est ce qui fait toute la différence : ne jamais, jamais abandonner. On prend des coups, mais on reste debout, on ne tombe pas. C’est la force de croire en soi, même quand personne ne le fait encore. Lorsque vous êtes convaincu de votre vision, les autres finissent par vous suivre. Et à partir de là, c’est un cercle vertueux : vous avancez, persévérez et inspirez.
Un moment déterminant dans votre carrière ?
O.R. : Le moment où j’ai pris la direction artistique de Balmain. J’étais le bras droit de l’ancien directeur, et quand il est parti, on m’a confié ce rôle. Je me suis dit : « Waouh, ma carrière commence. » Un autre moment fort était ma collaboration avec H&M en 2015. Quand on a fait un sell-out de 99 % en quelques heures, j’ai compris que ma vision pouvait toucher le monde entier.
La mode peut parfois sembler inaccessible, mais vous avez voulu la démocratiser. Vous collaborez avec H&M pour rendre accessibles vos créations, vous faites de vos défilés des festivals ouverts au public. Pourquoi cette volonté d’ouverture ?
O.R. : La démocratisation de la mode a toujours été essentielle pour moi. Je veux que les gens res- sentent ce que je crée, même s’ils ne peuvent pas se permettre d’acheter une pièce Balmain. L’idée est que la mode doit parler aux gens, indépendamment de leur classe sociale. C’est pour cela que mes défilés sont ouverts au public, comme à la place du Trocadéro, et que j’ai choisi de collaborer avec des marques comme H&M. La mode doit être inclusive et non restrictive. J’ai toujours considéré mes défilés comme des spectacles, une manière de partager des émotions avec le public. Les défilés, ce sont des moments où je veux créer du rêve, donner des frissons, comme lors du show avec Cher. C’est cette énergie, cet amour partagé avec le public, au-delà d’Instagram, qui fait de chaque défilé un moment unique.
Devenir directeur artistique à 24 ans ne vous a pas fait peur ?
O.R. : Au moment où j’ai été nommé directeur artistique, je n’avais pas vraiment peur parce que je ne réalisais pas totalement ce que cela impliquait. C’est le jour de mon premier défilé, en sortant sur le podium, que j’ai compris l’immense responsabilité qui m’attendait. Eh oui, là, j’ai eu peur. J’ai compris que ma vie venait de changer, et qu’être directeur artistique, ce n’était pas seulement dessiner des vêtements, c’était aussi porter tout un univers, une histoire.
Votre carrière est aussi marquée par de grandes rencontres. Qu’est-ce que ces relations ont représenté pour vous ?
O.R. : J’ai eu la chance de rencontrer des personnalités incroyables comme Beyoncé, Michelle Obama, Naomi Campbell, Brigitte Macron, Neymar ou Justin Bieber. La mode, c’est une histoire de rencontres qui vous inspirent et vous changent. Ces personnes m’ont inspiré et continuent de le faire.
Vous étiez fan de Beyoncé. Imaginiez-vous un jour collaborer avec elle ?
O.R. : Non, c’est fou. Je me souviens de moi, enfant, dans ma chambre à Bordeaux, dansant sur ses chansons. Et un jour, je me suis retrouvé assis à côté d’elle. C’est à ce moment que je me suis dit : « I made it. »
Depuis votre arrivée, le chiffre d’affaires de Balmain a explosé. Est-ce que cette réussite était un objectif pour vous ou simplement une conséquence de votre créativité ?
O.R. : J’ai toujours eu des objectifs financiers, même à 24 ans. Pour moi, la créativité et le business sont indissociables. Être créatif nécessite un budget, et plus Balmain grandissait, plus cela me permettait d’exprimer ma vision. Je voulais que Balmain évolue, non seulement en termes de chiffre d’affaires, mais aussi en tant qu’entreprise. Ça a toujours été un enjeu artistique et économique. J’ai toujours voulu voir Balmain prendre sa place de maison française à l’international. Dès mon arrivée, j’ai voulu que la maison dépasse les frontières.
Vous avez transformé Balmain d’un style minimaliste à quelque chose de plus extravagant. Pourquoi ce choix ?
O.R. : Balmain possède un héritage incroyable, mais je voulais qu’elle reflète aussi mon époque et ma vision. La force de ma rencontre avec cette maison réside dans une certaine folie, une liberté sans limite dans la créativité. Je m’inspire de tout : la musique, Versailles, mes voyages… Ce qui fait la singularité de Balmain aujourd’hui, c’est cette tension entre un héritage riche et ma vision contemporaine. C’est cette dichotomie entre tradition et audace qui donne une force unique à la maison.
