Certains le connaîtront pour ses livres de photographie, dont le premier, intitulé « Je t’aime tout simplement », a remporté un vaste succès, en France et à l’international. D’autres l’auront découvert grâce à sa série et exposition « Super Flemish », dans laquelle il met en scène les super héros des comics et du cinéma à la manière des peintres flamands. Sacha Goldberger a été directeur artistique dans la publicité pendant 12 ans avant d’engager un grand virage artistique, de reprendre des études de photographie (école des Gobelins, Paris) et d’entamer une carrière artistique auréolée de succès. Aujourd’hui, chacune de ses expositions, d’une créativité détonante, est un événement.
Vous êtes passé de directeur artistique dans la publicité à artiste photographe. D’où vous vient votre passion pour l’image ?
Sacha Goldberger : Je suis fils d’une antiquaire Art déco et d’un fabricant de fromage, deux mondes qui n’auraient jamais dû se rencontrer. Mon enfance a été partagée entre les vaches de Normandie et celles d’Eugène Boudin au musée d’Orsay. Entre deux ventes à Drouot, je regardais religieusement les films d’Alfred Hitchcock, une tartine de camembert à la main. Pendant toutes ces années, j’ai découvert avec émotion la peinture de Hopper, le Pont- l’évêque, les films Star Wars, le cinéma de Tarantino, la peinture flamande, Citizen Kane, les films de Burton, le maroilles, les photos de Man Ray, les héros de Marvel, des DC comics et bien d’autres encore… Tout cela a développé ma passion pour l’image et les histoires qu’elles peuvent véhiculer.
Quelles sont vos sources d’inspiration ?
Elles sont multiples et diverses, entre l’architecture, la peinture, la photographie, le cinéma et l’illustration. C’est un mélange de tout ce que j’aime depuis de nombreuses années. Prenez une inspiration : Oscar Niemeyer, Jacques Couëlle, Robert Mallet-Stevens, Alvar Aalto pour l’architecture ; Bacon, Goya, Lucian Freud, Schiele, Van Dyck pour la peinture ; Paolo Roversi, Cindy Sherman, Irving Penn, Garry Winogrand, John Stezaker, Erwin Olaf, Gregory Crewdson pour la photographie ; Billy Wilder, Sergio Leone, Orson Welles, Todd Phillips et tellement d’autres… Mon appartement est plein de livres et de films qui m’ont construit.
Comment définissez-vous les thématiques de vos séries ?
C’est assez aléatoire… Je me réveille souvent avec des idées. Certaines sont farfelues, d’autres s’installent comme une obsession qui vient et revient sans cesse. Une fois que le concept a mûri, je le développe avec mon équipe. Le choix du thème des séries est extrêmement important, car les investissements sont considérables. J’autoproduis tous mes projets.
Quel est l’événement ou la rencontre qui a marqué votre vie d’artiste ?
Je pense que c’est le cancer de mon père, croisé avec une rupture, qui m’a bouleversé. Tout s’est effondré d’un coup. J’ai compris que je devais m’ouvrir et me laisser aller à ma créativité et à mes émotions. J’ai fait un livre de photos pour récupérer la jeune femme. « Je t’aime tout simplement » a été publié au Seuil, en France, aux États-Unis et en Allemagne. Nous en avons vendu 130.000 exemplaires.
Le confinement est-il pour vous source de frustration ou d’inspiration ?
Le confinement a été pour moi une source de créativité insoupçonnable. J’ai commencé à développer et à tirer dans mon appartement. J’ai produit et réalisé trois nouvelles séries entre le premier et le deuxième confinement. C’est comme si nous étions dans une bulle avec aucun autre choix que celui d’inventer de nouvelles histoires. L’imagination est la meilleure arme pour lutter contre le confinement.
Quels sont vos projets pour 2021 ?
Cette année va être riche. Je vais lancer une maison d’édition qui va publier des livres de photos en séries limitées. Je vais essayer de publier deux livres cette année et deux en 2022. J’achève de réaliser aussi toutes mes nouvelles séries : je vais tirer en platine-palladium (tirages faits avec des métaux précieux) la série de portraits « Animan » shootés en studio. Je retouche une série que j’ai shootée au nord-est du Brésil et je cherche un lieu pour exposer la série « Louis CXIV » qui est une série futuriste de l’époque de Louis XIV.
Où pouvons-nous retrouver vos œuvres ?
La série « 770 Lubavitch of Brooklyn » est en vente sur la plateforme d’art 28 Vignon Street. Mes autres œuvres sont disponibles sur mon site Internet.
Que ce soit « Louis CXIV », « Super Flemish », « Flemish studies », « Mamika » ou « Meet my Mum », les expositions de Sacha Goldberger ont parcouru le monde entier, suscitant chaque fois l’enthousiasme des critiques et du public. Ses photographies surprennent, par les émotions qu’elles suscitent, et surtout parce qu’elles racontent des histoires extraordinaires, invitant à des voyages dans des esthétiques uchroniques décalées. L’imagination est au cœur de l’œuvre et de la pratique artistique de Sacha Goldberger. La quête de perfection aussi. L’audace assurément.
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