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Vendée Globe 2024 | L’épopée de Clarisse Crémer

Clarisse Crémer est une sorte de comète. Diplômée de HEC, la jeune femme a décidé de vivre son rêve. Détentrice du record féminin du Vendée Globe, la navigatrice de 32 ans incarne un mélange de volonté et d’enthousiasme très communicatif. Enceinte – une première dans l’histoire des qualifications du Vendée Globe –, elle se prépare au départ de l’édition de 2024.

 

La principale qualité d’un navigateur ?

Clarisse Crémer : C’est un sport de compromis. On est en permanence en train de réfléchir à ce qui est le mieux : est-ce que j’attaque un peu plus ? Est-ce que j’envoie une plus grosse voile ? Il y a toujours le risque de casser ou de faire la mauvaise manœuvre. Si on doit évaluer les risques, il faut en même temps les accepter.

Et vous, quelles seraient les vôtres ?

C.C. : Je tire ma force du bonheur d’être en mer, de m’y sentir bien. C’est dans ces moments que je me sens performante. J’ai aussi une capacité d’anticipation : avant une manœuvre, je n’oublie rien. Sur ces gros bateaux, les bêtises se paient tellement chères. Cela peut aussi me jouer des tours, car j’utilise trop d’énergie à me projeter dans le coup d’après. L’expérience vous apporte la confiance en soi et vous apprend à vous mettre en pause quand il faut.

Les équipages étant majoritairement composés d’hommes, les jeunes navigatrices ont encore du mal à s’entraîner en 2022…

C.C. : Oui, les femmes sont beaucoup moins choisies dans les équipages. À expérience égale, cela sera un homme. Si certaines courses ont décidé de faire des quotas de femmes, cela nous renvoie toujours au « genre » alors que l’on a envie d’être perçues avant tout comme un marin. Mais j’ai bénéficié de ce quota positif sur la course du Tour de l’Europe où j’ai pu faire partie de l’équipage de l’Imoca car il fallait une femme à bord mais aussi parce que j’avais l’expérience du Vendée Globe. Sans cela, ils ne m’auraient pas appelée. Depuis, ils ont fait à nouveau appel à moi.

Vous avez conscience d’être un modèle pour les jeunes navigatrices ?

C.C. : Jusqu’à récemment, je n’avais jamais trop réfléchi à mon cas, car j’ai eu la chance de grandir dans un milieu où j’ai pu faire des projets sans avoir à penser qu’être une femme puisse être un frein. Mais avec le sujet de la maternité, j’ai découvert cette espèce d’acceptation dans le monde de la voile de l’idée que si on veut des enfants, continuer à faire du bateau est une drôle d’idée. Il y avait six femmes sur les 33 concurrents du dernier Vendée Globe, parmi lesquelles seule Samantha Davies avait un enfant. Et toutes les autres, à part moi, avaient plus de 40 ans.

En tant que femme, vous êtes un exemple de réussite.

C.C. : J’ai bizarrement vécu le fait que l’on me parle de mon record féminin à l’arrivée du Vendée Globe. Je ne peux pas considérer comme exploit le fait de ne pas avoir de concurrence. J’imagine que c’est donc important de montrer l’exemple, même si ce n’est pas toujours évident. La maternité est une expérience très intime et, en même temps, il faut parler de la galère logistique que cela implique.

Par exemple ?

C.C. : Comme les règles de qualification des courses qui sont basées sur un quota de miles. Pour le prochain Vendée Globe, j’ai dû abandonner certaines courses car trop intenses pour une grossesse, mais je vais rattraper ce retard dès le début du printemps prochain. Les sportives sont souvent tributaires de règles faites pour les hommes.

Votre parcours d’entrepreneuse vous sert-il dans la voile ?

C.C. : On fait un métier où nous sommes des sportifs et en même temps, nous gérons des projets avec de gros budgets et des objectifs marketing, de communication, de RH… être à l’aise avec cela est un atout pour faire la tournée des banques. C’est Banque Populaire qui m’accompagne avec un très beau bateau, l’Imoca Banque Populaire X. Il a passé la ligne d’arrivée en premier sur le dernier Vendée Globe.

Y a-t-il une femme qui vous inspire ?

C.C. : Ma grand-mère qui m’a transmis son amour de la mer, mais également un esprit de contemplation. Moitié britannique, elle disait toujours : « Never give up. » Quand je suis en difficulté en mer, cela m’aide ! 

 

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