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Une Vedette De La NBA Entre Dans Le Hall Of Fame Après Quarante Ans D’Oubli

Parker, Michael Jordan, Kobe Bryant… de grands noms du basket-ball qui  ont changé le destin d’une équipe, voire de ce sport. C’est une superstar des « seventies », Spencer Haywood qui leur a permis d’atteindre ces sommets sportifs et financiers en s’attaquant à la NBA jusque devant la Cour Suprême des États-Unis en 1971. Son combat a conféré aux joueurs contemporains une liberté inespérée par les semblables d’Haywood en pleine période de ségrégation raciale.

Le parcours de la star des Sonics – l’équipe de basket de Seattle – est retracé dans un documentaire intitulé Full Court: The Spencer Haywood Story. Présenté pour la première fois en février dernier à l’occasion du Festival International de films de Seattle (SIFF), il dépeint la situation des joueurs de basket-ball en pleine concurrence entre la NBA et la ABA (American Basket Associaton). Le pivot, issu d’une famille pauvre de l’État du Mississipi, évoluera dans la seconde ligue nationale et en deviendra le meilleur espoir et MVP (meilleur joueur) à l’âge de 21 ans. Un record de précocité encore détenu par le colosse de 2m07, la ABA ayant ensuite disparu en 1976.

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La Cour Suprême entre en jeu

Son intégration en NBA, sous les couleurs des Seattle Supersonics, se fera au prix d’un combat acharné contre les dirigeants de la NBA. Le board de la National Basket Association décide de faire appliquer le règlement qui interdit à un joueur de participer aux tournois de la NBA (soit de devenir pro) avant d’avoir terminé 4 années d’études universitaires. Haywood est pourtant revenu des JO de 68 avec une médaille d’or mais la NBA ne fléchit pas. Cela n’empêche pas Haywood de jouer, il signe à Seattle et pendant un match, on peut entendre au haut-parleur : « Mesdames et messieurs, Nous vous informons de la présence sur le terrain d’un joueur en situation illégale  » : Bel accueil !

Spencer Haywood charge son agent d’entamer des poursuites contre les responsables de la NBA afin d’obtenir son intégration au championnat. La Cour Suprême entre en jeu au cours de l’année 1971. David Stern, avocat et futur commissaire de l’organisation sportive, défend les intérêts de la NBA devant le tribunal de dernier ressort aux États-Unis. Le jury se rangera derrière les arguments du camp du joueur mississippien. « Peu de personnes peuvent s’enorgueillir d’avoir joué un tel rôle dans leur  sport », affirme avec admiration Dwayne Clark, l’homme d’affaires qui est à l’origine du documentaire sur le joueur américain. Cette décision fera jurisprudence, permettant à des joueurs issus de la communauté afro-américaine et de milieux défavorisés d’accéder à l’élite du basket nord-américain.

Outre la dimension sociétale de cet épisode, le cas Haywood illustre les excès des franchises en matière de recrutement de très jeunes joueurs. Le principe controversé du « one-and-done » permettait aux équipes de NBA de recruter de grands espoirs du basket-ball avant la fin de leur cursus secondaire. Une règle érigée par les dirigeants de la NBA stoppa cette dérive en fixant à vingt-deux ans – dix-neuf ans aujourd’hui – l’âge plancher pour intégrer une franchise. La « draft», un système annuel qui permet de recruter des jeunes talents américains et étrangers, sanctuarise cette évolution.

Une entrée au Hall of Fame à 66 ans

Haywood ne profitera pas de cette avancée historique. La longue bataille livrée devant la Cour Suprême brise le momentum du basketteur américain. Son goût pour les strass et paillettes conjugué à sa dépendance à la cocaïne écourtent l’aventure dès sa première saison chez les Lakers (1971-1972), champions cette même année. Après une fin de carrière effectuée en Italie puis à Washington, le colosse aux pieds d’argile se reconstruit en s’impliquant au sein de la communauté afro-américaine.

Le remplaçant de Kareem Abdul-Jabbar – défenseur du mouvement des Black Panthers – lors des Jeux Olympiques de Mexico en 1968, attendra l’édition 2015 du Hall of Fame pour intégrer le cercle des meilleurs joueurs de l’histoire de la NBA. Ironie de l’histoire, cet événement intervient quelques mois après le départ de David Stern, qui fut l’avocat de la NBA devant la Cour suprême en 1971, de la direction de la ligue de basket-ball nord-américaine. « Le fait est que Spencer a fait triompher l’adversité, a fait resurgir les questions de pauvreté et de racisme au sein de la structure de la NBA», insiste Dwayne Clark. Le scénario du film, rédigé en sept mois, évite soigneusement de revenir sur l’épisode du procès devant la Cour Suprême. Une décision légitime pour ne pas hypothéquer les chances de retour d’une franchise NBA à Seattle. La ville en est orpheline depuis 2008 avec le départ de l’équipe des Sonics vers Oklahoma City.

Les attributs physiques de Spencer Haywood (il mesurait 1m93 à son arrivée au lycée pour atteindre  2m07 à l’âge adulte), son éthique professionnelle sont aujourd’hui une référence de jeu et d’engagement pour les futurs Parker, Jordan ou Bryant.

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