Si l’on s’émerveille devant ses robes de mariée romantiques et rock, on connait peu cette passionnée qui façonne sa marque avec soin et fermeté.
C’est avec un sourire éclatant, un regard espiègle et un look à la garçonne que Rime Arodaky, fondatrice designer de sa marque éponyme de robes de mariées, m’accueille dans son antre virginal Avenue Hoche où tout est blanc et épuré.
Les espaces sont fluides, le parquet en bois blond et les robes de mariée suspendues sur des barres flottent légèrement dans la lumière tamisée du matin avec grâce et élégance. On ne voit qu’elles et il n’y a qu’elles !
Un univers magique qui accueille chaque jeune femme en quête de sa tenue pour le plus beau jour de sa vie et la fait rêver !
Conversation à bâtons rompus avec Katya Pellegrino
Qui se cache derrière la créatrice designer ?
Rime Arodaky : Difficile de parler de soi mais je peux au moins dire que je suis une grande rêveuse et qu’enfant j’étais très solitaire. Je suis née à Paris, de parents d’origine syrienne, arrivés il y a 50 ans en France et la chance d’avoir deux sœurs pianistes.
Mes parents qui ont travaillé très durement pour y arriver ont été mon modèle. Ils m’ont inculqué le sens de l’effort et du travail tout me donnant une éducation assez libre.
Enfant je passais mon temps à dessiner et je pense que c’était ma vocation. Ma mère m’emmenait chez des maisons de couture assister à des défilés, où je restais bouche bée ! C’est là où j’ai eu le déclic et décidé que je travaillerais dans la mode. Mes parents m’ont toujours soutenu dans ma décision tout en me poussant à travailler très dur pour être la meilleure (sourire).
À quel moment avez-vous décidé de vous tourner vers les robes de mariage ?
J’ai toujours voulu avoir ma marque étant une entrepreneuse dans l’âme mais j’avais conscience qu’il fallait d’abord que je fasse mes armes chez les autres.
Ma première expérience fut avec Sonia Rykiel où je reste quatre ans.
Des années qui m’ont beaucoup appris et permis d’avoir le plaisir de travailler avec Sonia pour la maille et avec sa sœur pour les accessoires. J’aimais déjà ce style particulier qu’elle proposait, qui me parlait avec ce mélange de féminité, de garçon manqué et de glamour.
Qu’avez-vous fait après Sonia Rykiel ?
Ce fut une période un peu compliquée où j’ai beaucoup travaillé avec des missions chez Tara Jarmon, Lingerie Dior, Zara… Puis dans les années 2004 2005, j’ai eu une opportunité par un ami de mon oncle qui cherchait une styliste multifonctions, à Shanghai. J’y suis restée un an.
Rime Arodaky : En 2010, je commence à créer des robes de mariée pour des amies et lance mon blog où je me mets en scène les robes, donnant des conseils et ma perception de la mode. J’ai ainsi drainé une communauté qui m’a suivie et m’a permise de me faire connaître
Que vous a appris cette expérience en Chine ?
J’ai surtout appris à travailler avec des employés de cultures différentes, qui ne parlaient pas l’anglais ! Je me suis donc mise à apprendre quelques mots de mandarin pour me faire comprendre, ce qui m’a permis d’être respectée et le plus important de pouvoir gérer cette équipe, ce qui me sert beaucoup aujourd’hui.
Pour vous quelle est la réussite d’une marque ?
Il faut déterminer les valeurs d’une maison, comment la faire grandir et l’inspirer et surtout vendre avec son cœur et sa passion !
Comment créez-vous votre marque ?
En 2006 je me lance seule chez moi. Je dessine et crée des robes, avec un petit atelier de fabrication à Toulouse.
J’ai du succès avec mes quatre points de vente à New York au Japon à Dubaï et à Paris. Mais en six mois je n’ai plus de stock. Mon seul problème à l’époque concernait mon manque de connaissances en gestion et ne me permettait pas de rentrer dans mes frais.
Je mets donc ma société en sommeil et je continue mes missions en 2009.
Que faites-vous à ce moment ?
Je travaille alors pour une marque, Hugo Zaldi. où je suis embauchée durant un an et demi pour concevoir des robes du soir et de cocktail. Comme la marque créait également des robes de mariée, j’ai eu beaucoup de plaisir à en dessiner.
J’ai alors le déclic ! Je me rends compte que l’on peut extrapoler en étant très créatif avec ce type de robes. En finissant cette mission je décide alors de réveiller ma marque à condition d’avoir un véritable concept (ce que m’avait suggéré quelqu’un de chez l’Eclaireur.)
J’avais envie et en tête de dessiner une mode qui habille les femmes d’une manière nouvelles, sans tabou et surtout une collection qui me parle et me corresponde.
A quel moment commencez-vous avec les robes de mariée ?
En 2010, je commence à créer des robes de mariée pour des amies et lance mon blog où je me mets en scène les robes, donnant des conseils et ma perception de la mode. J’ai ainsi drainé une communauté qui m’a suivie et m’a permise de me faire connaître.
Ma première année de robe de mariée je l’ai faite en solo ! J’ai eu 14 clientes, ce qui m’a permis de commencer à gagner ma vie et surtout de créer une mise en scène pour mettre en avant les robes que j’avais dessinées et de constituer ainsi une trame de ce qui allait devenir le début de ma collection.
Je voyais bien qu’à cette époque les femmes souhaitaient autre chose et que les codes du mariage changeaient.
Enfin en 2012/2013 je réveille ma marque d’un coup de baguette magique et je m’installe rue de Richelieu, puis rue Montmartre/rue d’Aboukir, enfin depuis un an, ici avenue Hoche avec la volonté de monter en gamme avec des codes du luxe.
Quel est votre style ?
C’est un mélange de femme affranchie, rebelle, et ultra sophistiquée comme chez Sonia.
J’ai des propositions audacieuses et pointues, ensuite je m’adapte, bien entendu, au goût et au besoin de mes clientes.
Quelles sont les codes de la mode ?
C’est un mélange de genres. Il faut raconter une histoire et surtout mettre un peu de son cœur et de son âme. Moi-même j’ai été « infusée » par les années 90.
Quelles sont les marchés que vous ciblez ?
Nous sommes très présents en France et nous nous développons aux États-Unis, en Grande-Bretagne et en Irlande. Je regarde également le marché asiatique, le Moyen-Orient et nous voulons continuer à nous développer en Amérique du Nord.
Combien de personnes travaillent pour vous ?
Actuellement, j’ai 22 personnes qui travaillent pour moi.
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