Depuis plus de 30 ans, le tandem lumineux Christophe Pinguet et son acolyte Lionel Laval, incarne un art bien Français : l’événementiel, dont la genèse nous mène au célèbre François Vatel et à la cour de Louis XIV. Marquer les esprits et les cœurs à travers des scénographies spectaculaires associant des métiers de bouche, ornementaux ou techniques, dans un cadre onirique, a toujours été un moyen de communication prisée de l’Homme. Au final, « il ne faut pas faire de l’événementiel, mais créer l’événement » nous expose Christophe Pinguet à la tête de l’agence Shortcut qui a mis en scène les plus beaux événements de ces dernières années : gala au pied de la cité antique de Pétra (une première mondiale), dîners d’Etat à Versailles, dernier défilé d’Yves Saint Laurent. Ou plus symboliques encore, les cérémonies solennelles de la Nation au Panthéon : du transfert des cendres d’Alexandre Dumas (2002) à la Panthéonisation de Simone Veil (2018). Entretien passionnant avec ces chantres du French savoir-faire.
Christophe Pinguet, Lionel Laval, une présentation succincte pour nos lecteurs ?
Christophe Pinguet : Nous fêtons cette année nos 30 ans de carrière et nos 20 ans à la tête de notre entreprise. Shortcut Events est l’une des premières agences françaises indépendantes de communication spécialisée dans la conception, création et organisation d’événements de prestige, nous disposons de deux licences de spectacle (Licences 2 et 3). Nous cumulons chacun trois spécificités professionnelles : Concepteurs et directeurs de la création de spectacles-événementiels, Organisateurs et producteurs d’événements dans les secteurs de l’industrie, du luxe et de l’institutionnel notamment dans le domaine Culturel et, bien sûr, Chefs d’entreprise. Notre agence possède en outre le label « Le French Savoir-Faire » (marque protégée).
Au-delà de l’aspect commercial des grands événements que nous organisons (Fashion show, lancements de produits de luxe, conventions d’entreprises du CAC 40…), l’un de nos principaux leitmotivs est de participer activement aux grandes causes d’intérêt général via des opérations publiques liées au domaine culturel : cérémonies solennelles de la Nation au Panthéon, mécénat d’événements culturels comme le Festival de Ramatuelle, Amis-Donateurs d’établissements publics muséographiques comme le Musée du Louvre ou le Centre Pompidou…
L’événementiel, selon vous, « Ce n’est pas faire de l’événementiel, mais créer l’événement. » Expliquez-vous.
Bien sûr ! Si on repart à la genèse, celle-ci nous mène à Vatel, l’un des grands inventeurs du métier qui organisait les grandes fêtes de Louis XIV. L’événement était de rassembler dans un concept festif des professions d’art (décoratifs ou théâtraux), de les associer aux métiers de bouche, à l’art de la table, et de réunir de belles personnes dans un haut-lieu ou une magnifique demeure. Au fil du temps et de l’Histoire, les choses n’ont pas tellement changé…Je dirai qu’on a fait évoluer les tendances quant au programme scénographié pour les invités : la noblesse a fait place à l’aristocratie, puis aux grandes familles industrielles, souvent devenues mécènes de ces événements de plus en plus consacrés aux leaders d’opinion et aux influenceurs.
Les journalistes, d’abord, qui ont dû retranscrire l’actualité des marques et des produits présentés et lancés lors de grandes manifestations mais, aussi, l’actualité de personnalités, les grands rendez-vous sportifs, politiques ou institutionnels. Célébrer l’entrée au Panthéon de Simone Veil, ce n’est pas de l’événementiel mais bien créer l’événement. Faire d’un événement le fait marquant du moment et créer le buzz. Il en est de même durant la Fashion Week avec les défilés à grands spectacles ou de fêtes qui resteront dans les annales. Il en est de même lorsqu’un influenceur prend le pas sur le sujet pour lequel il est invité pour en démultiplier le buzz qui emplira le temps médiatique. Et là, quand l’organisation même de la manifestation est supplantée par sa médiatisation, c’est que vous avez servi comme il se doit l’impératif de l’exercice : vous avez créé l’événement dont l’aura sera plus forte que les autres pour devenir pérenne, voire, culte.
S’il est bien un métier qui doit perpétuellement se renouveler, créer de la valeur ajoutée : c’est bien l’événementiel. Comment cultivez-vous votre agilité ?
C’est un métier de paradoxes, d’équilibre, de culture générale et de tendances. Il est basé sur l’art et la manière de faire les choses. Je pense à la construction scénographique : peu importe son style ou l’art de mettre en scène, peu importe le format. Suivant des codes bien précis. Sur les us et les coutumes, par exemple pour les listes d’invités et les protocoles d’invitation. Mais aussi, sur la technologie, l’innovation… La mixité de ces paramètres et leur bonne alchimie créent de magnifiques événements, des fêtes mémorables et captivantes. Découvrir de nouveaux artistes, scénographes ou designers, utiliser de nouvelles technologies pour la technique d’éclairages, la scénographie, modifier les codes de l’art de la table, transporter les invités dans un univers d’images, utiliser la 3D, le virtuel, le vidéo-mapping. Mais aussi, remettre en scène un décor tout floral alors qu’à force de budgets mesurés-serrés, les fleurs ont souvent disparu des événements. La valeur ajoutée, c’est l’expertise ancestrale rehaussée de nouvelles tendances utilisées avant-même qu’elles soient tendances !
