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Découverte Lecture | « Sneaky Showbiz », le livre-événement débarque en France !

Simo Benbachir © Toma Kostygina

Gloire, pouvoir, vanité, vengeance, séduction et surnaturel, « Sneaky Showbiz » est le livre événement aux Etats-Unis et best-seller sur Amazon. L’auteur Simo Benbachir jette une lumière crue sur la sorcellerie dans son pays, le Maroc, après avoir investigué sur l’ampleur du phénomène. Un « art » ancestral aiguisant tous les appétits. Au détour d’une enquête approfondie, le journaliste-reporter entend rappeler les dérives du recours à l’occulte, « une arme de destruction massive ». En attendant une adaptation cinématographique, « Sneaky Showbiz » arrive en France ce mois de juin.

  

Dans votre enquête, on apprend que la sorcellerie est une pratique « comme une autre » au Maroc.  Comment expliquez-vous son recours généralisé, ici, et pas ailleurs ? 

Simo Benbachir : Il y a plusieurs raisons qui expliquent pourquoi la sorcellerie a pu prospérer à grande échelle au Maroc, bien qu’elle soit répandue dans d’autres pays. Tout d’abord parce que nous sommes un pays-carrefour à la croisée de l’Afrique, de l’Europe et du monde arabe. Il y a une vraie question identitaire car beaucoup aspirent à un destin européen occultant leur africanité. Dans le Royaume, beaucoup de personnes sont quotidiennement en proie à l’incertitude, la peur du lendemain, il y a donc un besoin de maîtriser par tous les moyens cette anxiété en se tournant vers des forces alternatives. La tentation de prendre le large, la difficile obtention de visas, le cortège de touristes européens et du Moyen-Orient visitant en masse le pays exercent une vraie forme de pression sociale, de surenchère.

Le Maroc authentique, ce n’est pas les riads dorés et les hôtels cinq étoiles. De fait, un grand nombre de mes compatriotes rêvent de vivre selon des standards occidentaux quitte à convoquer les sciences occultes. En Europe, les Marocains sont de loin la première nationalité d’immigration en termes d’acquisition de la citoyenneté par pays d’accueil, selon les dernières données Eurostat.

Traditionnellement dans les us et coutumes marocains, il est « normal » de forcer le destin en sollicitant l’entremise de sorcières. Il y a des sorcières de quartier comme il y a des cordonniers, coiffeurs, boulangers… C’est un rôle sociétal ancestral. Une femme qui souhaite entretenir la flamme chez son époux ou évincer une rivale va voir une sorcière ; une personne qui a maille avec un notable ou est en conflit de voisinage aura aussi recours à cette pratique ou, dans un autre registre, si on veut décrocher le job de ses rêves, arrêter de fumer et, bien sûr, épouser un Occidental ou un Emirati… En fait, comme dans l’Antiquité où l’on faisait appel aux oracles, on a cette même propension à vouloir contrôler sa vie sans s’interroger sur le côté éthique d’avoir à jeter un sort.

C’est une histoire sans fin car, quand une personne s’aperçoit qu’elle a été envoûtée, elle aura aussi recours à un sortilège pour s’en débarrasser… C’est ce que j’appelle le « moroccan drama », une expression qui revient souvent dans mon livre et qui raconte toute cette schizophrénie, surenchère.

Simo Benbachir © Toma Kostygina

 

Votre livre s’ouvre sur un épisode marquant, point de départ de votre investigation. Un célèbre média britannique vous a commandé une enquête approfondie après que son journaliste a été témoin de sorcellerie alors qu’il couvrait un mariage traditionnel marocain dans un village typique. Au fil de votre exploration, vous mettez à jour un véritable business. En tant que Marocain, jusqu’à quel point avez-vous été ébranlé dans vos convictions ? 

Si vous utilisez la sorcellerie pour flatter votre ego, vous soigner, gagner un match de foot, grand bien vous fasse ! En revanche, moi, j’ai un problème de conscience avec ceux qui sont prêts à tout pour nuire à autrui ! La magie noire, ce n’est pas une pratique anodine : ses conséquences sont bien réelles et dévastatrices. Hollywood regorge de films et séries racontant ce monde que seuls les initiés connaissent. Lors de ce reportage où je servais d’interprète aux Anglais, j’ai découvert que même au fin fond d’un village rural, on pouvait tenter de briser une union le soir même de la nuit de noces !

Pour moi, la sorcellerie consistait à « améliorer » son quotidien, non à anéantir des personnes. Je n’imaginais pas l’existence d’un vrai business de « matières premières », de braconnage, pour élaborer un sort à la manière d’une recette de cuisine. Tout cela alimente un immense marché au noir spéculatif. 

Le fait que des personnalités notoires, à l’instar de Pamela Anderson, du rappeur French Montana, ont publiquement évoqué avoir été victimes de « sorcellerie » au Maroc vous a-t-il conforté dans votre démarche ? 

Leurs déclarations ont fait les gros titres de la presse anglo-saxonne et francophone qui a commencé à tendre l’oreille. Le chanteur French Montana avait déclaré au journal télévisé d’un média américain que « Les Etats-Unis souffraient de la généralisation des pistolets à feu qui s’apparentait à une arme de destruction massive et que le Maroc ne comptait pas ses victimes anéanties par la sorcellerie.». Bien sûr, ces sorties médiatiques ont été une aubaine pour mon livre-enquête dans le sens où Sneaky Showbiz sortirait en avant-première aux Etats-Unis. Résidant à Los Angeles, je sais que beaucoup de célébrités sont dans la confidence de ces « pratiques alternatives ».

