Mathieu Lucas, connu sous le pseudonyme de HIEN, a commencé sa carrière artistique dans les années 2000. Le street art l’inspire, et en particulier l’univers du graffiti. Il s’exerce à Nantes avant de s’installer à Montpellier, après des études d’art, en 2011. Il passe des murs au travail du volume entre 2014 et 2015 avec deux œuvres fondatrices de son parcours artistique : « Réalité Réduite » et « Wrong Cops, Bad Cops ». Suivront les séries « Terrains de jeux », « Projections », « Ressources », « Microcosme-Macrocosme » et la plus récente : « Anthropo-scènes ». Toutes invitent à un autre regard et à une prise de hauteur sur le monde et notre manière de l’habiter. Sa dernière exposition évoque l’homme et son empreinte sur la planète, dans des mises en scène qui, mieux que des mots, dressent un bilan des dégâts causés.
Vincent Daffourd : Racontez-nous votre parcours pour devenir artiste…
Mathieu Lucas, aka HIEN : J’ai pris des cours aux Beaux-Arts et ai suivi un cursus d’arts graphiques. En parallèle et depuis une vingtaine d’années, je pratique le graffiti.
Mon style est né d’une maquette de train trouvée dans la rue. J’ai eu envie de faire peindre cette ville miniature à mes confrères du graffiti pour reproduire à l’échelle 1/87e ce qu’ils avaient réalisé en réel. J’ai pris conscience à ce moment-là que le changement d’échelle en vue du ciel pouvait retranscrire les émotions de grandes étendues qui nous dépassent. Le volume permet aussi au spectateur de regarder mon travail avec différents points de vue (au sens propre comme au figuré).
Où puisez-vous votre inspiration ?
Mon inspiration me vient de partout, surtout de mes lectures. J’aime creuser les sujets, consulter des revues spécialisées. Les découvertes scientifiques, les catastrophes naturelles et l’analyse qu’on en fait sont une source inépuisable d’inspiration. Je suis très sensible à la préservation des espaces naturels.
Quel est l’événement qui a marqué votre vie d’artiste ?
J’ai gagné le concours d’Arts Urbains Contemporains des Vibrations Urbaines à Pessac en 2016, ce qui m’a ouvert les portes de l’Institut Culturel Bernard-Magrez à Bordeaux ainsi que de la galerie Spacejunk à Bayonne. La rencontre avec le public a aussi marqué un tournant significatif dans ma carrière. Quand j’ai vu les enfants s’approprier mon travail et que j’ai pu observer des personnes très différentes se rencontrer, échanger et débattre devant mes toiles, ça m’a bouleversé et encouragé. J’attache beaucoup d’importance au fait que ma proposition artistique rassemble et puisse parler à tous.
Quel a été l’impact du confinement sur votre travail ?
Lors du premier confinement, j’avais deux expositions en parallèle ; elles ont été peu vues par le public. C’était frustrant, mais en y repensant, je me dis que ce moment de pause m’a été utile pour me recentrer, prendre du recul et me poser en spectateur.
Quels sont vos projets pour l’année 2021 ?
Une exposition personnelle, « Anthropo-scènes », se tiendra à la Galerie Nicolas-Xavier de Montpellier à partir du 10 mai 2021. Cette exposition célébrera mes cinq années de travail artistique avec une scénographie inédite. Je présenterais pour l’occasion mon livre d’art « Anthropo-scènes ». Il s’agit d’un ouvrage de 160 pages, édité à 400 exemplaires, qui retrace mes expositions au fil des années.
Nicolas-Xavier Calu, expert Street Art et Art Contemporain à Montpellier, nous parle de sa rencontre avec Mathieu Lucas, aka Hien :
« L’aventure a commencé avec Mathieu Lucas lorsque quelques experts et amateurs du secteur m’ont parlé de cet artiste, de son univers atypique et pertinent. Ma curiosité m’a amené à découvrir l’exposition de Mathieu, qui avait lieu à l’espace Saint-Ravi à Montpellier. J’ai immédiatement été séduit et conquis par son univers artistique inattendu, qui porte des messages à la fois engagés, forts et poétiques. Il m’est dès lors apparu évident et facile de me projeter, de m’impliquer pour soutenir sa carrière, de présenter et de représenter cet artiste exceptionnel. »
À travers sa pratique artistique protéiforme, Mathieu Lucas propose une autre vision du monde et crée une prise de conscience. Les vues en hauteur de ses scènes miniatures aiguisent notre regard sur un quotidien et une réalité que nous ne percevons pas ou plus. Mathieu raconte, interroge, expose, exagère, imagine, transforme, caricature nos univers. Il suscite en nous l’envie de nous plonger dans ses mondes fictifs réduits, puis, quand leur proximité avec notre réalité nous rattrape, de les fuir à toutes jambes.
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