Concierges De Palace : Demandez-Leur La Lune ! (1/3)

Privatiser le Vatican le temps d’une soirée, trouver un os de dinosaure, transformer l’intérieur d’une suite en jardin… les clefs d’or repoussent sans cesse les limites du possible. A tel point que la profession nourrit bien des fantasmes. Quelles sont les demandes les plus extravagantes et les prérequis pour embrasser pareil destin ? Forbes vous propose une série de trois entretiens avec des représentants de l’élite de la conciergerie. La parole est à Roderick Levejac, chef concierge du Four Seasons Hôtel George V, et président international des Clefs d’Or.

Quelles sont les demandes les plus folles, les plus insolites, auxquelles vous avez dû répondre ?

Roderick Levejac, Four Seasons Hôtel Georges V : Après quarante années de carrière, je ne les compte plus ; il y en a tellement ! On m’a demandé d’acheminer des chèvres à l’hôtel pour un client qui souhaitait faire un clin d’œil à un ami, puis de les ramener dans leur élevage le jour même ! Ou encore d’acheter en dernière minute 10 000 roses pour une demande en mariage, d’organiser un aller-retour en hélicoptère au zoo de Beauval pour voir le bébé panda… Mais ce type de demandes n’est pas notre quotidien !

Notre activité, c’est avant tout de réussir à faciliter le séjour d’un client, d’arriver à faire rêver et même à surprendre quelqu’un qui, parfois, a déjà tout.

Dans votre métier, l’anticipation et le réseau ont une importance majeure. Parlez-nous des prérequis et des qualités fondamentales pour embrasser ce destin.

RL : La conciergerie est un métier de service, pour lequel il faut être sociable, à l’écoute, tout en sachant faire preuve d’empathie. La base peut sembler simple, mais elle est pourtant immuable : il faut aimer les gens et avoir un goût sincère du relationnel. Cela requiert également d’être épicurien. Chacun de nous se doit d’être curieux, ouvert, d’aimer aussi bien les sorties, les spectacles, les restaurants, que l’histoire afin d’être un véritable expert local. Enfin, il faut bien entendu être précis, rigoureux, organisé et souvent débrouillard ! 

Comment votre profession fait-elle sa mue à l’ère du numérique ?

RL : Si l’essor du numérique est une chance et a fait évoluer notre métier, il nous conforte aussi dans la confiance que nos clients nous accordent en tant qu’experts locaux au plus près du terrain.

Vous avez été élu président international des Clefs d’Or. Parlez-nous de votre rôle au service de cette institution qui fait loi.

RL : Les Clefs d’or ont pour vocation de garantir les valeurs inhérentes et si chères à notre métier : savoir-faire, excellence, qualité du service. En ma qualité de président, je me pose en garant de ses statuts, j’organise les congrès mondiaux dans les différents pays, tout en accompagnant le développement de notre réseau.

Quels sont les principaux chantiers et défis auxquels votre profession doit s’atteler ?

À l’heure où tout va plus vite, les clients ont de moins en moins de temps et se montrent encore plus exigeants. Notre principal défi réside dans notre capacité à nous montrer toujours plus réactifs.

Et si vous vous prêtiez au jeu des confidences ? 

Un rêve à réaliser ?

Mon mandat aux Clefs d’or n’étant pas renouvelable, j’aimerais laisser cette magnifique institution en parfaite harmonie, de manière à ce qu’elle se porte au mieux à mon départ.

La rencontre qui vous a le plus ému

Celle de Lucien Pierrot, ancien chef concierge du George V, qui m’a beaucoup apporté sur le plan professionnel comme personnel.

Votre dicton favori

Isadore Sharp, le fondateur de Four Seasons, disait : « Comporte toi avec autrui comme tu souhaiterais que l’on se comporte avec toi », une maxime devenue la règle d’or du groupe et que l’on rappelle à chaque nouveau salarié.