Après plusieurs années à promouvoir les énergies marines renouvelables comme ingénieur, en parallèle de sa pratique sportive, Stéphane Le Diraison a abandonné sa casquette de salarié pour s’adonner complètement à la course au large. Une conviction l’anime : entreprises, citoyens et institutions doivent se réunir autour de stratégies communes afin de changer leurs modèles et trouver des solutions aux enjeux actuels. Avant son départ, le dimanche 8 novembre sur le Vendée Globe 2020 à bord de son IMOCA, j’ai eu le plaisir de l’interviewer à Boulogne-Billancourt.
Peux-tu nous raconter ton histoire ? Comment arrive-t-on à la course en mer ?
J’ai grandi au bord de la mer à Lorient. Très jeune mon père m’a initié à la navigation et m’a transmis sa connaissance de l’environnement marin. Alors que j’avais seulement 12-13 ans, il m’emmenait dormir sur son bateau ; en pleine nuit, nous larguions les amarres et il m’apprenait la navigation nocturne. A 15 ans, j’ai récupéré une épave sur une vasière, je me suis lancé corps et âme dans sa rénovation. J’ai découvert la technique des navires. Mes premiers bords en solitaire ont été une véritable révélation ! Dès lors, j’étais habité par le besoin de découvrir ce que cache l’horizon, seul de préférence. J’ai commencé la régate à l’âge de 16 ans. Nouveau déclic : en associant les sensations du large et la compétition, j’ai découvert le challenge et le dépassement de soi.
Pourquoi intituler ton projet Time for Oceans ?
J’ai choisi d’appeler mon bateau Time For Oceans afin de profiter de l’espace médiatique autour de la course au large pour porter un message de sensibilisation et inciter à l’action. Time For Oceans est un message qu’on pourrait traduire par « il est temps, il est encore temps d’agir pour les océans ». Au cours de mes nombreuses navigations, j’ai été témoin de la dégradation de l’environnement marin : pollutions plastiques, chimiques, diminution du nombre d’animaux marins, fonte de la banquise… Les océans sont au cœur de tous les équilibres et menacés par l’activité humaine sur terre.
Quand on passe plusieurs semaines en mer, on développe un lien particulier avec la nature ?
L’univers marin est une source inépuisable de découvertes et d’émotions. Les rencontres avec les cétacés ou les oiseaux de mer sont des expériences inoubliables. Quand on navigue, le lien avec la nature est omniprésent : le vent souffle dans les voiles et permet au bateau d’évoluer dans la mer. Il faut apprendre à observer le ciel, analyser les nuages, comprendre les signes annonciateurs d’une dépression ou d’une zone de vent calme.
Le grand public est-il suffisamment sensibilisé à la pollution des océans ?
Souvent le public ne réalise pas l’impact des modes de vie et de consommation sur les océans. Prenons l’exemple des pollutions plastiques : des millions de tonnes de déchets plastiques finissent chaque année dans la mer. Un mégot de cigarette jeté dans le caniveau à Paris cheminera jusqu’à l’embouchure de la Seine, sera déversé dans l’océan. Quelques années plus tard, nous retrouverons potentiellement dans notre assiette des micro particules issues du mégot dans les aliments que nous mangerons ou dans l’eau que nous boirons.
Quelles sont les actions qu’on peut mettre en œuvre de chez soi ?
Seule une action collective pourra permettre d’atteindre les objectifs nécessaires à la préservation des océans. Chez soi, on peut consommer l’eau du robinet et se passer des bouteilles plastiques. Pour optimiser la qualité de l’eau on peut installer un filtre ou utiliser une carafe filtrante. Quand on fait ses achats alimentaires, il est possible d’éviter les contenants à usages uniques. On peut aussi au quotidien diminuer le chauffage ou la climatisation… Dans le cadre du No Plastic Challenge, nous proposons pendant 2 semaines des petits défis au quotidien afin de se passer du plastique à usage unique.
Dernière question. Si tu devais citer une initiative que tu trouves inspirante pour la défense de la mer ?
Catherine Chabaud au travers d’Ocean As Common milite pour que l’on donne un statut aux eaux internationales. L’objectif est de faire accepter à l’ONU le principe que la mer est un bien commun de l’Humanité. Si les océans deviennent la propriété de tous, alors nous pourrons les protéger plus efficacement.
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