Vous êtes l’un des premiers à avoir invité les stars de la pop et les influenceurs à vos défilés. Pourquoi avoir fait ce pari audacieux ?
O.R. : Pour moi, c’était une question de démocratisation. J’ai toujours eu peur que la mode reste enfermée dans un cercle élitiste, où l’on parle entre soi. L’intérêt d’ouvrir les portes de la mode, c’était de commencer un nouveau discours, une nouvelle expression, d’utiliser de nouveaux langages. Cela n’a pas été facile, mais il faut savoir prendre des risques pour réussir.
Vous avez été l’un des premiers à utiliser les réseaux sociaux dans l’industrie de la mode. Pourquoi ce choix ?
O.R. : Les réseaux sociaux étaient un moyen pour moi d’ouvrir les portes de la mode à un public plus large. Quand j’ai commencé à les utiliser, j’ai été critiqué, mais je voulais casser cette barrière qui existait entre les créateurs et le public. La mode n’est pas faite que pour une élite, elle doit pouvoir toucher tout le monde. Et aujourd’hui, je pense que ces critiques se sont estompées, car les réseaux sociaux sont devenus indispensables à notre industrie. Pour moi, c’était une question de démocratie : la mode doit appartenir à tous.
Vous avez également créé la « Balmain Army ». Pourquoi cette initiative ?
O.R. : En 2011, la « Balmain Army » n’existait pas. L’idée est venue plus tard, lorsque j’ai rencontré Rihanna en 2014. Nous avons discuté tout un après-midi. J’ai compris que la mode pouvait porter des messages puissants qui allaient bien au-delà des vêtements. Des messages sur la diversité, l’acceptation et l’affirmation de ses origines. Je lui ai alors dit : « You’re gonna be part of the Balmain Army. » La Balmain Army est née de cette envie d’être inclusif, de combattre pour des valeurs qui comptent vraiment. J’ai appelé mes mannequins des « soldiers of love », des soldats de l’amour qui se battent pour un avenir plus ouvert et plus tolérant.
Le secteur du luxe est souvent perçu comme très conservateur. Vous apportez un vent de modernité. Comment conciliez-vous ces contraires ?
O.R. : Balmain, c’est l’alliance de l’héritage et de la modernité. Je respecte l’héritage de cette maison fondée en 1945, mais je veux aussi qu’elle parle à notre époque, qu’elle soit vivante. J’aime m’inspirer de la culture pop, des réseaux sociaux, des artistes contemporains… C’est cette fusion qui crée la singularité de Balmain : honorer le passé tout en construisant l’avenir.
Votre mode Balmain tranche avec le minimalisme de la mode parisienne, vous laissez libre cours à votre créativité là où le prêt-à-porter aujourd’hui est conçu pour être vendu. Comment arrivez-vous à vous dire : je suis différent, mais ça va marcher ?
O.R. : Je pense que c’est en restant authentique que l’on parvient à créer quelque chose de singulier. J’ai toujours voulu vendre du rêve. Pour moi, il y a la mode parisienne minimaliste, mais Paris, c’est aussi une explosion de créativité, de lumière. J’ai choisi de représenter cette opulence. Et ça fonctionne parce que je suis resté moi-même. Être soi-même, ne pas avoir peur dans un moment où on vous dit ce qu’il faut être, c’est ce qui fait la différence. Vous créez ce qu’on appellerait une part de marché. C’est cette approche, organique et sincère, qui a permis à Balmain de trouver sa place. Les chiffres ont suivi, parce que j’ai mis en avant une vision qui me ressemblait, une vision pop mais à la fois couture.
Vous avez eu des moments difficiles, comme ce vol de vos créations une semaine avant votre défilé, et pourtant vous avez décidé de tout recréer. D’où vient cette résilience ?
O.R. : C’est dans ces moments que la résilience prend tout son sens. Lorsqu’on a volé une centaine de pièces juste avant un défilé, j’ai vu mon équipe se mobiliser et travailler sans relâche pour tout reconstruire en une semaine. C’est aussi une épreuve qui montre l’importance de l’équipe. Rien de ce que j’ai accompli n’aurait été possible sans eux. Ensemble, nous avons fait face, et c’est ce qui fait la force de Balmain.
Vous avez mentionné à plusieurs reprises que votre plus grande fierté est d’être arrivé là où vous êtes, malgré votre parcours. Pouvez-vous nous en dire plus ?
