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Reportage Plume Voyage : Les Dernières News De Cuba

Cuba

Est-il encore temps d’aller à Cuba ? La magie de cet archipel des Caraïbes demeure d’un irrésistible attrait, au delà des aléas politiques.

Le réchauffement des relations avec les Etats-Unis, souhaité par Obama, laissait craindre une invasion de touristes américains avides de folklores à bon compte et leur cortège de MacDo et hôtels aseptisés. Mais Donald Trump est passé par là, stoppant net ce processus d’amélioration des relations. Les Américains ne viennent plus que dans le cadre de croisières, au grand dam des Cubains, qui auraient bien besoin de la manne de l’oncle Sam.

 

La Havane, évolue en douceur

L’île reste donc en sursis, tandis que se poursuit, malgré tout, un timide mouvement de boboïsation. Sous l’impulsion de Raoul Castro, Cuba a entamé un processus « d’actualisation du socialisme », une petite adaptation à l’économie de marché, qui se traduit par la création de jolies guest-houses et de restaurants chez l’habitant et autres boutiques d’artisanat. Un tiers de la population active travaille désormais dans le privé et commence à accéder à un meilleur train de vie.

 

La Havane, « Cette ville magnifique est un miracle »

Une visite au pays du crocodile (c’est le surnom que lui vaut sa forme) donne souvent l’impression de pénétrer dans un vieux livre d’images.

Celui de la colonisation espagnole avec ses calèches, ses bâtiments coloniaux, ses palais décatis aux décors un peu raides et aux meubles sombres. Celui encore de la période américaine, plus sulfureuse, avec ses actrices glamours et ses mafieux à cigares qui se prélassaient dans des décapotables américaines ou des bars enfumés, lorsque l’île faisait figure de base arrière de la mafia américaine. Dans chacun de ces décors d’avant-guerre, on guette les fantômes de Ava Gardner, Hemingway et Franck Sinatra. Toute une histoire qui semble sortie d’un film en noir et blanc et qui ne demanderait qu’à être repixelisée.

Le voyage dans l’espace, se double ainsi d’un voyage dans le temps, pour le pire (wifi anémique) mais aussi pour le meilleur, notamment à La Havane. « Cette ville magnifique est un miracle » estime l’architecte Thomas Verwatch dans le passionnant ouvrage « Portrait de La Havane », écrit par Valérie Collet * : « La Havane a traversé allègrement toute la période des années 60 ou 70, où partout ailleurs dans le monde, on a bétonné les plages et construit des tours. Période où la ville qui n’avait pas un sou, n’a pas construit et a préservé son patrimoine. Aujourd’hui La Havane est exactement comme elle était en 1958. C’est quelque chose de fou » déclare t il.

* extrait de « Portraits de La Havane » de Valérie Collet, édition Hikari, 238 p. Cette spécialiste de Cuba livre un très intéressant recueil de témoignages de Cubains, venus de tous les horizons.

 

La rénovation de La Havane sera longue

Comme si la révolution avait mis sous bocal le pays, depuis plus d’un demi siècle. En contrepartie, l’île a échappé à l’invasion automobile, aux pesticides de Montsanto, à l’invasion des visuels publicitaires et pourrait plonger directement dans tous les « must » de notre époque, du bio, au locavore, en passant par le tout vélo.
Le mouvement de réhabilitation de La Havane, ville côtière inscrite au Patrimoine mondial de l’UNESCO en raison de son architecture, est malgré tout enclenché. Les palais à demi effondrés côtoient désormais les bâtiments rénovés. Certains s’écroulent dans l’indifférence générale. Les Cubains ont rarement les moyens d’entreprendre de grands travaux de rénovation et les étrangers n’ont pas le droit d’acheter. Les rares guest house qui parviennent à émerger d’un océan de tracasseries administratives sont autant de petits miracles.

