A chaque défilé, il crée l’événement. Ses robes de princesse sont de tous les tapis rouge, Elie Saab s’inscrit dans la lignée des plus grands couturiers laissant à la mode un immense héritage. Le designer libanais aborde avec une rare humilité son statut de star des podiums et son rôle de précurseur dans l’émergence d’une génération de stylistes talentueux originaires du Pays des Cèdres. Rencontre avec un génie si attaché à son humanité.
Quelles sont les personnes qui ont compté dans votre vie professionnelle et personnelle ?
Elie Saab : J’ai toujours été inspiré, impressionné par messieurs Valentino et Dior. Ils ont donné le ton et beaucoup de bon goût en matière de mode féminine. A titre privé, j’ai eu l’opportunité de côtoyer tellement de personnalités influentes allant des premières Dames, aux têtes couronnées en passant par des acteurs. J’ai beaucoup appris en travaillant avec ces célébrités. Mais s’il y a bien une figure marquante dans mon existence, c’est le Cheikh Zahed, père-fondateur des Emirats arabes unis. Je n’avais pas encore 18 ans quand j’ai rencontré ce grand monsieur. Sa simplicité, sa sagesse, sa vision, m’ont à jamais marqué. Dans ma vie, je me suis rendu compte très tôt que, finalement, ce sont les personnes simples qui ont le plus d’impact sur vous.
Est-ce qu’une femme en particulier vous a fait aimer la mode ?
Toutes les femmes libanaises, leurs souffrances m’ont nourri. Ces femmes combatives toujours prêtes à se sacrifier pour leurs enfants. Leur don de soi m’a bouleversé. J’ai toujours eu à cœur de les rendre plus belles encore. Tout a commencé à partir de là.
Vous avez ouvert la voie à une génération de designers libanais très doués. Le « made in Beyrouth » est une signature qui n’a rien à envier au « made in Paris ». Vous êtes un rôle modèle pour beaucoup, comment le vivez-vous ?
Depuis le début, j’ai souhaité ouvrir les portes de ma société à la jeunesse du Moyen-Orient, d’Afrique du Nord et même d’Europe. C’est toujours un plaisir pour moi de partager mon savoir-faire. Aussi, j’ai senti comme une responsabilité d’aider ce public issu du Golfe ou du Maghreb en raison de leur éloignement à ce monde. Le métier de styliste haute couture n’existait pas vraiment, il n’avait pas la place qu’il occupe aujourd’hui. Alors oui, bien sûr, nous avions des couturiers, mais les designers ne concevaient pas de collections en lien avec les grands calendriers internationaux de la mode. C’est pourquoi, je suis si fier aujourd’hui du travail accompli, d’avoir rendu les choses possibles aux yeux de différentes générations.
Mon engagement se poursuit à travers un programme à la Lebanese American University de Beyrouth. Auparavant, il n’y avait pas de diplôme fashion. Depuis 2011, date de création de cette formation académique, il est possible pour des Egyptiens, Jordaniens…d’acquérir un diplôme au terme de quatre ans d’études.
Votre spécialité est la robe de rêve, celle qui semble tout droit sortie d’un conte de fées. Derrière cet onirisme, quel est votre message aux femmes ?
La robe de princesse a toujours été le produit phare de la Maison, tout cela vient du respect que j’ai pour la femme. J’aime célébrer sa féminité, sa beauté. D’ailleurs, j’ai bâti tout mon succès sur cette pièce et sur la manière dont elle sublime la femme. Aujourd’hui, toutes les femmes en quête d’une robe d’exception s’adressent à la Maison Elie Saab
La femme Elie Saab ressemble à une déesse, à un mirage, nous le voyons tapis rouge après tapis rouge…
Je répète toujours que je fais des « cadres » dont la vocation est de magnifier la beauté de la femme. Malgré tout le travail accompli sur mes robes, c’est la femme qui rayonne et exprime son plein potentiel. Je ne mets pas le produit en compétition avec elle, la star, c’est bien la femme.
La crise agit comme catalyseur de créativité pour la mode en poussant les artistes en dehors de leur zone de confort. Quelle est votre réponse artistique à la pandémie et aux crises qui secouent le monde ?
Durant la pandémie, notre Maison a continué à respecter son agenda, a présenté ses collections. Nous avons aussi réussi à lancer tous les projets selon la feuille de route établie. En fait, nous n’avons jamais cessé de travailler ! Le prêt-à-porter a été décliné online, il fallait donc suivre le mouvement. S’agissant de la haute couture, nos clientes n’ont pas changé la date de leur mariage, de leurs événements, les cérémonies étaient justes plus restreintes. D’un point de vue créatif, je n’ai pas ressenti d’impact. Pendant cette période très importante pour tout à chacun, je suis juste resté plus longtemps seul avec moi-même.
Quand on a habillé les plus belles et influentes femmes du monde, est-ce qu’il reste un rêve ultime à réaliser ?
Bien sûr ! Je suis entièrement dédié à mon projet de construire une marque diversifiée capable de toucher toutes les femmes du monde entier à travers différents produits (parfums, accessoires, couture…). Cela me donne beaucoup de motivation ! J’ai envie de m’étendre toujours plus loin, d’ouvrir de nouveaux magasins, de développer de nouvelles expériences de marque.
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