O.R. : La vraie fierté, c’est de se dire qu’il y a un garçon de couleur qui est arrivé, sans faire partie d’une certaine élite. En fait, le mec ne vient de rien. Il s’est battu, est né dans un orphelinat, il ne connaissait pas ses origines, il a le sang africain, il est né sur le sol français. Et aujourd’hui, il est à la tête d’une maison française de 1945. Il a les rênes d’une maison de luxe. C’est ça le message qui m’intéresse le plus dans ce que je fais. C’est laisser une trace dans le monde pour dire « si j’ai réussi, vous allez y arriver ».
Vous étiez le « bébé de Balmain », mais aujourd’hui, Balmain est votre bébé. Comment cette transition s’est-elle faite ?
O.R. : Quand je suis arrivé chez Balmain, j’avais 24 ans, j’étais vraiment le « bébé » de la maison. Les modélistes, mon président, tous étaient bien plus âgés que moi. Cette insouciance, cette jeunesse, m’ont permis d’oser, de rêver sans limites. Mais petit à petit, avec la croissance de la maison, j’ai dû prendre des responsabilités, m’affirmer. C’est ainsi que l’insouciance du début s’est transformée en une mission de protéger et guider la maison. Aujourd’hui, je suis devenu le garant de Balmain, je suis un peu le
« papa » de cette belle maison.
Dans Wonder Boy, vous dévoilez vos origines et partagez des instants profondément personnels, révélant une facette plus vulnérable. Qu’est-ce qui vous a poussé à entreprendre cette quête identitaire devant la caméra ?
O.R. : Pour moi, Wonder Boy est une aventure très personnelle qui s’est transformée en message universel. Lorsque j’ai accepté de faire ce documentaire, j’ai pris la caméra pour témoin. Face à la caméra, je n’avais pas le droit d’abandonner, comme j’ai pu le faire par le passé. J’ai oublié que nous étions filmés, il n’y a eu aucun scénario, nous étions avec l’équipe de tournage dans une recherche de qui j’étais. Quand j’ai eu le dossier de la DDASS, j’ai voulu raconter mon histoire sans filtre, montrer mes faiblesses, et c’était comme une sorte de thérapie. Ce documentaire n’était pas prévu pour avoir un tel écho, mais quand Netflix l’a pris et que nous avons gagné des prix comme celui du festival de Tribeca, j’ai réalisé que cette histoire parlait à beaucoup de gens, au-delà de la mode. C’était une façon de dire : on peut avoir des blessures, des peurs, mais on peut aussi les transformer en force.
Est-ce que tout votre parcours a fait de vous l’Olivier Rousteing que vous êtes aujourd’hui, celui qui incarne résilience, glamour et persévérance après chaque chute ?
O.R. : Totalement. Aujourd’hui, je suis l’homme que je suis parce que j’ai appris à aimer mes faiblesses et mes fragilités. Elles m’ont construit, elles m’ont rendu plus fort. La résilience, c’est vraiment ce qui me définit. Ne pas connaître mes parents biologiques m’a permis de décider de mon propre destin. Je me considère comme un citoyen du monde, avec mille cultures en moi. Et le fait de penser qu’une mère biologique ou un père biologique n’a pas assez d’amour pour garder son enfant, ça vous donne juste envie d’être l’enfant que tout le monde aime. Parce que si vous pensez qu’une maman ne vous aime pas, ça fait que le monde doit vous aimer.
Qu’est-ce qui vous motive à innover alors que vous êtes déjà au sommet de la maison Balmain ?
O.R. : Je pense que je n’ai jamais pensé que j’étais au sommet. Et le fait de ne pas penser être au sommet fait que j’ai toujours besoin d’innover. C’est dans l’insatisfaction que l’on devient encore plus créatif, que l’on se dit : « On n’est pas encore arrivé. » Il n’y a rien de plus dangereux que de se croire au sommet, car à ce moment-là, qu’est-ce qu’il reste à faire ? Moi, je me dis toujours que je peux faire mieux. C’est une mentalité qui permet de garder les pieds sur terre, de chercher à devenir une meilleure version de soi-même. Vivre dans une vie d’insatisfaction, c’est aussi vivre dans une vie de rêves. Il n’y a rien de pire que de se dire : « J’ai accompli tous mes rêves. » Car après, que reste-t-il ? Je me considère encore comme un énorme rêveur, avec ce côté insouciant et un peu enfantin.
Aujourd’hui, après plus de treize ans à la tête de Balmain, quels sont vos rêves pour la suite ?