 

Buena Vista Social Club est partout

Au cœur du quartier colonial de la vieille Havane, la rue O’Reilly, désormais piétonnière, affiche une mine pimpante avec ses bars débordant de musiciens et à deux pas, Bodeguita del medio, le temple du Mojito, figure désormais sur tous les parcours des groupes de touristes.

La ville vit au rythme du Buena Vista Social Club, le club mythique de Compay Segundo ayant pris une ampleur folle. Pas un spectacle sans que soient annoncés leurs musiciens, mystérieusement rajeunis.
La rue Tacon reste aussi un haut lieu de rassemblement avec ses concerts, face à l’ancien palais des Capitaines généraux, qui abrite aujourd’hui le siège du musée de la Ville, sur la place d’Armes. Très particulière, cette petite artère est entièrement pavée de bois. La légende dit que c’est Don Miguel Tacón y Rosique, capitaine général de l’île de 1834 à 1838, qui ordonna l’usage de ce matériau, pourtant fort coûteux, afin que le bruit des voitures à cheval ne vienne perturber son sommeil et celui de son épouse.

 

Le mythe intact des cigares de La Havane 

On appréciera aussi la visite du Musée National des Beaux-Arts, qui donne une idée intéressante de l’évolution artistique du pays, ainsi que celle de la fabrique de cigares Corona.

Ne rêvez pas de voir une belle cubaine rouler vos cigares sur ses cuisses. Les torcedores sont plus souvent des hommes en pantalons. Sur d’antiques établis en bois, les torcedores enroulent nonchalamment les 5 à 7 feuilles qui composent la rolls du mythique cigare cubain, avant de les mettre sous une presse mécanique. Les meilleurs d’entre eux peuvent rouler plus de 80 cigares par jour, tous parfaitement identiques, tant pour leur poids, leur calibre que leur longueur. La tradition maison veut qu’ils puissent s’offrir un cigare par jour et qu’une jeune femme viennent régulièrement leur lire le journal ou une histoire, pour distraire leur ennui.

 

Le Malecon, le grand rendez-vous en front de mer de La Havane

Entre deux balades en décapotable américaine, aux chromes rutilants, le long du Malecón, cette croisette de huit km de long, balayée par les vagues dès que surgit la houle, on s’offre un verre à l’hôtel Nacional, ancien QG d’Al Capone.

Les murs de son bar mythique restent couverts des portraits de toutes les célébrités qui sont passées par là, de Gary Cooper à Erroll Flynn, Fred Astaire, Rita Hayworth et Marlon Brando
Dans un tout autre style, Le Malecón 663 un boutique hôtel arty récemment restauré par une Française et un Cubain permet de profiter de la vue depuis la terrasse en front de mer tout en découvrant les créations d’un groupe d’artistes cubains. Extrêmement créative, la déco fait la part belle à des meubles customisés, des objets détournés, des mosaïques de carreaux vintages et des jeux de couleurs vives. Dans un autre style, l’Elegancia Suites Habana permet lui aussi une pause trendy, avec sa terrasse multicolore ombragée et ses chambres et suites aux décors toujours différents.

 

Le monde naïf de José Antonia Rodriguez Fuster

Les amateurs d’art naïf s’offriront une petite excursion à l’extérieur de la ville pour aller découvrir Fursterlandia, un drôle de quartier situé à Jaimanitas, un village de pêcheur, situé à une heure du centre.

Depuis les années 1990, c’est devenu le fief de l’artiste cubain José Antonio Rodriguez Fuster, un artiste cubain passionné de céramiques colorées, dont les couleurs vivres évoquent le travail d’Antonio Gaudi au parc Güell. Il a entrepris d’en recouvrir sa maison puis a entrainé tout son quartier dans cette folie créative. « Nous avons lancé le projet en faisant travailler des artisans locaux, sans rien demander à personne » précise-t-il. Les années 90, dites « période spéciale » étaient une époque de grande austérité et ce projet apporta au quartier autant de gaité que de devises.

