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Digitalisation dans la joaillerie : vers de nouvelles frontières ?

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La digitalisation a redessiné de nouvelles frontières à la joaillerie, un secteur originellement très traditionnel. Cette transformation, amorcée depuis plusieurs années, a connu une accélération significative avec la crise du Covid-19. Un véritable avant-après digitalisation s’est imposé, bouleversant à la fois les modèles des acteurs de la filière et les attentes des clients en termes d’expérience et de préoccupations environnementales et sociétales.

Une contribution de François Deprez, Joaillier privé et Fondateur de Bonnot Paris

 

Le monde de la joaillerie ne peut opérer comme avant. La digitalisation offre une réponse partielle à ces enjeux tout en continuant d’impacter profondément le secteur et d’ouvrir de nouvelles voies. Ce bouleversement permet l’émergence de nouveaux modèles dans un secteur aux barrières d’entrée traditionnellement élevées (coûts, visibilité, production, etc.). La joaillerie de demain prend forme sous l’impulsion d’une nouvelle génération de créateurs et de marques, qui portent des innovations au niveau de la création, comme les diamants de synthèse et l’or recyclé, et s’engagent sur les problématiques de sourcing des matières premières et de transparence.

 

De nouveaux modèles plus responsables : circuit court, sourcing à la demande, transparence…

Le modèle de circuit court, s’il se développe largement dans la joaillerie, peut offrir une réponse sérieuse aux enjeux d’impact environnemental, de responsabilité sociale et d’éthique. Prenons le marché des pierres de couleurs, un marché très spécifique. En réduisant le nombre d’intermédiaires, ce modèle permet d’offrir des garanties en matière de transparence sur les prix et la provenance des pierres, assurant une meilleure traçabilité.

Autre exemple, le sourcing de pierres à la demande, qui peut être guidé par une volonté de préserver les sols et les mines, offre une alternative durable et responsable à l’extraction traditionnelle. Cette approche, si elle se développe à large échelle, permettrait de sélectionner uniquement les pierres nécessaires, minimisant ainsi l’impact environnemental tout en répondant de manière plus précise à des demandes clients dans une démarche toujours plus personnalisée.

Ces types de modèles alternatifs ne peuvent fonctionner que dans le cadre de la constitution de réseaux internationaux d’artisans et de fournisseurs qui garantiraient une communication transparente et basée sur la confiance, permettant de proposer des pierres de qualité au juste prix. La digitalisation facilite cette transformation, rendant possible des échanges directs et instantanés entre les clients et les fournisseurs. Ainsi, le circuit court pourrait se positionner comme une véritable révolution dans le secteur, s’il permet d’offrir un meilleur service grâce à la désintermédiation et s’il promeut des pratiques éthiques et responsables tout au long de la chaîne d’approvisionnement.

 

 Aujourd’hui la vente en ligne, demain plus de social selling

 La digitalisation dans le domaine de la joaillerie a dépassé les simples ventes en ligne pour se développer vers une pratique de plus en plus répandue : le social selling. Ce phénomène concerne non seulement les interactions entre professionnels de la chaîne, mais également les échanges directs avec le grand public. Aujourd’hui, toujours dans le marché des pierres de couleur, il n’est plus nécessaire de se  déplacer dans les régions d’approvisionnement et d’y passer des semaines pour accéder à quelques pierres de qualité. En s’appuyant sur un réseau mondial de brokers par le biais d’une communication quotidienne via WhatsApp (un réseau très répandu), il est possible désormais de partager des photos/vidéos des pierres disponibles à l’achat. Ce processus accéléré garantit une réactivité inédite et une opportunité d’acquérir des pierres d’exception avant même qu’elles ne soient disponibles sur le marché conventionnel. Ce modèle, basé sur l’instantanéité des transactions, offre une logique de marché plutôt que de stock, bénéfique tant pour les acheteurs que pour les vendeurs. En outre, le social selling permet de créer un sentiment d’exclusivité et de privilège pour les clients, qui peuvent être informés en avant-première des nouvelles pierres disponibles via des canaux comme WhatsApp. Cette approche renforce la relation entre le vendeur et l’acheteur, offrant une expérience d’achat personnalisée et unique, tout en exploitant les possibilités offertes par la digitalisation pour repousser les limites de l’industrie joaillière.

 

Se lancer plus facilement à l’international

Cette nouvelle étape de digitalisation que le secteur connaît aujourd’hui rebat les cartes du développement international, offrant enfin une alternative aux investissements colossaux traditionnellement associés à cette expansion. Contrairement aux modèles traditionnels qui nécessitent souvent des ressources financières importantes pour établir une présence mondiale à travers des boutiques physiques, des réseaux de revente ou des accords de distribution en gros, il est possible de croître de manière rapide et agile en s’appuyant principalement sur le vente en ligne et le social selling. En évitant les coûts liés à l’infrastructure physique, comme les showrooms, les marques peuvent se concentrer sur la qualité de leurs produits et sur la mise en place d’un réseau de distribution indépendant. Cette approche permet une gestion à distance, sans la nécessité de constituer une équipe surdimensionnée, préservant ainsi une structure organisationnelle à taille humaine. De plus, ce modèle réduit les coûts opérationnels tout en garantissant des produits de qualité à des prix compétitifs, renforçant ainsi la compétitivité des entreprises sur les marchés internationaux. Les frontières sont repoussées en permettant aux marques d’atteindre plus facilement et plus rapidement une audience mondiale.

A l’heure où la digitalisation permet de repousser les limites en matière d’innovation, de création, d’expérience client, de commercialisation et de limiter l’impact environnemental et sociétal dans le secteur de la joaillerie, de nouveaux modèles fleurissent pour accompagner ces changements. Bien qu’inspirants et prometteurs, ces modèles exigeants en termes d’expertise, de confiance et de transparence, restent marginaux à l’échelle de toute l’industrie.

Pour autant, aujourd’hui nous vivons une ère où il est enfin possible de concevoir et consommer la joaillerie autrement.


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