Mise à jour, 21 septembre 2020 : Lundi, un tribunal du Delaware a accepté la requête de Tiffany & Co. visant à accélérer leur procès contre LVMH. Le tribunal a fixé la date du procès au 5 janvier 2021.
« Nous apprécions la décision de la Cour aujourd’hui afin d’accélérer le processus », a déclaré Roger Farah – président de Tiffany & Co – dans un communiqué. « Malgré les efforts continus de LVMH pour éviter de payer le prix convenu pour Tiffany, un procès le 5 janvier 2021 devrait aboutir à un jugement avant l’expiration de l’autorisation antitrust américaine le 3 février 2021 et nous permettre de protéger notre société et nos actionnaires ».
De son côté, LVMH a déclaré dans un communiqué qu’il « prend note de la décision de la Cour de chancellerie du Delaware. Celle-ci a déclaré que le procès devrait commencer en janvier 2021 et non avant la date limite du 24 novembre 2020 comme Tiffany & Co. l’avait demandé ». De plus, elle a déclaré que le géant du luxe est « pleinement confiant qu’il pourra démonter les accusations de Tiffany & Co et convaincre la Cour que les conditions nécessaires à l’acquisition de Tiffany ne sont plus réunies ».
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La bataille de 16 milliards de dollars entre le groupe de luxe LVMH de Bernard Arnault et le géant américain de la joaillerie Tiffany & Co. fait l’objet d’une décision de justice importante aujourd’hui. Les avocats de Tiffany & Co. tentent d’accélérer leur affaire et de forcer LVMH à conclure l’accord pour acquérir Tiffany – accord que LVMH a accepté en novembre.
Tiffany & Co. se bat pour avancer l’audience du tribunal du Delaware sur l’accord à la date de résiliation du 24 novembre spécifiée par l’accord. Si l’affaire n’est pas entendue avant la date de résiliation, les dirigeants de Tiffany craignent que toute décision ne soit controversée puisque l’accord aurait déjà expiré. La semaine dernière, LVMH a demandé au tribunal de rejeter la demande de Tiffany, affirmant qu’elle avait été déposée « fébrilement et précipitamment » et qu’ « il n’y avait aucune raison objective pour que le procès à venir n’ait pas lieu dans un délai normal ». La société a aussi demandé au tribunal de tenir le procès dans six ou sept mois.
Vendredi, LVMH – accusé par Tiffany de vouloir « faire passer le délai » de l’opération – a confirmé qu’il avait soumis l’opération à la Commission européenne pour approbation, l’une des nombreuses mesures à prendre avant que la fusion puisse être réalisée. en outre, il s’agit d’un signal opportun au tribunal américain que le géant du luxe agit de bonne foi. Une source proche de LVMH a déclaré à Forbes que Tiffany ne peut plus prétendre que LVMH traîne les pieds. Un porte-parole de Tiffany, quant à lui, s’est dit « ravi » que le dépôt ait « enfin été effectué », mais « la rapidité avec laquelle LVMH a agi après que Tiffany a déposé sa plainte dans le Delaware ne fait que souligner les retards et le non-respect de l’accord de fusion par LVMH au cours des mois précédents ».
Qu’est-ce qui n’a pas fonctionné ?
L’accord était tranquillement en suspens jusqu’à il y a deux semaines, lorsque LVMH a fait une annonce importante : la société a déclaré qu’elle mettrait l’accord en suspens, citant une lettre du ministre français des affaires européennes et étrangères qui est arrivée « en réaction à la menace de taxes sur les produits français par les États-Unis ». LVMH a affirmé qu’il lui avait été « ordonné » de « reporter » l’acquisition de Tiffany après le 6 janvier de l’année prochaine. Tiffany & Co. a immédiatement intenté un procès le 9 septembre.
Alors que la relation entre LVMH de Bernard Arnault (la personne la plus riche d’Europe) et Tiffany (la marque qu’il décrivait autrefois comme une « icône américaine ») – continue de s’effriter, d’autres détails sont maintenant apparus. Une source interne au géant américain de la joaillerie a déclaré à Forbes que Tiffany est prêt à intenter un procès et ne voit aucun argument en faveur d’une réduction de prix.
L’une des principales plaintes de LVMH est que Tiffany a continué de verser 70 millions de dollars de dividendes par trimestre, même pendant la pandémie. Selon la source de Tiffany, le dividende de 0,58 dollar par action était « très clair » dans l’annonce de l’opération et dans la déclaration de procuration, et toute modification du dividende aurait risqué de provoquer un litige entre actionnaires et de retarder encore l’opération (une réclamation que LVMH conteste).
Tiffany étant dans une position financière solide, détenant quelque 1,1 milliard de dollars de réserves de trésorerie selon un récent dépôt auprès de la Securities and Exchange Commission, la source allègue que LVMH a utilisé la pandémie comme « excuse » pour tenter d’arrêter le versement des dividendes. Cela aurait eu pour effet d’augmenter les liquidités au bilan dont LVMH aurait hérité lors de l’acquisition de la société.
LVMH n’a pas répondu à une demande de commentaires supplémentaires sur ces allégations.
Toutefois, les préoccupations de la société concernant l’état du marché américain et la réaction de Tiffany & Co. à la pandémie sont bien documentées. Après que Tiffany ait annoncé une perte nette de 32,7 millions de dollars au cours du premier semestre 2020, contre un bénéfice de 261 millions de dollars sur la même période en 2019, LVMH a qualifié les résultats et ses prévisions pour 2020 de « décevants » et « nettement inférieurs à ceux des marques comparables du groupe LVMH pendant cette période ».
Une source du camp LVMH a déclaré à Forbes la semaine dernière que les dividendes versés par Tiffany & Co. aux actionnaires depuis l’annonce de l’opération, en particulier ceux versés en mai et août pendant la pandémie, s’élèvant à 140 millions de dollars, étaient considérés par LVMH comme « littéralement brûlants » et comme une source de réelle inquiétude. Le PDG de Tiffany, Alessandro Bogliolo, a déclaré la semaine dernière que « les allégations de LVMH concernant la mauvaise gestion sont à la fois fausses et non pertinentes d’un point de vue juridique ».
Suite à la publication d’un article sur le site d’information de l’industrie de la mode WWD, les premiers signes de difficultés de l’accord sont apparus en juin. L’article fait état des inquiétudes du conseil d’administration de LVMH à la fin du mois de mai concernant l’état du marché américain et la capacité de Tiffany à couvrir ses dettes. Tiffany & Co. a depuis rejeté l’allégation en invoquant sa forte position de liquidité et ses réserves de trésorerie. L’article ne mentionne pas spécifiquement les dividendes ou l’influence de la politique française ; les deux points clés des déclarations de LVMH depuis septembre. Toutefois, à ce stade, les négociateurs de Tiffany ont commencé à se préparer à protéger le prix convenu par le biais d’un litige, selon une source de Tiffany actuellement impliquée dans le procès.
L’argument de Tiffany & Co. pour accélérer leur plainte sera entendu à 15 heures, heure des États-Unis, aujourd’hui.
<< Article traduit de Forbes US – Auteur (e) : David Dawkins >>
<<< A lire également : LVMH Affirme Qu’Il Va Poursuivre Tiffany & Co.>>>
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