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Surtourisme : L’île de Majorque semble avoir trouvé une solution astucieuse pour éloigner les touristes

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Majorque, 15 juillet 2023. | Source : Getty Images

Alors que des destinations européennes emblématiques sont aux prises avec les effets néfastes du surtourisme, certaines villes comme Venise ont instauré des droits d’entrée, tandis qu’à Athènes, les voyageurs doivent réserver pour visiter l’Acropole. Sur l’île espagnole de Majorque, un mouvement audacieux attire l’attention du monde entier par son approche unique (et controversée) visant à éloigner les touristes de ses eaux azur et de ses côtes époustouflantes.

 

Confrontés à la perspective de perdre leur paradis au profit d’une marée de touristes qui ne cesse de déferler, des militants locaux connus sous le nom de « Caterva » ont adopté une position novatrice pour lutter contre cet empiétement. Au cœur de leur campagne, de faux panneaux d’avertissement ont été placés sur certaines des plages les plus populaires de Majorque. D’apparence banale pour les passants, ces panneaux portent des messages inquiétants en anglais tels que « méduses dangereuses », « chutes de pierres » ou « baignade interdite ».

Cependant, l’astuce réside dans le double message : des lignes de texte cachées en catalan sous ces avertissements indiquent la véritable intention. Alors que les touristes sont amenés à croire qu’ils sont confrontés à des dangers physiques, les habitants qui décodent ces messages secrets sont confrontés à des déclarations audacieuses telles que « le problème n’est pas une chute de pierres, c’est le surtourisme » ou la note satirique selon laquelle la plage est « ouverte à tous, à l’exception des étrangers et des méduses ».

Ces messages, à la fois subversifs et brillants, révèlent le véritable péril : l’afflux du tourisme de masse. En 2022, les îles Baléares ont attiré plus de 16 millions de visiteurs, l’afflux du mois d’août à Majorque dépassant à lui seul la population totale de l’île. Selon les prévisions, les chiffres de cette année pourraient être encore plus élevés.

 

Durant la saison estivale, les files d’attente pour accéder aux meilleures plages de Majorque et les batailles pour les transats des stations balnéaires relèvent davantage d’un champ de bataille que d’un havre de paix pour les vacanciers. Toutefois, ce n’est pas seulement la course à l’immobilier en bord de mer qui suscite des inquiétudes.

Majorque et ses îles voisines luttent depuis longtemps contre les comportements tapageurs, les réjouissances alimentées par l’alcool et les conséquences chaotiques des touristes turbulents. Des mesures strictes ont été mises en place, allant de l’interdiction de fumer sur les plages à la limitation du nombre de boissons alcoolisées que les touristes peuvent acheter. Cependant, malgré les efforts des autorités locales et du gouvernement des Baléares pour faire appliquer des règles plus strictes, la vague d’excès touristiques s’est avérée difficile à endiguer.

L’intention du mouvement Caterva est d’éveiller les résidents à l’urgence de la situation et d’inverser la tendance du surtourisme. Dans un message publié sur les réseaux sociaux, le groupe affirme que la campagne est menée avec un peu d’humour en réponse à « la #massificació turística » (« la #massification du tourisme »).

Cette campagne a suscité un vif débat à Majorque et ailleurs en Espagne. Ses détracteurs estiment que de telles tactiques ternissent l’image de l’île, tandis que ses partisans félicitent les activistes pour leur approche peu orthodoxe, mais néanmoins percutante. Le nœud du problème est l’équilibre délicat entre les avantages économiques du tourisme et la préservation de la beauté naturelle de Majorque.

Alors que le mouvement continue de prendre de l’ampleur, l’innovation de Caterva a poussé les autorités locales à agir. Des propositions incluant des quotas de touristes et des initiatives visant à cultiver des pratiques de voyage responsables sont en cours d’élaboration.

 

Article traduit de Forbes US – Auteure : Laura Begley Bloom

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