Paul Bert-Serpette, c’est un périmètre à part aux Puces de Saint-Ouen, le marché international de la rareté.
Sur le pavé, on déniche, on flaire, on butine des objets rares de l’Antiquité au XXème siècle. La chine y est un véritable art de vivre, à goûter le temps d’un pur week-end parisien. Situé au cœur des Puces de Saint-Ouen, Paul Bert Serpette est le plus grand marché d’antiquités et de brocante au monde. En 2016, les Puces ont fêté leurs 150 ans.
En 1977, le garage autour duquel s’enroulent les allées de Paul Bert se transforme en marché couvert, son fondateur lui donne son nom. Le marché Paul Bert Serpette est né. Cette année, Paul Bert Serpette fête ses 70 ans ! Le marché Paul Bert Serpette compte 350 marchands sur une surface de 6000 m2. Avec la garantie Paul Bert Serpette, les factures sur lesquelles figurent la description de l’objet et son origine, ont valeur de certificat d’authenticité.
Le marché organise des évènements à l’occasion des salons ou des actualités du monde de la décoration et du design. On peut consulter l’agenda et recevoir des invitations sur le site www.paulbert-serpette.com
Accès : Ouvert le vendredi de 8h à 12h, le samedi de 9h à 18h, le dimanche de 10h à 18h, le lundi de 11h à 17h. Métro Porte de Clignancourt (Ligne 4) ou Garibaldi (Ligne 13) – Bus 85 (circule le dimanche) – Parking Serpette, 110 rue des Rosiers.
A l’ère du recyclage et de la mode vintage, la « chine » attire New-Yorkais, russes, asiatiques, collectionneurs de tous horizons sans distinction de classe.
Stars du ciné, ouvriers, aristocrates et illustres inconnus dialoguent autour de curieux objets de désir.
Car c’est cela, la chine : se laisser toucher par le bizarre, palper des pièces, marchander, dans un lieu décalé, un grenier à ciel ouvert. Et puis s’attabler pour rêver ou fêter les bonnes acquisitions. En un mot « chiner » est, plus qu’un commerce, un véritable style de vie.
Sur les 1200 marchands installés aux Puces, le marché Paul Bert Serpette en compte 350, sans compter les biffins qui déroulent un drap et vendent sur le sol. « C’est un territoire unique où toutes les cultures se mélangent, tant au niveau de la clientèle que des marchands » explique Stéphanie Duplaix, la directrice du marché Paul Bert-Serpette.
« Le Parisien typique y côtoie des stars « résidentes » comme Fabrice Lucchini, Lenny Kravitz, Kanye West ou Simon Porte Jacquemus », ce jeune styliste du Sud qui ne cesse de charmer le Paris de la Mode avec ses histoires de santons.
Métro Porte de Clignancourt, atterrissage sur la planète Puces.
A travers la foule bigarrée, on se fraie un passage vers la rue des Rosiers.
Les maisonnettes à deux étages fleurent bon l’ère ouvrière grignotée par le street-art. Effluves de café-croissant, petit air de guitare manouche…
Le dimanche matin, les germanopratins descendent du bus 85 à l’arrêt « Marché aux puces », juste en face de La Chope des Puces, premier lieu incontournable! Ici, Django Reinhardt a inventé le jazz manouche, Thomas Dutronc a fait ses classes sur la petite estrade près du comptoir et, dans l’arrière-salle, Bebel a fêté son César du meilleur acteur.
Faut pas oublier qu’ici, on est sur le territoire du Paris Canaille.
Pour s’en rendre compte, allez déjeuner chez Louisette, au marché Venaison où sévissent encore l’accordéon et des chansonniers formidables : Mr Armand, assis à la table au coin du bar, fait vivre la dernière guinguette de Paris, entre nappe à carreaux, boule à facettes et photos d’acteurs français en noir et blanc.
On file au 106 rue des Rosiers, au marché Paul Bert.
Entrée coté Ma Cocotte, la cantine chic des Puces signée « by Philippe Starck » : déco éclectique et dépareillée, coins différents selon l’humeur, livres d’art à feuilleter librement et ambiance chaleureuse pour ce restaurant qui ne désemplit pas (mieux vaut réserver).
