En arrivant à Phoenix après un voyage assez long, histoire de se remettre de la fatigue et de ne pas trop souffrir du “jetlag”, je vous propose une expérience « golf » très originale et peu pratiquée dans le monde : jouer un 18 trous uniquement composé par 3. Dans un cadre fabuleux, le bien nommé “Short Course” est entouré des “Mummy Mountains” dominées par la fameuse montagne “Camelback” de Scottsdale. Un récit par Jean-Louis Calmejane.
Arizona : destination golf, et plus si affinités
Pour bien m’imprégner de l’ambiance, j’ai posé mes valises au “Mountain Shadows”, le moderne boutique hôtel haut de gamme de charme qui jouxte le parcours. Créé dans les années 1960 et couru par tout le gratin du showbiz Hollywoodien de l’époque (de John Wayne à Elizabeth Taylor), qui venait passer leur hiver bien au chaud, cet hôtel emblématique a subi récemment un lifting complet le transformant en boutique hôtel au design high tech. Inspiré par le modernisme des années 1950, avec en toile de fond une vue à couper le souffle, “Mountain Shadows” est une destination vraiment unique et originale en matière de luxe en région désertique. Une sorte de référence dans le design distinctif.
« Bienvenue au paradis »
Situé dans le plus que bien nommé “Paradise Valley”, un des quartiers luxueux de Scottsdale, “Mountain Shadows” surprend au prime abord par sa modernité et son aspect massif et anguleux. 183 grandes, modernes et très confortables chambres, disséminées sur trois étages, entourent deux longues et étroites piscines. Face au sud, elles s’ouvrent sur un paysage presque féerique dominé par les fameuses “Mummys Mountains”. Ma chambre, au-delà d’être particulièrement spacieuse, avait cette particularité, très à la mode dans ce genre de boutique hôtel, d’avoir un grand lit kingsize entouré d’une grande douche à parois de verre et d’une baignoire donnant sur un balcon, lui-même situé au-dessus des piscines de l’établissement. Une des ailes de l’hôtel est formée par 42 suites et villas de luxe, certaines d’entre-elles entourant les derniers greens du “Short Course”.
Le restaurant de l’hôtel, “Hearth’ 61”, ne dépare pas du cadre moderne environnant. Très ouvert sur les halls et le lobby, haut de plafond, il est précédé sur le côté par un bar tout en longueur entouré d’un comptoir autour duquel on peut prendre un verre juste avant de passer à table, tout en écoutant un orchestre jouer en live une musique, très “lifestyle” elle aussi. Bien qu’assez bruyant, j’y ai délicieusement dîné ; je ne saurai trop vous conseiller les huîtres du jour et le tartare de thon, un régal surprenant en pleine région désertique… Bien sûr, on peut toujours y déguster les traditionnels plats américains dont, pour ceux qui ont un solide appétit, un “Niman Ranch Tomahawk Rib Eye”, le T-bone steak local.
Le bien nommé « Short Course » de Mountain Shadows
Après une si belle mise en bouche, j’étais très impatient de découvrir ce fameux “Short Course” dont j’avais déjà beaucoup entendu parler. Si en France les “Pitch & putt” (parcours de 9 à 18 trous, tous des par 3 d’une longueur variant de 40 à 90 mètres) ont tendance à se développer, à ma connaissance, il n’existe pas de parcours proposant 18 vrais par 3 allant de 63 à 174 mètres comme le “Short Course” de Mountain Shadows, d’où mon excitation à l’approche de pouvoir jouer ce parcours. Pour mieux humer l’atmosphère qui peut régner autour d’un tel golf, je me suis amusé à arriver deux heures avant mon heure officielle de départ. Situé au pied de l’hôtel, les joueurs venant de l’extérieur entrent sur le parcours par le pro-shop du club house. Très moderne lui aussi et bien achalandé, il ne dispose pas de vestiaires à proprement parler. Mieux vaut arriver déjà tout habiller, sinon on vous proposera une cabine d’essayage pour vous changer…
Déjà le matin ce jour-là, le “Short Course” accueillait une compétition réservée aux membres d’une entreprise locale. Hé, oui, ici aux Etats-Unis, tout le monde ou presque joue au golf ! Beaucoup de convivialité et de décontraction se dégageait de cette “réunion de travail” ; tant sur le parcours proprement dit qu’autour du putting-green où, à ma grande surprise, une demi-douzaine de haut-parleurs diffusait une musique plutôt rythmée et percutante. Précédant le putting-green, juste à côté du pro-shop et face au parcours, se trouve un bar restaurant, le “Rusty’s”, complété par une terrasse au-dessus de laquelle quelques brumisateurs font office de rafraîchissement bienvenu. Deux serveuses, plutôt accortes au style Bunnies, y servaient boissons et autres hamburgers aux “guests” de la compétition en attendant la remise des prix.