Certaines d’entre elles ne viennent pas à Marrakech uniquement pour la beauté du lieu, elles sont animées par des objectifs bien précis. La gloire à tout prix et le besoin irrationnel de conserver l’attention du public, du monde, est parfois leur vilain génie.

Simo Benbachir : « Mon livre ne laisse personne indifférent. Il secoue, il interroge, il donne envie de se documenter et, pour certains, d’entreprendre un voyage au Maroc ! (Rires).« 

 

Comment avez-vous réussi à convaincre R’Kia – la plus puissante sorcière du Royaume – à vous ouvrir les portes de son hôtel particulier à Casablanca, là où elle concrétise les demandes les plus folles des Rich & Famous ? 

Le contact est tout de suite passé entre nous car nous portons la même aversion envers l’hypocrisie ! R’Kia assume son activité non conventionnelle et sait qu’elle ne propage pas l’esprit peace and love. Ses clients pensent être de bonnes personnes alors qu’ils sont motivés par la vanité, la jalousie, la vengeance en frappant à sa porte. J’ai accepté toutes les conditions fixées par R’Kia en me tenant au secret absolu, en modifiant le nom de chaque client que je pouvais observer à travers ma cache. Je n’ai dévoilé que ce qu’elle m’a autorisé de partager au grand public.

Vous distinguez notamment les « fake influenceurs » qui sont prêts à tout pour exister médiatiquement, engendrant des dommages incommensurables chez les plus jeunes. Ce sujet vous tient particulièrement à cœur dans votre livre.

Je suis marqué à vif par les pleurs d’un père de famille marocain qui m’a contacté pour me raconter la déviance de sa fille adolescente. Une élève jadis brillante dont les résultats scolaires ont soudainement chuté. Sa fille s’était métamorphosée pour ressembler à des influenceuses affabulatrices et considérait l’école comme une perte de temps. Il m’est insupportable d’entendre ces pseudos influenceuses raconter qu’elles travaillent d’arrache-pied pour réussir, alors qu’elles sont entretenues par un sugar daddy, et, face à la « concurrence », font appel à la sorcellerie pour maintenir leur position de favorites. C’est leur choix, tout comme c’est le choix de R’Kia d’exercer cette pratique, mais quid des jeunes cerveaux vulnérables ? 

Aucun détail ne nous est épargné dans votre livre à paraître en France début avril. Le processus pour devenir une « sorcière », les motivations des clients, la création de sortilèges sur-mesure, l’approvisionnement en matières premières…Votre premier ouvrage est rapidement devenu un best-seller outre-Atlantique. Pensez-vous connaître le même succès en France ?  

Je pense que oui pour plusieurs raisons. Aux Etats-Unis, ce sujet est moins connu du grand public contrairement à la France qui partage une plus grande proximité avec le Maroc. Aussi, il y a régulièrement des polémiques autour du « maraboutage », de la magie noire… Encore récemment, il y a eu « l’affaire Pogba ». En filigrane de la sorcellerie marocaine, mon livre traite de la vanité, de la jalousie, des travers humains universels. Mon livre ne laisse personne indifférent. Il secoue, il interroge, il donne envie de se documenter et, pour certains, d’entreprendre un voyage au Maroc ! (Rires).

De nombreuses pages sont consacrées à l’incroyable pouvoir de la hyène, un animal qui fait l’objet d’une véritable guerre de braconnage sur le marché noir… Pour qui détient un gramme, tout devient possible. Parlez-nous de ce que vous avez appris.

Son nom de code, c’est aussi Avatar ou Cobra, je consacre un vaste chapitre à cet animal sacré dans ce microcosme. 1 gramme du cerveau de la hyène s’écoule à 5000 euros sur ce marché tant son pouvoir est immense. Au fil de mon enquête, j’ai découvert que des femmes marocaines en quête d’un bon parti, d’une position importante dans la société, s’appliquaient de la poudre de hyène sur le visage en mélangeant cet élixir avec leur mascara, leur crayon à sourcils. Il leur suffit par la suite de vous fixer un instant du regard pour vous éblouir et que vous soyez sous leur charme, alors que c’est un véritable choc pour vous s’assimilant à une lobotomisation !

Lors d’une soirée à Marrakech à laquelle j’avais assisté, un homme d’affaires puissant est devenu en un instant « la chose » d’une femme qui portait en elle cette poudre de hyène. D’ailleurs, c’est la seule « matière première » pour laquelle R’kia se déplace personnellement pour s’en procurer. Sans déflorer davantage le sujet, je peux dire que de mémoire de journaliste-reporter, j’ai rarement vu quelque chose d’aussi puissant et fascinant !

Hollywood vous fait les yeux doux…Vous avez d’ailleurs été approché pour envisager une adaptation sur écran. Allez-vous donner suite ? 

C’est un projet plutôt à moyen terme. Pour l’heure, je me concentre sur la publication de mon livre en plusieurs langues pour toucher une audience de lecteurs aux quatre coins du globe. Je suis avant tout une plume, un journaliste, l’écriture est très importante pour moi. Je suis aussi rassuré de voir que le papier a encore de beaux jours dans de nombreux pays, mon livre est actuellement traduit en japonais, espagnol, italien… où il y a une forte demande. L’une de mes plus grandes fiertés est d’avoir obtenu la note de cinq sur cinq du collège des auteurs américains dont la notation conditionne la sortie d’un livre.

Convaincre ces premiers lecteurs à l’influence remarquable a été source d’une joie immense. De fait, je savoure d’abord le succès de mon premier « bébé » avant de regarder du côté du cinéma, des plateformes comme Netflix.

 

Pour aller plus loin :  

Sneaky Showbiz

 

 

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