Ouvrant ses portes au grand public ce vendredi 27 octobre, le salon de l’automobile de Tokyo (ou Tokyo Motor Show, « TMS » pour les puristes) – moins impressionnant de prime abord que ses « homologues » de Francfort ou de Genève – fait la part belle à l’innovation avec en tête de gondole le constructeur Nissan. Jouant à domicile, la « seconde moitié de l’Alliance » a levé le voile sur la deuxième mouture de son véhicule 100% électrique la Nissan Leaf, particulièrement attendue et scrutée par les observateurs de tous horizons.
Le centre de convention Tokyo Big Sight, situé à quelques encablures du centre-ville de la capitale nippone, a revêtu, comme tous les deux ans, ses habits de lumière pour accueillir cette grand-messe de l’automobile, le « Tokyo Motor Show ». Un salon, comme évoqué en préambule à visage humain, mais dont les travées – même pour cette journée inaugurale réservée à la presse – ne désemplissent pas, chacun tentant de glaner les derniers secrets et autres innovations des constructeurs avant les présentations officielles. Les coursives de ce grand raout de l’automobile sont ainsi le théâtre de conciliabules et d’échanges de toute nature tant et si bien que les stands des fleurons de l’automobile des quatre coins du monde sont rapidement pris d’assaut. Avec des fortunes diverses néanmoins. A tout seigneur tout honneur, les constructeurs nippons tiennent le haut du pavé. L’occasion également de retrouver des marques disparues des écrans radar dans l’Hexagone, à l’instar de Subaru qui s’offre une cure de jouvence sur ses terres. Même si force est de constater que son stand demeure relativement peu fréquenté.
Aux antipodes de son « voisin » Nissan, lui aussi en démonstration de force sur ses terres, et surtout désireux de tourner la page de la polémique sur « ses mauvaises pratiques », selon le terme consacré, en matière de certifications ayant engendré la suspension de la fabrication de véhicules dans ses usines au Japon. Pour rappel, Nissan dit avoir découvert dans trois de ses six usines nippones, «certaines parties de la procédure d’inspection finale toujours réalisées par des techniciens non autorisés à effectuer ces tâches pour les véhicules destinés au marché japonais ». Un premier revers pour Hiroto Saikawa, ce dernier ayant la lourde tâche, depuis début 2017, de succéder à Carlos Ghosn, chef d’orchestre de l’Alliance qui présidait également, outre ses fonctions de patron de Renault et de Mitsubishi Motors, aux destinées du groupe de Yokohama. Mais le nouvel homme fort de Nissan avait néanmoins moins eu le mérite de rapidement battre sa coulpe. « Les clients avaient confiance dans les mesures que nous avions prises et ont acheté nos véhicules. Nous avons trahi leur confiance ».
Nissan en vedette
Une antienne également reprise à son compte par Daniele Schillacci, vice-président Ventes et Marketing Monde qui, dans son propos liminaire lors de la présentation de la nouvelle Nissan Leaf, est également revenu sur cet épisode pour présenter ses excuses à ses clients, sans langue de bois et faux-semblants. Chose rare pour être suffisamment soulignée. Mais le ton change radicalement et le transalpin part dans son laïus résolument exalté – et convaincant – au moment de présenter le nouveau millésime de la Nissan Leaf, le véhicule 100% électrique de la firme japonaise. « Le futur de la mobilité », ni plus ni moins pour celui qui a occupé des fonctions analogues chez Toyota jusqu’en 2015. Et ainsi rêver d’un destin aussi grand que celui de la Leaf « première version », véhicule 100% électrique le plus vendu au monde avec 280 000 exemplaires en circulation. Mais ce « deuxième étage » de la fusée Leaf pourrait mettre à mal ce record et dépasser – par la gauche, circulation « à la japonaise oblige » – son illustre devancière.
Car cette nouvelle pépite « Made By Nissan » a de sérieux arguments à faire valoir, via le prisme « Nissan Intelligent Mobility » façonné par la marque. Avec des technologies d’aide à la conduite à faire pâlir la concurrence. Citons pêle-mêle ProPilot, e-Pedal ou encore ProPilot Park, cette dernière permettant notamment un stationnement automatique d’une précision chirurgicale. Le conducteur peut ainsi laisser la voiture se garer, le volant se tournant automatiquement, jusqu’à l’arrêt total de la voiture ainsi garée dans les règles de l’art. La tenue de route de la nouvelle Leaf est également sans nulle autre pareille et chaque « tentative » de morsure de ligne blanche vaudra un « cinglant » rappel à l’ordre. Une nouvelle version largement étoffée pour tendre jusqu’à un véhicule totalement autonome ? Nissan exclut cette hypothèse, prenant le postulat d’améliorer la conduite tout en maintenant sa confiance à l’humain.
Les grands absents
Déroulant son argumentaire devant une nuée de caméras, Daniele Schillacci cède la place à la « vedette du jour », une Nissan Leaf rutilante d’un blanc immaculée et immortalisée sous les crépitements des flashs des photographes, l’assistance ayant, depuis bien longtemps, relégué « la sortie de route » de Nissan sur ses certifications dans les tréfonds de sa mémoire. « Show must go on », les curieux jouant des coudes pour saisir le meilleur angle de vue. Opération reconquête accomplie avec brio pour Nissan, sous le regard envieux des stands voisins. Le juge de paix demeurera évidemment les ventes mais cette première « mise en bouche » augure des lendemains qui chantent pour la firme de Yokohama. Si elle craignait, à juste titre, les dommages collatéraux de la polémique des certifications, elle a pu mesurer, à l’issue de cette présentation, que son pouvoir d’attraction demeurait intact.
Hormis les locaux, plébiscités à juste titre, les constructeurs premium réussissent néanmoins à tirer leur épingle du jeu, à l’instar de Audi, Mercedes ou BMW. Volkswagen, avec son nouveau combi, attire également les foules. Du côté des Français, Renault et Peugeot assurent le service minimum sans forfanteries mais avec efficacité. Seule légère fausse note dans ce concert de louanges, la non-présence dans les travées de ce « show » des Américains Ford et General Motors mais également des plus éminents membres de Fiat Chrysler Automobiles, comme Jeep, Alfa Romeo ou encore Ferrari et Maserati, deux fleurons particulièrement appréciés de ce côté du globe. Mais ne dit-on pas que les absents ont toujours tort ?
De notre envoyé spécial à Tokyo – Samir HAMLADJI
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