Ayurvéda : Notre Orientation Mentale Influence Nos Attitudes De Vie

L’orientation mentale est un concept majeur en Ayurvéda. Chacun d’entre nous serait inspiré d’en tirer profit dans le cadre d’une démarche d’introspection. Comment ? En répondant au questionnaire qui suit et en se posant par exemple la question de l’attachement à l’argent. Avez-vous peur d’en manquer ? Dépensez-vous sans vous préoccuper du lendemain ? Le concept de l’orientation mentale repose sur le fait que nous créons des modes de réponse à notre environnement afin de nous sentir en sécurité.

Cette orientation se met généralement en place dès la petite enfance. L’enfant répète très tôt  les comportements de ses parents. Son cerveau prend littéralement une image de ceux de ses deux parents. Les neurosciences nous apprennent en effet que grâce aux neurones miroir situés près de la zone de Broca, l’enfant répète par simple observation les comportements de ses parents, même s’il ne maîtrise pas encore le langage parlé. Si les parents ont tendance à se plaindre, leur corps exprimera inconsciemment cette attitude que l’enfant répliquera malgré lui. Si les parents voient toujours des opportunités derrière chaque obstacle, l’enfant fera de même. Ses structures neuronales répliqueront les schémas éducatifs parentaux. Ceux-ci ne pourront être modifiés qu’avec la pratique d’une technique de méditation ou de procédés issus de l’Ayurvéda. Ces derniers mettront en jeu la neurosplasticité du cerveau.

L’Ayurvéda décrit trois principes qui régissent le mental et les émotions. Leurs noms en sanscrit sont sattva, rajas et tamas. Ils constituent les trois gunas, les trois qualités du mental. De même que les doshas gouvernent la physiologie, les trois gunas gouvernent l’orientation émotionnelle du mental. Comme les doshas[1], les gunas peuvent être déséquilibrés. Un questionnaire vous aidera à déterminer la part relative de sattva, de rajas et de tamas de votre orientation mentale et à corriger l’attitude que vous jugerez nécessaire en modifiant votre vie quotidienne en conséquence.

Premier de ces gunas, sattva se réfère aux qualités naturelles de l’esprit en termes d’intelligence, d’honnêteté, de compassion, de gentillesse et de générosité. Sattva est synonyme de joie et de plénitude. Les tous petits enfants expriment à leur naissance ces qualités, à un âge où leur esprit a rarement peur et n’a donc nul besoin de se protéger afin de se sentir en sécurité. Les enfants vivent totalement dans le moment présent avec un enthousiasme qui attire les adultes. Cette qualité diminue à mesure que l’enfant grandit.  L’adulte aspire néanmoins à vivre plus de sattva dans sa vie. Il veut plus de plénitude du cœur et plus de liberté de l’esprit. Si votre réponse au questionnaire indique une dominante de sattva[2], c’est que vous vivez une vie plutôt heureuse.

Second des trois gunas, rajas se réfère aux qualités propres à l’action. L’esprit évite l’insécurité en se réfugiant dans la stimulation des sens, même si celle-ci ne procure qu’une satisfaction temporaire. Synonyme de mouvement, rajas accompagne la stimulation des sens et des émotions. A mesure que l’enfant grandit et interagit avec son milieu, il ne tarde pas à découvrir que le monde extérieur n’est pas toujours aussi sûr que la maison, d’où le besoin de se protéger. Une remarque dans une cour de récréation suffira à faire comprendre à cet enfant qu’un comportement empreint à 100% de sattva ne suffira plus pour le protéger. Selon son vécu, l’esprit se protègera en se livrant à des activités, signe d’un mental sous l’influence de rajas. L’enfant comprendra vite que s’il devient un bon athlète, premier de la classe ou le « clown de service », il  pourra se sentir à nouveau en sécurité. Alors que le comportement dominé par sattva ignore la peur et ne dépend pas des circonstances extérieures, le comportement dominé par rajas cherchera la sécurité dans les influences extérieures et l’attention des autres.

Ainsi, à l’attitude dominée par sattva de la petite enfance s’ajoute progressivement un comportement marqué par rajas, et donc un besoin d’accomplissement et de reconnaissance. Cette dépendance à la stimulation prendra plus ou moins de place pour faire face à l’insécurité et à l’insatisfaction du vécu. Plus l’enfant se sentira en manque de sécurité, plus la stimulation sensorielle censée y faire face risque de créer une satisfaction illusoire poussant à des comportements compulsifs. Il aura régulièrement besoin de quelque chose de nouveau. Parmi les comportements dominés par rajas répandus dans nos sociétés, citons gagner toujours plus d’argent, tomber toujours amoureux ou être admiré en permanence. La plupart des adultes font montre d’un comportement rajas, cherchant en permanence une satisfaction sensorielle temporaire. L’excès de rajas peut conduire au “burn out”, à la quête effrénée de nouvelles amours et à la satisfaction au travers d’activités créant de la déception (vols, mensonges, manipulations, etc.).