 

L’architecture coloniale de Cienfuegos

Il est temps de partir explorer le centre de l’île en commençant par Cienfuegos, un charmant petit port situé à 228 Km, au Sud Est de La Havane, sur la mer des Caraïbes.

Classée par l’Unesco, la perle du sud s’enorgueillit de nombreuses maisons anciennes et de bâtiments coloniaux, en raison de son histoire. Elle fut fondée au début du XVIIIe siècle par les Espagnols et les Français avec un souci d’urbanisme, de modernité et d’hygiène qui en firent l’une des cités les plus agréables à vivre. De larges rues quadrillent cette ville articulée autour d’une vaste place El Parque José Martí, elle même bordée de spectaculaires monuments comme le théâtre, le palacio Ferrer ou le palacio del Valle, la cathédrale et ses vitraux français, et le collège José Marti. De là on peut rejoindre le port, niché au fond d’une très jolie baie bien abritée, le rendez-vous des amoureux au coucher du soleil.

 

Cienfuegos côté mer

Légèrement en dehors du centre, le club Cienfuegos est une institution. Ce joli bâtiment, de style éclectique, fut l’un des rendez vous les plus prisés de la gentry locale, grâce à ses belles terrasses face à la mer et son restaurant renommé. Une gentry fort modeste. On a beau cherché, la bourgeoisie cubaine si elle est existe, parait désormais très bien cachée. Au moins cela garantit il une certaine paix sociale, exempte de jalousies.

 

Les belles couleurs de Trinidad

Depuis Cienfuegos, une heure de route suffit pour se rendre à Trinidad, autre ville classée par l’Unesco qui fut la troisième ville fondée par les Espagnols en 1514.

Construite à flanc de colline, cette grosse bourgade dégage une atmosphère unique. Les calèches anciennes continuent de circuler sur des rues pavées avec les galets de rivières, et de simples chemins de terres mènent vers les sorties de la ville. Elles ne sont pas destinées aux nombreux touristes. Les Cubains continuent de privilégier ce mode de locomotion, pénurie d’autos oblige. Colorées de vif, les maisons, s’avèrent plus petites et plus modestes qu’ailleurs, mais leurs couleurs vives leur donnent un cachet très attachant. Sur la plaza Mayor, la cathédrale et le musée bordent un charmant petit square, entouré d’arbustes Ixora.
En fin de journée, après une pause sur la très belle plage voisine Ancon, on se retrouve à la Canchanchara, pour déguster le cocktail maison, à base de rhum, miel et citron, tout en écoutant les airs endiablés d’une troupe de musiciens locaux.

 

Santa Clara, théâtre des exploits du Che 

Santa Clara, fondée en 1689 est surtout célèbre pour les vestiges d’un train militaire, le « Tren Blindado »que Che Guevara fit dérailler, avec les 408 soldats qu’il transportait.

Cette opération spectaculaire entraina la fuite de Batista le 1er janvier 1959 et la victoire totale de la révolution. C’est dans cette même ville que fut enterré le Che et construit un mausolée et un musée en sa mémoire ansi que sa statue. Sous la colonne l’inscription. « Hasta la victoria siempre » rappelle sa célèbre devise. Si la ville s’avère moins riche en bâtiments anciens que d’autres, son statut de ville universitaire lui confère une joyeuse animation et une grande vitalité sur les scènes musicales et sportives. Partout les images du Che rappellent la légende du personnage.

 

Sagua, la Grande, une ville hors du temps

Dernière étape de ce parcours, Sagua la Grande est peut être le lieu qui laisse l’impression la plus profonde.

