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Entretien | Karine Sebban-Benzazon, présidente de Vatel : « Le problème du recrutement reste surtout que le savoir-être est plus compliqué à acquérir que le savoir-faire »

Karine Sebban-Benzazon, présidente de Vatel ©FMarechal
Karine Sebban-Benzazon, présidente de Vatel ©FMarechal

Plus de 40 ans après sa création, le groupe mondial de l’enseignement du management de l’hôtellerie-tourisme Vatel compte 5 établissements en France (Paris, Lyon, Nîmes, Bordeaux, Nantes), 50 écoles à l’international, 9 000 étudiants et 45 000 diplômés. Karine Sebban-Benzazon, fille du fondateur Alain Sebban, a repris le flambeau familial le 1ᵉʳ octobre dernier et profite de cet entretien avec Forbes France pour faire le point sur les stratégies de développement du groupe.

 

Quel a été votre parcours avant de prendre la tête du groupe en octobre dernier ?

Après mon baccalauréat, j’ai obtenu un BTS Hôtellerie à Vatel Lyon, établissement qui à l’époque était dirigé par ma mère. Mes parents s’étaient répartis deux champs d’actions : mon père était à la gestion financière tandis que ma mère était très impliquée dans la pédagogie.

J’ai ensuite obtenu une maîtrise de ressources humaines en 1996 puis participé à des missions de gestion avec mon père qui souhaitait que je sois à ses côtés pour mieux comprendre son rôle, sur le terrain.

Ensuite, j’ai dirigé durant deux ans Hotel Assistance, agence spécialisée dans le recrutement hôtelier et créée par mes parents. C’est en 1999 que mon père m’a proposé de prendre la direction de l’école de Nîmes. Je n’avais que 27 ans et j’en ai été très touchée. J’ai gagné en confiance et, en 2007, ma mère a pris sa retraite et je l’ai remplacée à la direction générale de l’école de Lyon.

Est-ce que vous vous projetiez déjà à la place de votre père quand vous étiez plus jeune ?

En terminale, j’ai souhaité poursuivre mes études supérieures à Vatel bien que mes parents m’aient toujours dit que je n’y étais pas obligée. A l’occasion de mes stages successifs, je me suis très vite aperçue que j’étais passionnée par les relations humaines.

Que souhaitez-vous apporter au groupe en tant que nouvelle présidente ?

Il est important de préciser que j’occupe un bureau commun avec mon père depuis 2020 : en réalité, ma prise de poste officielle ne date pas d’octobre 2023 puisque le processus a été engagé depuis longtemps.

Je me lève tous les matins avec pour but de faire de nos étudiants les meilleurs professionnels sur le marché de l’emploi. Aussi je tiens à rester toujours très proche de la profession. Ceci me permet de mieux identifier ses besoins et tout ce qui touche à transformer ses métiers.

Comment mesurez-vous l’impact de la pénurie de talents en cours ?

Nos formations ne désemplissent pas et nous ne rencontrons pas réellement de problèmes de recrutement de nos diplômés à la fin de leurs études. Je dirais que le problème reste surtout que le savoir-être est plus compliqué à acquérir que le savoir-faire. Et c’est d’ailleurs pour cela que beaucoup de marques de luxe se rapprochent de nous : nous formons des talents qui présentent bien, qui s’expriment correctement et qui sont dotés d’un savoir-être très recherché.

Plusieurs études – notamment de l’INSEE – semblent confirmer que les jeunes actifs envisagent de changer de job au moins 4 à 5 fois au cours de leur vie. Qu’en pensez-vous ?

Je trouve qu’on leur répète trop souvent qu’ils vont changer d’entreprise tout au long de leur vie. De mon côté, je leur répète que s’ils aiment ce qu’ils font, ils évolueront et s’épanouiront. Notre secteur fait évidemment face à un turn-over mais cela concerne davantage les métiers très opérationnels.

J’insiste : si vous vous sentez bien à votre poste, ne pensez pas que l’herbe est toujours plus verte ailleurs. Cette tendance à changer très souvent rend les CV illisibles alors que les recruteurs restent attachés à une certaine logique de parcours.

Comment la technologie impacte les métiers de l’hôtellerie-tourisme ?

La technologie n’impacte pas réellement les compétences à acquérir pour exercer les métiers de l’hôtellerie. Certes, certains hôtels 2 ou 3 étoiles remplacent leur réception par des tablette mais l’humain reste toujours au cœur de notre secteur.

En revanche, la technologie impacte beaucoup plus la pédagogie. Il faut constamment lui adapter notre enseignement. En ce moment, c’est l’intelligence artificielle qui retient notre attention : l’enseignant se transforme en coach de savoirs. Il n’a plus le monopole de la transmission de connaissances puisque tout se trouve sur le web. Son rôle est plutôt d’inciter à davantage de réflexion, d’analyse et de vérification des informations.

Vous venez de lancer Vatel Academy, en quoi cela consiste ?

Vatel Academy sera dédié à la formation aux métiers techniques de l’hôtellerie et de la restauration, à la formation de profils très recherchés dans le monde entier comme les chefs de rangs, les commis de cuisine, les réceptionnistes, les pâtissiers…

Notre objectif est de redorer l’image de ces métiers qui ont trop longtemps été méprisés. Ils sont pourtant magnifiques, passionnants et proposent des évolutions de carrière très intéressantes.

 

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