Troisième guna, tamas se réfère aux qualités d’ennui, de paresse et de quête maladive de protection. Un mental dominé par un excès de tamas aura tendance à se retirer dans un cocon, convaincu qu’il y sera plus en sécurité. Comment cette qualité se développe-elle ? Dans sa tentative de trouver satisfaction dans des activités stimulantes dominées par rajas, le mental finit par s’épuiser. Sans énergie pour glaner des satisfactions temporaires à travers les sens, il se retire alors dans un cocon protecteur. L’orientation tamas du mental rend la personne terne, fataliste, sombre et déprimée. Elle est en permanence dans le jugement. Dans sa quête extrême de sécurité, elle se retire et blâme les autres et le monde entier pour ses propres problèmes. Cette personne devient rigide, attachée à ses croyances et tendra à s’isoler des autres. Elle finira par devenir solitaire, amère et colérique.  Dans les cas extrêmes, elle cherchera dans les drogues, l’alcool et autres dépendances chimiques l’illusion du cocon protecteur. Une fois rendue à ce stade, il lui sera difficile d’en sortir sans une forte dose de sattva afin de recouvrer la vérité, la joie et le bonheur.

C’est une évidence, l’occident s’est fortement éloigné des principes de vie dominés par sattva. Encerclez les réponses qui correspondent le mieux à vos expériences de vie afin de déterminer avec plus de précision votre orientation mentale. De tels résultats peuvent inspirer des changements dans votre vie afin de renouer avec la joie. Si la qualité sattva domine, elle vous permet d’être vous-même entièrement et sans condition. La qualité rajas est une tentative de l’esprit pour se protéger par une stimulation sensorielle ou émotionnelle donnant lieu à une expérience temporaire de satisfaction. Enfin, la qualité tamas est une tentative émotionnelle plus agressive de l’esprit afin de se sentir en sécurité.

Questionnaire pour définir votre orientation mentale

Encerclez la réponse qui s’applique le mieux à vous en ce moment. Totalisez les réponses sattva, rajas et tamas et voyez ce que vous devrez changer dans votre vie afin d’être plus heureux.

Revenons à notre question de départ de l’argent et de la richesse, sujet majeur dans nos cultures matérialistes. Sattva n’a aucun attachement à l’argent. Sur la base du sentiment de sécurité, l’esprit dominé par sattva sait qu’il en aura si besoin est. Plus d’argent ne ferait pas de cette personne quelqu’un de plus heureux, moins d’argent ne la rendrait pas plus malheureuse. L’esprit dominé par rajas est déjà plus attaché à l’argent. Sur la base de couches de peur installées dans son mental, la personne dominée par rajas aura besoin d’argent pour assurer un sentiment de sécurité, même si celle-ci est une parfaite illusion. Beaucoup plus ancré dans l’insécurité, le mental dominé par tamas est très attaché à l’argent. Généralement, les esprits dominés par rajas et/ou tamas n’ont jamais assez d’argent. 

Demandez-vous alors ce qu’il adviendrait dans votre vie si vous laissiez tomber votre attachement à l’argent. Qu’y perdriez-vous si vous faisiez bien plus de charité ? Qu’adviendrait-il si vous vous mettiez à profiter de votre vie au lieu de vous attacher à amasser plus d’argent ou plus de succès? Poussons un cran plus loin : sur votre lit de mort, qu’est-ce que vous regretterez le plus, de ne pas avoir gagné plus d’argent et de reconnaissance ou de ne pas avoir assez aimé et joué avec vos enfants? Ce processus d’auto-inspection peut être adapté à tout ou partie des points évoqués dans le questionnaire : concentration, volonté, pardon, travail, etc.

Le moment est venu de prendre le risque de vivre plus pleinement votre vie en renouant,  étape par étape, avec une orientation de vie plus dominée par sattva. C’est sur cette voie de transformation que vous engage l’Ayurvéda.

[1]                              https://www.forbes.fr/management/layurveda-une-connaissance-millenaire-au-service-du-manager/

[2]                              Notez que le score de 100 % est celui d’un homme considéré comme saint.