L’idée est simple : regrouper dans un même cabinet l’ensemble des spécialités dentaires. C’est en fait une petite révolution dans un secteur très éclaté. Shana Aiach relève ce défi à la tête de Sana Oris. Explications.
Quel est le principe de Sana Oris ? Présentez l’entreprise en quelques mots.
Shana Aiach : Sana Oris, « bouche saine » en latin, est une clinique dans laquelle sont regroupées dans un lieu unique les différentes spécialités de l’art dentaire organisées dans un parcours en trois temps « Prévenir, Guérir, Sourire » afin de préserver la bouche dans son intégralité (gencives, dents et sourire).
Nous avons remarqué que le parcours de soins au sein des cabinets traditionnels est souvent discontinu, avec une grande perte de temps et d’énergie pour le patient entre les rendez-vous, les patients devant se rendre dans des lieux différents pour faire une radio ou pour se faire soigner par un spécialiste. Nous avons donc décidé de créer un lieu dans lequel les praticiens pourraient travailler chacun dans leur domaine de prédilection, en libéral mais ensemble.
En fait, nous avons pour ambition d’être une troisième voie, libérale, face aux praticiens exerçant une activité libérale individuelle et face aux centres dentaires proposant des soins “low costs”.
Comment est née cette idée ?
La récente émergence des centres dentaires a fait émerger une double opportunité de marché. Tout d’abord, ils ont révélé que le modèle du praticien libéral exerçant en solitaire n’était plus attractif, notamment pour les jeunes praticiens qui se tournent de plus en plus vers des centres dentaires qui proposent des solutions “clé en main”.
Il devient très complexe et onéreux de s’installer dans un cabinet. Le matériel a évolué et les technologies nécessaires représentent des investissements presque hors d’atteinte pour un praticien s’installant seul. Mais ils ont aussi révélé le besoin pour des soins dentaires de bonne qualité, effectués par des praticiens qui ont une expérience et une expertise. La provenance et la qualité du matériel sont essentiels pour des soins dentaires durables. Un implant et une couronne bien posés et réalisés par les meilleurs laboratoires peuvent durer toute une vie.
Dans un contexte où les scandales sanitaires devenaient de plus en plus nombre, nous souhaitions également remettre la responsabilité médicale du praticien au cœur du processus de soins. Le but est de rendre la souveraineté des décisions médicales au dentiste pour mieux l’impliquer dans le plan de traitement ; le tout pour une médecine plus éthique et respectueuse du patient. Ce sont des éléments qui m’ont paru évidents en discutant avec un grand nombre de dentistes de tout âge.
Quels sont les objectifs Sana Oris à court terme ?
Nous souhaitons donner un souffle nouveau au monde du libéral. 80% des dentistes exercent en libéral, souvent seuls dans leur cabinet. Mais ce mode d’exercice n’est plus adapté. Ainsi notre objectif est de faire revivre ce type d’exercice en rassemblant les praticiens et en mettant en commun les compétences de tous ; y compris des équipes paramédicales. Nous pensons que c’est ce qui permettra aux dentistes de prodiguer des soins de qualité et de les inciter à entrer dans une logique d’apprentissage continu.
Plus concrètement, notre ambition est d’ouvrir une dizaine de pôles régionaux d’ici cinq à dix ans afin de servir les grandes métropoles mais aussi devenir accessibles aux habitants des villes plus petites, ayant des accès aux soins compliqués.
Shana Aiach : Un dentiste installé en libéral passe environ 1 jour par semaine à gérer son administratif. C’est pour cela que nous pouvons effectuer un partage de revenus et de valeur créée avec les praticiens
Quel est votre modèle économique ?
Nous prenons à notre charge tous les coûts liés à l’activité dentaire : le loyer, le personnel (secrétaires, assistants), le matériel, les consommables, les prothèses.
Dans une activité libérale individuelle, l’ensemble de ces charges peut représenter jusqu’à 60% du montant de l’activité d’un praticien. Ici nous mettons en commun les ressources et nous pouvons donc faire des économies d’échelle ce qui réduit l’impact des charges. Plus généralement, nous prenons à notre compte toute la charge mentale non liée à l’exercice médical. Un dentiste installé en libéral passe environ 1 jour par semaine à gérer son administratif. C’est pour cela que nous pouvons effectuer un partage de revenus et de valeur créée avec les praticiens.
Pourquoi avez-vous choisi de devenir entrepreneur ?
L’aventure Sana Oris est avant tout une aventure familiale puisque Sana Oris a été fondée sur les bases de Prédentis créée par ma mère dentiste et que je la développe aujourd’hui avec mon cousin Jérémie Aiach. L’entrepreneuriat est au cœur des valeurs qui m’ont été transmises.
Nous avons la chance de vivre dans une société où les contraintes à la création d’entreprises sont faibles, même s’il y a encore beaucoup de progrès à faire dans le médical. Entreprendre c’est faire évoluer la société dans un sens qui nous semble être le bon et qui soit en adéquation avec nos valeurs. Entreprendre dans le domaine du médical est une responsabilité encore plus forte puisque nous touchons à la chose la plus chère et fragile que nous avons, la santé.
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