Un 9 trous transformé en 18 trous
A l’origine, en 1961, “Mountain Shadows” était un 9 trous classique signé Arthur Jack Snyder, célèbre architecte de golf. Réputé pour sa beauté et son intérêt golfique, joué par les grandes vedettes du golf et du showbiz de l’époque, “Mountain Shadows” a lui aussi subit une transformation encore plus radicale que l’hôtel. D’un 9 trous classique et de bon aloi, il est passé à un 18 trous, composés uniquement de vrais par 3 à l’aspect ludique évident. Cette transformation radicale, on la doit à l’architecte Forrest Richardson, un élève de Snyder avec lequel il a beaucoup travaillé. Sur ce parcours, la longueur des trous varie de 63 à 174 mètres pour les départs arrière, avec pour chaque tee de départ trois marques : arrière, milieu et avant. De plus, chaque green dispose de cinq positions possibles de drapeaux. Tous les jours les drapeaux changent de place. Le bord intérieur de chaque trou est aussi tous les jours peint en blanc, signe évident de la méticulosité apportée à l’entretien. Sur des greens tous très différents dans leur configuration, avec pour certains d’entre eux des doubles plateaux et des pentes sévères, l’intérêt du jeu est décuplé. Ici, on peut ne jamais jouer le même parcours !
Un sac de golf avec 15 clubs !
Quand j’ai pris possession de ma série de clubs de location, des “Ping” de très bonne qualité, j’ai été très étonné de constater que l’on me fournissait une série complète. Je pensais naïvement qu’une demi-série suffirait amplement pour ne faire que des par 3. “Nous acceptons des joueurs de tous niveaux. Certains n’utiliseront que des fers mais d’autres seront heureux de prendre un driver au départ des trous les plus longs” me précisa tout de suite Jim, le charmant jeune homme préposé au départ. Je lui fis cependant remarquer que mon sac contenait 15 clubs, alors que normalement 14 au maximum sont autorisés. “Le plus important ici, c’est de s’amuser ! Pour cela, nous avons disposé dans votre sac quatre Wedges différents : le pitching wedge classique avec une ouverture de 46°, un autre, plus ouvert, de 52°, un sand-wedge de 56° et enfin un lob-wedge de 60°. Et vous verrez, vous les utiliserez tous !”. Quoi de mieux pour travailler ses approches quand on ne touche pas forcément le green au premier coup.
Un parcours bien rythmé
Les trois premiers trous d’une longueur successive de 97, 146 et 140 mètres des départs arrière font en quelque sorte office de practice. En effet, le “Short Course” ne dispose pas de practice, et en trois trous on se fait déjà une bonne idée de ce qui nous attend sur les quinze suivants. D’autant que dès le quatrième trou on aborde le trou considéré comme le plus difficile du parcours. Il est vrai qu’il est le plus long, en montée avec ses 174 mètres des backs-tees et un hors limite tout de suite à droite. Il porte aussi le nom de Biarritz, allez savoir pourquoi ? Sur ces trois premiers trous, j’ai déjà pu expérimenter toutes sortes d’approches et constater la bonne qualité des greens qui pitchent bien et ont une bonne vitesse égale sur chacun d’entre eux, la même que sur le putting green. Le plus remarquable, c’est la diversité de qualité et de densité des gazons qui entourent chaque green. Je comprends mieux pourquoi le sac propose quatre wedges différents. En effet, comme c’est très souvent le cas sur les golfs américains, les greens sont entourés de trois sortes de gazons, tous très compacts et resserrés. Tondus à différentes hauteurs, (relativement court pour le premier collier, plus haut pour le second et franchement assez haut pour le troisième qui fait office de petit rough mais laisse tout de même parfois la balle apparaître) ils exigent du joueur une utilisation judicieuse du club choisi. Là encore, l’idéal pour travailler ses petites approches.
Le trou signature et l’amen corner
Sur la carte de score, j’avais bien remarqué qu’entre les trous 17 et 18 une colonne intitulée FW (The Forrest Wager ou le pari de Forrest) s’était intercalée, sans précisions de distances. Et effectivement, c’est le “plus” de ce parcours décidément très original. Avant d’aborder le 18, l’architecte Forrest Richardson a eu la bonne idée de proposer aux joueurs un petit challenge supplémentaire avec un green en descente d’une cinquantaine de mètres de long que l’on peut aborder au choix de la partie au putt ou au chip. A l’entrée du Forrest Wager, sur la pancarte d’accueil, il est précisé que ce trou peut faire l’objet d’un pari, d’où son nom, mais aussi qu’il peut permettre à un joueur de la partie de prendre de l’avance en cas d’égalité jusque-là, ou encore d’avoir enfin la possibilité de scorer plus bas que sur les autres trous, le FW étant un par 2. C’est ce que je fis avec bonheur, réussissant à placer ma balle à moins d’un mètre du trou au putting après mon premier coup, rattrapant par la même occasion quelques 3 putts lâchés sur les trous précédents… Il n’est pas souvent donné l’occasion d’effectuer des putts aussi longs, ponctués qui plus est de pentes contradictoires et ou la bonne lecture de la ligne est essentielle avec l’appréciation de la distance. J’ai bien apprécié la trouvaille architecturale de Forrest Richardson, très en phase avec l’esprit ludique de son parcours. Elle est géniale et ponctue de manière très originale la signature d’un golf pas comme les autres.
