Hypnotique ! A l’occasion de la Fashion week parisienne qui s’est clôturée jeudi, Jean Paul Gaultier a dévoilé une collection Haute Couture d’inspiration sixties, avec comme fil rouge l’art optique. Plus qu’un défilé, l’enfant terrible de la mode nous a transportés à l’âge de ses 18 ans lorsqu’un certain Pierre Cardin « lui a donné sa chance« , confiait en coulisses le créateur gagné par l’émotion. De Marion Cotillard à Amanda Lear en passant par Iris Mittenaere, ex Miss France et Miss Univers, ou Nicolas Ghesquière, le public a ovationné le couturier.
« Il est l’homme qui a cru en moi. Je n’avais pas fait d’école de mode et pourtant, il a eu cette ouverture d’esprit, plus encore, cette modernité de me laisser essayer », L’hommage du fils spirituel à son mentor s’avère électrique, psychédélique. Du noir, du blanc, des spirales, des franges et, par intermittence, des teintes chatoyantes, Jean Paul Gaultier a célébré les années 60, durant son défilé Haute Couture de la semaine de la mode à Paris. Le créateur à la célèbre marinière, remisée pour l’occasion, a rendu hommage mercredi au doyen des couturiers, Pierre Cardin, auprès de qui il a débuté, lycéen.
« Il a été le premier en tout ! », lance Jean-Paul Gaultier intarissable au sujet du styliste légendaire et à la longévité inégalée : 70 ans de carrière jalonnées de succès, bien au-delà de nos frontières. « Il a été précurseur en ouvrant des boutiques à l’étranger, en faisant défiler des mannequins originaires d’Asie. A la fois créateur, gestionnaire, comptable, superviseur en chef, Pierre Cardin, ne s’est jamais économisé. », témoigne l’ancien assistant. Pour compléter l’impressionnante biographie de l’homme d’affaires, il rappellera, aussi, le rôle de mécène de son père spirituel dans le monde des arts et de la culture, auprès desquels il a toujours affiché un inextinguible soutien.
Une femme forte et affirmée
La collection Printemps/Eté 2018 se veut épurée. Plus que d’habitude. Le maître d’hier veille. « J’ai essayé d’enlever les choses en trop, quelquefois j’ai tendance à m’éparpiller. Une fois, Pierre Cardin avait vu un de mes croquis et m’avait dit : enlevez cela, il y a trop d’idées, travaillez plus pur », se souvient le designer, un brin nostalgique. Défilant au rythme des plus célèbres hymnes des années 60 : Comic strip de Gainsbourg accompagné du sex symbol Bardot, 69 : année érotique de Birkin, ou encore sur des classiques de France Gall, honorée à plusieurs reprises ce jour aussi.
La femme Gaultier, maîtresse d’elle-même, est résolument affirmée et entreprenante. Doit-on y voir une résonance avec la déferlante #Metoo qui secoue depuis plusieurs mois notre société ? La déflagration, partie des collines d’Hollywood, a rattrapé le monde – plus ordinaire – de femmes anonymes qui révèlent aujourd’hui les nombreuses inconduites sexuelles et, pour certaines, les agressions, dont elles ont été victimes. Une journaliste tente de questionner le couturier star au sujet de cette actualité. La réplique de Jean Paul Gaultier est sans détour : « J’ai toujours été très clair dans mes positions en encourageant l’image d’une femme forte, libre et ne se laissant pas faire ! ». Le défilé du jour ne manque pas de le rappeler.
Expressives et virevoltantes, les mannequins surgissent d’une époque parallèle, les sixties, à partir d’une porte circulaire, animée par des images écliptiques magnétisantes. Coiffées de torsades multicolores, elles évoluent sur le podium avec grâce et audace. La frange, déclinée dans toutes les couleurs, est omniprésente. Le spectacle se situe aussi au niveau des accessoires : colliers plastrons géométriques en métal, boucles d’oreille spirales XXL, bracelets manchettes imposants, la griffe Gaultier perpétue son extravagance. Oui mais, avec chicissime !
« Vous êtes mon successeur«
Plus tard en coulisses, Pierre Cardin, est venu féliciter le roi du jour : « Moi c’est yesterday, vous c’est tomorrow« . Jean Paul Gaultier qui a habillé les plus grandes, de Madonna à Mylène Farmer en passant par Kylie Minogue, a su démontrer, une fois encore, l’étendue de « son talent » et combien son irrévérence participait à sa légende. Les fashionistas adulatrices de la marque, venues en nombre rue Saint Martin, se pincent : « C’était comme un passage de relais. Un magnifique moment historique auquel nous avons assisté ! ».
« We love you Jean Paul Gaultier ! », conclut l’une d’elle dans un joyeux accent brésilien.
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