O.R. : Mon rêve est de continuer à créer, d’inspirer, de réinventer, que ce soit dans la mode ou dans d’autres domaines. La mode est un terrain d’expression incroyable, mais il y a aussi d’autres formes d’art qui m’attirent, comme le cinéma. Un jour, qui sait, je pourrais me lancer dans la création de films ou de séries. Pour moi, l’essentiel est de ne jamais perdre cette envie de créer et de raconter des histoires.
Vous avez parlé de « laisser une trace » et de « donner de l’espoir ». Est-ce que cela dépasse la mode ?
O.R. : Oui, absolument. Pour moi, la mode est un moyen d’expression, mais mon objectif va au-delà des vêtements. C’est de dire à chaque enfant qui se demande s’il peut réussir : « Oui, c’est possible. » Je suis un mec de couleur, né sous X, et aujourd’hui, je dirige une maison de luxe française. Je veux que ce parcours inspire et donne de l’espoir. Si j’ai réussi, alors d’autres peuvent le faire aussi. Mon message, c’est celui de la persévérance, de l’authenticité et de la croyance en soi.
Pour finir, quel message souhaitez-vous laisser aux jeunes qui vous admirent et qui rêvent de suivre votre chemin ?
O.R. : Mon message est simple : soyez vous- même, soyez résilient, et croyez en vos rêves. Le monde peut être dur, mais c’est en restant fidèle à soi-même que l’on parvient à trouver sa place. Je suis parti de rien, j’ai eu des doutes, des peurs, mais j’ai persévéré. Aujourd’hui, je veux dire à chaque jeune qui m’écoute une phrase qui incarne qui je suis : « No matter where you come from, you decide where you want to go. » Votre parcours est entre vos mains, et vous avez le pouvoir de créer votre propre destin.
Balmain Beauty : La renaissance d’une icône olfactive
Relancer Balmain Beauty, c’était pour Olivier Rousteing plus qu’un simple projet : c’était une façon de renouer avec l’héritage de Pierre Balmain tout en le modernisant. « Je me suis dit, un jour, “j’ai envie de recréer les parfums” », explique-t-il. Grâce à une collaboration avec The Estée Lauder Companies, le directeur artistique a donné vie aux « Éternels de Balmain », une collection de huit parfums conçus pour être intemporels et universels.
Ces huit parfums sont faits pour exprimer des émotions sans se limiter aux genres. « J’ai estimé tous mes parfums non genrés, car je pense qu’aujourd’hui, un homme peut utiliser le parfum de sa femme, et une femme celui de son compagnon, explique Olivier Rousteing. Pour moi, la beauté et les parfums sont au même niveau que la mode : les senteurs et les ingrédients sont magnifiques et intemporels. » Avec des notes florales et boisées, chaque parfum reflète une beauté simple et sans étiquette.
« Contrairement à la mode, qui change avec les saisons, les parfums sont faits pour durer. J’aime penser qu’ils sont créés pour toujours. »
Pour concrétiser cette vision, Olivier Rousteing n’a pas hésité à retourner sur les bancs de l’école. « Quand on m’a proposé de créer une ligne de parfums, j’ai répondu que je savais concevoir une veste, mais qu’un parfum, c’était différent », raconte-t-il. Avec humilité, il a passé des mois dans une grande école de parfumerie, entouré de jeunes étudiants, pour apprendre les bases de la parfumerie. « J’ai demandé à retourner à l’école, et c’est ce que j’ai fait, ajoute-t-il en souriant. C’était une expérience unique, atypique, mais très enrichissante. J’ai toujours pensé que pour réussir, il fallait rester humble. Même si Balmain est une maison maximaliste, il y a beaucoup d’humilité derrière nos créations, et cela fait partie de ma personnalité. »
Les flacons, quant à eux, sont conçus pour être des objets de collection. « Les flacons, pour moi, doivent être des écrins d’élégance », souligne le directeur artistique. Leur design évoque un luxe intemporel, une beauté faite pour traverser les générations.
Les nouveaux parfums Balmain se distinguent par leur élégance et leur signature olfactive unique. La profondeur et la sensualité de Carbone, la fraîcheur fusante de Vent vert, ou encore le souffle chic et classique d’Ivoire… En tout, huit eaux unisexes forment « Les Éternels », une célébration de la nature, de l’amour et de la renaissance. Mais Olivier Rousteing l’affirme lui-même : « Il y a encore tant à venir dans le domaine de la beauté. C’est mon nouveau bébé, et je veux aller encore plus loin. »
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