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Stress Post-Traumatique : Un Français Sur Dix En Souffrirait

Les techniques de méditation trouvent leur place parmi les solutions proposées face au délicat problème du syndrome de stress post-traumatique (SSPT). Un français sur dix serait touché !

De prime abord, la statistique semble surévaluée. Pourtant, si on totalise les témoins et les victimes d’attentats, les victimes de catastrophes naturelles, les accidentés de la route, les femmes victimes de viols et d’agressions sexuelles, les femmes victimes de violence conjugale, les soldats de retour de mission, les policiers et les pompiers confrontés à des drames, les médecins urgentistes et toutes les personnes confrontées à des morts violentes, etc. elle parait du coup plus réaliste, au point de représenter un véritable problème de société. Après un choc physique ou émotionnel, les victimes et les témoins peuvent développer un syndrome de stress post-traumatique. Tous les âges sont concernés par les contrecoups de telles violences. Suite à l’attentat de Nice du 14 juillet 2016, 400 enfants – dont certains ont subi ce choc alors qu’ils ne parlaient pas encore – sont suivis pour ce syndrome. Chez les militaires, les ravages sont légion. « 20% des soldats de retour de mission sont touchés par ce syndrome » estimait Laurent Melchior Martinez, médecin des armées dans le cadre de l’émission diffusée sur ce sujet par France 5 le 6 juin dernier [1]. Aux États-Unis, 150.000 cas de suicide ont été comptabilisés chez les vétérans du Vietnam, trois fois plus que le nombre de soldats morts au combat pendant cette terrible guerre.

« Aujourd’hui, la prise en charge de ces traumatismes est devenue un enjeu de santé publique en France » confie Muriel Salmona, psychiatre et présidente de l’Association Mémoire Traumatique et Victimologie. La question posée est simple : peut-on se reconstruire après un tel choc ? Et si oui, comment ? L’émission a permis de mesurer combien l’offre de soins restait insuffisante en France malgré les améliorations constatées ces dernières années. Elle a permis aussi de toucher du doigt la diversité de l’offre proposée, des soins psychiatriques prodigués dans le cadre hospitalier et aux techniques alternatives comme l’EMDR [2] ou la méditation en dehors de l’hôpital. Les symptômes de ce mal, souvent « invisible », sont nombreux : perturbation du sommeil, cauchemars, troubles cardiaques, hyper vigilance, agoraphobie, flashs back traumatisants, dépression ou actes auto-agressifs pouvant conduire au suicide, etc. autant de troubles qui se transforment souvent en maladies chroniques. Au quotidien, les survivants se sentent en permanence en danger, hantés par les images et les sons qui leur font revivre sans cesse leur calvaire. La portière d’une voiture qui claque un peu fort, et voilà que les peurs mal enfouies se réveillent.

Les neurosciences permettent de mieux comprendre les dérèglements qui interviennent au niveau du cerveau lors de tels traumatismes. Connectée aux émotions, l’amygdale [3] prépare l’organisme à fuir ou affronter tout danger. Si le danger est passager, le cortex préfrontal laisse le contrôle à l’amygdale qui prépare la fuite ou l’affrontement, mais le reprend aussitôt le danger passé. En cas de grave choc traumatique suite à un attentat ou en cas de danger persistant, situation du soldat en terrain ennemi, l’amygdale reste activée en permanence, créant un état d’hyper vigilance qui perturbe les fonctions cognitives, domaine de prédilection du cortex préfrontal. Pour sa part, l’hippocampe qui stocke la mémoire des évènements s’atrophie.

Quel résultats donnent les solutions proposées pour résoudre de tels dysfonctionnements ? Les traitements par antidépresseurs préconisés par les psychiatres dans les hôpitaux s’avèrent assez peu efficaces. Les psychothérapies de longue durée, très prisées dans l’armée américaine, ne donnent pas non plus de résultats probants. La stimulation magnétique trans-crânienne, en vogue au Canada, permet de désactiver l’amygdale, engendrant un certain niveau d’amélioration. Hors des pratiques du monde hospitalier, l’EMDR semble une piste prometteuse puisqu’un essai avec huit militaires dans la région de Marseille leur a procuré un réel soulagement. Seuls inconvénients : son coût élevé et le manque de praticiens de cette technique oculaire inspirée de l’Ayurvéda. La méditation de pleine conscience, jugée insuffisamment efficace pratiquée toute seule, a été associée à la plongée sous-marine en scaphandre. Un essai réalisé en Guadeloupe avec 34 rescapés du Bataclan leur a permis de supprimer les antidépresseurs sans que les sujets ne se sentent totalement guéris.

Réduction des symptômes du SSPT selon la technique de méditation

Au chapitre des techniques de méditation, la méditation transcendantale donne de meilleurs résultats. Elle se pratique de manière autonome et donne des effets cumulatifs dans le temps. Une étude subventionnée par l’armée américaine a montré sa supériorité par rapport aux psychothérapies de longue durée [4]. Une récente méta-analyse a montré qu’elle pouvait être jusqu’à dix fois plus efficace que la méditation de pleine conscience (voir graphique). Fonctionnant sur la base de dons privés, la fondation du cinéaste David Lynch [5] a offert l’apprentissage de la méditation transcendantale à plusieurs milliers de vétérans, tant aux États-Unis, en Afrique ou qu’en Europe.

Au-delà de l’aridité de ces chiffres, le témoignage du français Michael Crepin, engagé durant 22 ans dans la Légion étrangère, confirme les résultats rapides et concrets que permet la pratique régulière de la méditation transcendantale. Comme beaucoup d’anciens combattants, Michael souffrait du SSPT. Par moments, il pensait même à se suicider. « J’étais un militaire à l’âme fracassée par des souffrances invisibles pour beaucoup, survenues après avoir vécu en face de la mort de mes frères d’armes, après avoir connu l’atrocité de la guerre dans le désert d’Afghanistan ». Pris en charge par le Fonds David Lynch en France, Michael et son épouse ont appris la technique. « De semaine en semaine elle me procure une sérénité de l’esprit, et je dirais même de l’âme, que je n’avais plus depuis mon retour de mission en Afghanistan » témoigne Michael. Son vœu le plus cher ? Que tous ses frères d’armes puissent apprendre la méditation transcendantale. 

 

[1]                              Le reportage « Attentats, agressions : surmonter le traumatisme » a été diffusé le 6 juin dernier dans l’émission Enquêtes de santé de Michel Cymès et Marina Carrère d’Encausse.

[2]                              L’EMDR consiste à « bouger les yeux pour guérir l’esprit ». La méthode a été fondée par la psychologue américaine Francine Shapiro. Elle s’inspire des techniques de Drishtis enseignées dans l’Ayurvéda.

[3]                              L’amygdale est un noyau pair situé dans la région antéro-interne du lobe temporal au sein de l’uncus, en avant de l’hippocampe et sous le cortex péri-amygdalien. Elle fait partie du système limbique et est impliquée dans la reconnaissance et l’évaluation de la valence émotionnelle des stimuli sensoriels, dans l’apprentissage associatif et dans les réponses comportementales et végétatives associées en particulier dans la peur et l’anxiété. L’amygdale fonctionnerait comme un système d’alerte et serait également impliquée dans la détection du plaisir (source Wikipédia).

[4]                               Impact of Transcendental Meditation on Psychotropic Medication Use Among Active Duty Military Service Members With Anxiety and PTSD,” Journal Military Medicine.

[5]                              Davidlynchfoundation.org

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