De fait, notre métier tient sur deux piliers : une organisation d’une qualité d’exécution sans faille et une créativité hors norme. Pour cela il faut être sûr de soi, passionné, curieux et ouvert aux nouveautés et à l’audace.
Une définition de la « French Touch » appliquée à l’événementiel ? Que viennent chercher les plus grandes marques du monde et les plus influentes personnalités dans l’approche française que vous incarnez ?
L’événementiel, c’est l’art du storytelling mis en scène. Les français, par leur culture générale liée à l’histoire de France, à la littérature, à la poésie, à l’invention de la réclame sont les rois des belles histoires bien façonnées, bien racontées. Notre théâtre de Molière aux auteurs plus récents, notre cinéma nous ont appris à conter de belles histoires. Appliqué aux marques, le storytelling devient brand-romance… Une romance, quoique de plus français ? Si cette histoire, puisée dans l’ADN d’une marque devient un conte moderne et qu’on utilise tous les ressorts très français de la mise en scène et la qualité d’exécution inégalée notamment sur les métiers d’art nécessaires aux productions, alors le French Savoir-Faire (que je préfère à la French Touch) devient un atout majeur que la terre entière s’arrache pour s’assurer un événement de grande qualité.
C’est ce que recherchent effectivement les plus belles des marques qui invitent les plus belles personnes, les plus influentes, qui feront jouer le bouche-à-oreille en plus des retombées médiatiques et qui sauront séduire les influenceurs sur les réseaux sociaux. La France a un savoir-faire unique en matière d’événements qu’elle peut exporter sans contrainte. À Shortcut, c’est notre credo !
Dîners protocolaires sous les ors de la République, scénographies pour des marques de Haute-couture, conventions de cadres dirigeants à St Petersbourg, Split ou Dubaï, vous êtes sur un créneau très élitiste. Est-ce que les jeunes startupper qui nous lisent aussi peuvent malgré tout accéder à votre expertise pour se différencier ?
Nous aimons effectivement les exercices de style à grand spectacle. Ils sont passionnants à organiser. Ils sont aussi la vitrine de l’agence Shortcut. Mais ne vous méprenez pas, nous collaborons très souvent avec des entreprises de très petites tailles. Start-up d’objets pop-art, fabriquant de bougies parfumées, restaurateurs, distillerie lançant de manière confidentielle un nouveau produit… Le travail est tout aussi passionnant, si ce n’est plus, car s’inscrivant dans une dimension plus humaine et entrepreneuriale. Nous les incluons dans une activité que l’on désigne comme « Pépinière Shortcut » où sont liées notre activité événementielle, notre activité relations presse et publiques et souvent l’apport créatif de notre atelier de création graphique. Ces « petites » entreprises sont nombreuses à emporter un succès médiatique leur permettant de meilleurs référencements, et une plus grande commercialisation due à une plus grande notoriété.
L’émotion ne reste-t-elle pas le fil conducteur intemporel ?
Absolument, dans l’événement l’émotion est le maître mot. L’événementiel est porteur de bons et de beaux sentiments. De contemplatif. Un bel événement rend amoureux (rires) de ce pourquoi il est organisé. Alors, en raccourci (Shortcut)… l’événementiel doit être un sentiment d’amour, et l’amour comme la fascination d’un coup de foudre, c’est de l’émotion pure !
Racontez-nous les campagnes créatives dont vous êtes le plus fiers ?
Le fait d’avoir organisé, avec Lionel Laval, toutes les Panthéonisations des cinq dernières mandatures Présidentielles depuis Alexandre Dumas à Simone Veil en juillet dernier ! Avoir les clés du Panthéon signifie quelque chose dans le roman national. Mais aussi, au travers de Shortcut que Lionel ait signé le seul événement de l’histoire devant le trésor de Pétra. D’avoir organisé la cérémonie des 10 ans de la loi de la reconnaissance de l’Esclavage ou bien encore la cérémonie de la fin du placement du dôme déficient couvrant le réacteur de Tchernobyl. Quelques moments forts participants soit à l’Histoire de France, de notre Nation, soit à celle de l’Humanité, rien que ça !
Nous sommes aussi fiers d’avoir eu la chance d’être les organisateurs du plus grand nombre de lancements de parfums dont nous en citerons qu’un à cause de son nom emblématique qui résume bien notre parcours : La Vie est Belle de Lancôme (tout un programme).
Le graal pour vous…l’événement que vous rêveriez d’orchestrer un jour ?
C’est fait. Notre mariage ! Répondre autre chose serait sacrilège et irrespectueux de notre propre vécu événementiel ! Mais pour être plus sérieux, le graal pour tous est certainement la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques. Le sujet est un phénoménal mélange des genres : créatif, logistique, médiatique, lobbying, politique ! À suivre !
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