[Article publié le 9 juillet et mis à jour le 12 juillet] Le Lutetia fait peau neuve. Ce 12 juillet, l’hôtel emblématique de la rive gauche de Paris dont la façade s’affiche fièrement boulevard Raspail, à quelques pas du Bon Marché qui l’a fait naître, rouvre ses portes au public. Plus de quatre ans de travaux ont été nécessaires pour rénover de fond en comble cet immeuble imposant construit en 1910. Pour cette renaissance, l’hôtel monte en gamme avec la création d’un spa, d’un bar et d’une brasserie, l’ouverture de terrasses… Loin du simple coup de pinceau. Avec, en ligne de mire, l’obtention de la mention Palace. Visite.
La façade est blanche. Presque étincelante dans la lumière du mois juillet. A l’angle du boulevard Raspail et de la rue du Four, dans le 6ème arrondissement de Paris, quelques panneaux de bois indiquent encore la présence de travaux. Plus pour longtemps. Quatre ans après sa fermeture, le Lutetia rouvrira ses portes au public dès le 12 juillet.
Après l’entrée solennelle, au numéro 45 du boulevard Raspail, le lobby donne un premier aperçu fidèle de l’esprit des lieux : un savant mélange d’art déco, d’art nouveau et de modernité.
Dressé en 1910 en face du Bon Marché par Marguerite Boucicaut, propriétaire, du premier grand magasin de la capitale, l’hôtel avait pour vocation d’accueillir les fournisseurs et les clients venus de province. Très marqué « esprit rive gauche », le Lutetia vit séjourner les grands écrivains du XXème siècle. Après un rachat en 2010 par le groupe Israëlien Alrov et le ravalement opéré par l’architecte Jean-Michel Wilmotte, le Lutetia version 2018 risque d’accueillir une clientèle sensiblement différente.
Avec déjà cinq étoiles, de nouveaux services et des nuitées de 800 euros en moyenne (et jusqu’à 20 000 euros la suite), l’objectif est de monter en gamme et obtenir rapidement le label Palace. Jean-Luc Cousty, directeur général de l’hôtel mise sur la localisation rive gauche et l’histoire du lieu. Coût des travaux : plus de 200 millions d’euros.
« Nous avons creusé 17 mètres sous le bâtiment », précise l’architecte Jean-Michel Wilmotte en faisant défiler quelques photos du chantier pharaonique auquel il s’est attelé. Sur les images, les murs porteurs, les charpentes. Tout le reste, plafonds, planchers, cloisons, toiture, décoration, ont été rayé de la carte. Première étape, la mise aux normes. Et au sous-sol, la création ex nihilo d’un spa de 700 mètres carrés avec hammam, jacuzzi, puit d’eau froide et piscine de 17 mètres de long éclairée par la lumière naturelle venue du boulevard. L’accès au spa sera réservé à la clientèle de l’hôtel, mais aussi, sur abonnement (autour de 8 000 euros l’année) pour les personnes extérieures.
« C’est un hôtel qui était sombre, je voulais y faire entrer la lumière », ajoute Jean-Michel Wilmotte. Création de terrasses au dernier étage, de cours intérieures et de puits de lumière (avec par exemple la suppression du plafond du restaurant Saint-Germain), jeux de miroir au comptoir du bar Joséphine et surtout, utilisation des fenêtres. C’est ainsi que de plus de 230 chambres à l’origine, l’hôtel est passé à 184 chambres et suites aujourd’hui. « Nous avons abattu les cloisons pour faire en sorte que chaque salle de bain dispose d’une fenêtre et bénéficie de la lumière du jour. »
Les chambres, bleutées côté boulevard, beige côté cour, et pour y accéder, un ascenseur irradié de lumière naturelle et un couloir très sombre, en bois, comme l’intérieur d’un bateau de luxe. Malgré la référence au bateau de la devise de Paris « Fluctuat nec mergitur », l’effet est surprenant.
« C’est un lieu emblématique de Paris », nous raconte Jean-Michel Wilmotte, « pour l’histoire de l’architecture et pour l’histoire de l’hôtel très marqué rive gauche ». « Nous y apportons une touche de modernité par l’éclairage, le mobilier, de nouvelles matières. » Un paquebot unique situé rive gauche quand les hôtels de luxe de la capitale se concentrent de l’autre côté des flots de la Seine.
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