Un parcours pour tous les publics
En attendant mon heure de départ, je me suis amusé à observer les joueurs qui me précédaient sur le parcours. J’ai eu la surprise de constater une grande hétérogénéité parmi eux. Au-delà, des participants à la compétition d’entreprise, déjà très différents les uns des autres, j’ai vu un père partir avec son très jeune fils, à pied sac au dos tous les deux, puis deux jeunes femmes, dont une visiblement très débutante…, suivies d’une partie de quatre copains, des trentenaires l’air en goguette, où dès le premier trou il était déjà question de paris. Ils se partageaient aussi tous les quatre une seule et même voiturette à quatre places ; on sentait que la partie n’allait pas être triste ! Autre avantage de ce genre de parcours : le temps de jeu. J’ai mis une heure pour jouer les neuf premiers trous et une heure dix pour les dix derniers, FW compris, et je n’ai pratiquement jamais attendu au départ de chaque trou, sauf au 13 où se trouvent, il faut le souligner des toilettes et une réserve à glaçons, ceci expliquant peut-être la courte attente au départ de ce trou… Le coût est également étonnant. Vous ne débourserez que 55 $ pour faire les 18 (19) trous à pied sans chariot, 57,50 $ si vous empruntez un chariot manuel et seulement 60 $ (soit un peu plus de 51 €) si vous utilisez une voiturette, ce qui est ici, comme sur de très nombreux parcours aux Etats-Unis, fortement conseillé (quand ce n’est pas obligatoire) toujours dans le but d’accélérer le jeu. Bref, une belle expérience de golf au cours de laquelle je me suis bien amusé et que je n’hésiterai pas à renouveler si mes pas, mais pas seulement eux…, me conduisent de nouveau en Arizona.
* La marque “Ping”, très réputée et connue des golfeurs, est née à Phoenix. Son créateur Karsten Solheim est à l’origine du premier club Ping, un putter. Il est possible de visiter gratuitement l’entreprise, il faut pour cela réserver et s’y prendre quelques mois à l’avance… La famille Solheim, fière de partager l’histoire et le succès de Ping Golf, est aussi à l’origine de la fameuse “Solheim Cup”, pendant féminin de la non moins fameuse “Ryder Cup”.
“Ping”
2201 W Desert Ave
Phoenix AZ 85029
Tél : 602 687 5385
Mon avis
Sceptique au départ, tout en me disant “après tout pourquoi pas”, je suis revenu emballé par l’expérience, car c’en était une pour moi, modeste mais passionné golfeur, et habitué à ne jouer que sur des 18 trous classiques.
Sur le “Short Course”, j’ai encore plus pris conscience de l’importance du petit jeu, j’ai pu compter sereinement mon nombre de putts (encore trop nombreux), et surtout j’ai pu tâter le pouls du golf américain dans cette région qui respire golf. Je n’aurai qu’un regret, ne pas avoir pu le rejouer le lendemain…
J’ai aussi beaucoup apprécié le “Rusty’s”, le bar restaurant du club house (le 20ème trou ici…) où j’ai pu, après mon parcours, siroter, gratuitement en tant que client de l’hôtel, un “Spritz”, mais où surtout j’ai pu ressentir toute l’atmosphère du golf américain très décontracté et ici très ludique.
L’hôtel est quant à lui à l’image du parcours, étonnant et très confortable, surtout après un long voyage.
Et, comme il n’y a pas que le golf dans la vie, et aussi comme le suggère le titre de cet article, je ne saurai trop vous conseiller de prendre du temps (au moins une demi-journée) pour aller visiter le Musical Instrument Museum (MIM) situé à quelques encablures de l’hôtel, c’est une des nombreuses attractions de l’Arizona à ne pas louper.
“The Short Course”
Par 54 de 2079 mètres.
5445 East Lincoln Drive
Paradise Valley
AZ 85253
Tél: 877.725.6029
www.shortcoursepv.com
Mountain Shadows
5455 East Lincoln Drive
Paradise Valley
AZ 85253
Tél : 480.624.5455
www.mountainshadows.com
www.mim.org
www.visitarizona.fr
www.visitarizona.com
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