Le gratin s’y retrouve avant ou après le shopping. Juste, en face, le marché couvert Serpette déborde sur le bitume : services de table en faïence de Limoges, fauteuils clubs, bric à brac de styles et d’époques… le ton est donné.
On s’enfonce dans l’antre qui aligne boutiques et ambiances.
Allée 4, sur le « stand » 17, Alain Kojfer joue l’élégance : mobilier italien ou danois des années 40-50.
Un canapé d’angle en velours vert céladon flirte avec une table basse en marbre de Carrare. Le maître des lieux, également architecte et décorateur, a dessiné la villa K, une maison futuriste conçue avec des ouvertures sur le paysage marocain pour communiquer avec la nature. Il accueille des collectionneurs new-yorkais intéressés par des chauffeuses années 20 de style Ruhlmann (Art Déco français).
A deux pas, stand 5 allée 6, Sarah Steinitz mélange Couture Vintage, mobilier Art Déco et art contemporain pour une atmosphère particulière entre boudoir et cabinet de curiosité.
Il suffit d’observer pour prendre une leçon de style, une robe de Dolce&Gabana côtoie des pièces exceptionnelles d’Yves Saint-Laurent des années 70 et des sièges en rotin années 50 signés Dirk van Sliedregt..
Que du beau, digne du Palais Galliera, le musée de la Mode de la Ville de Paris.
Plus bas dans l’allée, stand 4, Xavier Missakian propose du mobilier moderne années 60-70.
Spécialiste du fauteuil de Joe Colombo modèle Elda, et d’autres designers tels Raymond Loewy, ou Roger Tallon, la couleur et les matériaux divers, bois, métal, céramique sont de mise.
Le jeu, c’est aussi de se perdre dans le dédale des allées pour laisser flotter l’imagination. Il y a toujours un objet qui attire l’attention.
Dehors, les allées du Marché Paul Bert s’exposent au soleil, aux reflets du ciel et au vent qui fait germer les graines de rose trémière entre les pavés.
Allée 5, stand 212, Eric Fleuret diversifie ses choix pour s’adapter aux goûts changeants d’une clientèle férue de mobilier signé du XXème siècle.
Il a posé une selle en cuir et un guidon sur un siège en béton, clin d’œil à Picasso !
Un lot d’appliques métalliques Charlotte Perriand en parfait état, simplement posées sur une étagère, d’autres appliques de J.J.M. Hoogervorst pour l’éditeur hollandais Anvia, de 1950, un fauteuil Charles et Ray Eams… là encore, des pièces dignes d’un musée ou d’une grande galerie, très simplement présentées. On se pose, on papote… « Dans la société globalisée, la décoration a pris une importance considérable car on se sent dépossédé du temps », explique Eric Fleuret. « Le monde est si dur à l’extérieur, qu’on a besoin de se sentir bien chez soi ». Le style Puces, c’est ça, refaire l’histoire du monde en parlant d’histoire de l’Art ou de sociologie.
A deux pas, allée 6, sur le stand 234, A1043 est l’interface d’une galerie située dans le 3ème arrondissement de Paris, 47 rue de Montmorency.
Celle de Didier-Jean Anicet et Stéphanie Courbot qui dénichent des luminaires et du mobilier du XXème siècle choisis pour leurs qualités sculpturales ou conceptuelles.
Tel le mobilier de Rei Kawakubo, la styliste de Comme des Garçons, présenté jusqu’au 22 décembre à la galerie.
Et pour finir, aux Merveilles de Babellou, Isabelle Klein et François Casal sur les stands 13 et 77 allée 1,
habillent de pied en cap les dandys et les élégantes nostalgiques dans leurs rayons remplis de bijoux, accessoires et vêtements de luxe vintage,
à faire tourner la tête pour se laisser définitivement aspirer dans le tunnel du temps.
http://www.paulbert-serpette.com
Texte et images par Françoise Spiekermeier pour Plume Voyage Magazine
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