Fin 2019, son ouverture avait fait grand bruit. Dans le Paris chic et feutré des palaces, l’hôtel particulier Villeroy – rebaptisé depuis Maison Villeroy – a esquissé une autre façon de faire villégiature. Lieu de vie intimiste, esthétique Belle Epoque dans un twist ultra-design, culte de l’expérience client et services inédits (seule adresse parisienne disposant d’un spa ouvert 24h/24) : l’établissement a d’emblée affiché sa singularité. Et son goût du sur-mesure. Depuis peu, les murs accueillent un club privé, un concept très tendance. Revue.
Rue Jean-Goujon, au cœur du Triangle d’or, la demeure n’abrite que onze clefs, un restaurant étoilé « Le trente-Trois », un bar et le fameux spa signé L’Officine Universelle Bully (1803). Jusqu’à récemment, ce nouveau venu n’était accessible qu’aux seuls résidents. Une formule unique dans la capitale. Dans le monde d’après, Maison Villeroy a étoffé son offre par le lancement d’un club privé. « La crise sanitaire a éloigné un temps notre clientèle internationale et, dans le même intervalle, a dynamisé la fréquentation locale. Au fil des mois, nous sommes devenus le nouveau repère de nombreux parisiens appréciant notre concept exclusif. Nous avons réalisé que beaucoup d’hôtes se connaissaient sans se connaître ! Ils partageaient aussi le dénominateur commun de ne plus se retrouver dans la proposition des palaces, notamment dans l’accompagnement de la clientèle. Question d’échelle. Plus d’une centaine de chambres vs onze suites et appartements, ce n’est forcément pas la même capacité de réaction et les mêmes interactions. », introduit Jacques Oudinot, directeur général de Maison Villeroy.
Cet ancien du Crillon peut effectivement confronter les expériences. « Club privé », une terminologie convoquant bien des fantasmes. Entre-soi généalogique et sociologique, bannissement de la gente féminine, goût du secret et propension aux débats rétrogrades… Que de soupçons accolés à ces lieux ! Et bien, vous n’y êtes pas ! A Maison Villeroy, on dépoussière l’image old school des clubs privés en encourageant la transversalité. « Notre tout premier membre est une femme, nous n’avons jamais eu la vocation de demeurer exclusivement masculin. », souligne notre interlocuteur. C’est d’abord un cadre, un état d’esprit que sont venus chercher les adhérents soucieux de profiter d’un pied-à-terre dans leur ville. Ni chez soi, ni au bureau, mais le sentiment d’être en terrain connu leur importe énormément. Il importe aussi à ces épicuriens nés, amoureux de l’art de vivre à la française, d’évoluer dans un espace cultivant ce raffinement à travers son architecture d’intérieur, ses œuvres d’art, sa gastronomie, sa valorisation des terroirs et « ce petit je-ne-sais-quoi ».
Chauvinisme ? Pas vraiment. Beaucoup de ces membres exercent dans de grandes maisons tricolores de luxe et ont une connaissance pointue des savoir-faire français. D’autres mènent une brillante carrière dans le droit, le show business, l’industrie automobile ou de la Tech. C’est donc un groupe très hétérogène, quasiment paritaire, qui trouve mille et un avantages à se réunir dans les murs de l’ancien hôtel particulier de la famille Villeroy & Boch. « Nos sociétaires ont la possibilité de profiter de nos installations bien qu’ils ne séjournent pas chez nous. Nous concevons des expériences selon différentes thématiques : dégustations culinaires et œnophiles, présentations en avant-première, conférences culturelles, expositions artistiques, débats d’idées… Il se passe toujours quelque chose. Nos interventions d’artisans, meilleurs ouvriers de France, venus expliquer les coulisses de leurs métiers, parler de la transmission des savoir sont des rendez-vous plébiscités. », développe Jacques Oudinot.
Les membres se plaisent autant à disserter qu’à buller dans le bar cosy, une pièce qui leur est dédiée. Séduits d’être connus et reconnus par une équipe demeurée à l’identique malgré la crise – une exception à Paris -, ils louent les bienfaits de ce club privé nouvelle génération. Cette idée de se sentir à l’hôtel, de vivre l’expérience staycation, de se détendre ou de faire des affaires sans en avoir l’air dans un club à taille humaine correspond davantage à leurs aspirations. Le Siècle, L’Interallié, Le Polo ou Le Traveller… ces institutions ayant trop tardé à faire leur mue sont aujourd’hui challengée par des adresses comme Maison Villeroy.
Propriété du groupe The Collection qui détient un portefeuille de villas, de résidences privées et d’hôtels particuliers dans les destinations les plus prisées au monde : Saint-Jean-Cap-Ferrat, Saint-Barth, Courchevel, Londres, New York et, maintenant, Paris, l’enseigne prospère à la faveur d’un solide business model. « Etre à la fois propriétaire, maître d’œuvre et exploitant nous confère un avantage stratégique car nous avons la mainmise sur la destination, la construction, l’architecture d’intérieur et sur l’exploitation, autrement dit, toute la partie expérience. Ce qui se fait de moins en moins dans l’hôtellerie d’aujourd’hui où il y a plusieurs parties prenantes. », éclaire le dirigeant.
En 2022, The Collection s’apprête à livrer à New York un immeuble résidentiel luxueux destiné à la location, ainsi qu’une douzaine d’appartements de 800 m² à 900 m² au cœur de Londres dans un building de grand standing. Dix résidences sur douze ont déjà trouvé preneurs, cette fois à la vente. La crise, quelle crise ?
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