Cette belle ville était jusqu’à présent demeurée à l’écart des flux touristiques mais la restauration récente du palace local, l’Hôtel Sagua, change la donne. Le gouvernement, très décidé à mettre cette ville en lumière, incite les pionniers à découvrir ce lieu plein de charme, vierge de toute influence; Une promenade dans ses rues paisibles permet de découvrir de beaux palais qui ne demandent qu’à être rénovés et une église datant de 1810. A l’époque, Sagua la Grande était une ville prospère, carrefour des influences espagnoles, françaises et anglaises. La seule imprimerie de la ville conserve d’antiques machines des années 1850, qui continuent d’imprimer les menus des restaurants locaux.
Mais c’est surtout le calme inouï des lieux qui surprend et la gentillesse de ses habitants, qui s’exprime avec plus de spontanéité encore qu’ailleurs. Aucune automobile ou presque ne passe ni dans le centre, ni dans la périphérie. Seuls les cyclopousses aux looks surréaliste et les vélos déambulent paisiblement dans cette ville qui fait figure, malgré elle, de modèle écologique. Cuba, s’exprime ici autrement, dans toute sa sublime mélancolie, mais aussi dans la douceur d’un mode de vie d’un autre temps …

 


Nos adresses

Où dormir ?

La Havane :

Hotel Nacional. Cet hotel mythique, situé en front de mer, est aussi pourvu d’un beau jardin sur le Malecón. www.hotelnacionaldecuba.com

Kempiski. Le must en version chic, avec son décor ultra design, et sa piscine dominant la ville. www.kempinski.com

Malecón 663. Un boutique hôtel arty, pour une pause branchée, coté Malecón. malecon663boutiquehotel.com-cuba.com/fr

Iberostar Habana. Confortable et central, il est pourvu d’une grande piscine et offre une vue royale sur le Malecón. www.iberostar.com

Elégancia Suites Habana. Joliment décoré par un couple de francophones, cette guesthouse permet de goûter un peu de calme et de raffinement, en plein centre ville.

 

Cienfuegos :

Melia San Carlos. Un vieux palais du centre, offrant une belle rénovation design.
www.melia.com

Hotel Jagua. Un bâtiment dans le plus beau style des années 60, face à la mer.
meliacuba.com/cuba-hotels/hotel-jagua

Casa Verde. Une maison pleine de charme, avec accès privé à la mer.
www.cubaism.com

Palazzo de Valle. Un vieux palais en front de mer, offert à son épouse en cadeau de mariage. www.hotelcasaverde.com

La Union. L’un des plus anciens bâtiments du centre, pourvu d’une très belle terrasse et d’une piscine meliacuba.com/cuba-hotels/hotel-la-union

 

Trinidad :

Iberostar. Facade classée, le meilleur hôtel de la ville reste très traditionnel.
www.iberostar.com

La Ronda. Plus simple, offre un emplacement central dans la nouvelle ville.
hotels.com/ho620643/hotel-e-la-ronda-trinidad-cuba/

 

Santa Clara :

Le E Central Santa Clara. Situé en plein centre, il a conservé son charme historique.
www.hotelopia.fr

Villa La Granjita. Un havre accueillant dans la verdure, avec une piscine.
www.cubaism.com

 

Sagua la Grande 

Hôtel Sagua. Le palace de la ville a bénéficié d’une restauration complète. Il a conservé tout son charme, malgré sa rénovation récente, tout en offrant une piscine spectaculaire.
hwww.cubacasas.net/cities/sagualagrande/

 

Réserver son parcours :
A partir de 1200 euros, vols inclus chez Havanatour, le grand spécialiste du voyage à Cuba :
16, rue Drouot 75009 Paris – tel 01 48 01 44 55 – www.havanatour.fr

Air France propose des vols directs quotidiens (environ 9h30 de vol) entre Roissy et La Havane avec plusieurs nouveautés. Les classes économiques bénéficient de nouvelles trousses pour bébés, de masques de nuits aux couleurs pimpantes, et de sacs repas « bon appétit » contenant des produits frais. Les classes premium ont aussi droit à des services proches des business (parcours prioritaires et franchises bagages doublées), sièges ultra-confortables buffet en accès libre, etc…
Tarifs Air France et réservations sur www.airfrance.com

Texte et photos par Cécile Sepulchre pour Plume Voyage Magazine

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