PORTRAIT | Interview : Sara Siyam défend le tourisme local et responsable aux Maldives

Dans les eaux turquoise de l’océan Indien, la carte postale des vacances aux Maldives fait toujours rêver. Si les complexes hôteliers appartiennent très rarement à des locaux, Sun Siyam Resorts, fondé par un self-made man, Ahmed Siyam Mohamed, est aujourd’hui l’un des plus importants des Maldives. L’ambition et l’hyperactivité font partie de l’ADN familial puisque sa fille, Sara Siyam, directrice de la création, multiplie les offres inédites et participe activement au développement des talents locaux. Rencontre.

Quelle est l’histoire de Sun Siyam Resorts ?

SARA SIYAM : Le groupe a été fondé en 1990 par mon père qui a gravi tous les échelons de l’hôtellerie. En vingt ans, le groupe, aujourd’hui propriétaire de six resorts (Sun Siyam Iru Fushi, Siyam World, Sun Siyam Olhuveli, Sun Siyam Iru Veli, Sun Siyam Vilu Reef et Sun Siyam Sri Lanka), s’est imposé avec son identité et son ambiance uniques. Nous sommes aujourd’hui propriétaires et gestionnaires de cinq îles privées de luxe aux Maldives, ainsi que d’un hôtel de charme au Sri Lanka. Si on parle de concept hôtelier, notre objectif à travers nos resorts est de transcender les cultures et les frontières pour offrir à nos clients une palette infinie d’expériences jamais vues auparavant.

L’ambition fait-elle partie de l’ADN familial avec l’inauguration récente d’un gigantesque resort, Siyam World ?

S.S. : Siyam World 5 étoiles all-inclusive que nous venons d’inaugurer est l’un des plus grands resorts des Maldives. C’est le seul endroit où vous trouverez un ranch de chevaux, un terrain de football, trois terrains de basket-ball, ou encore plus de 300 villas aquatiques avec piscine et toboggan. Personne ne peut nous battre dans ce domaine. Sans oublier que l’île est bordée par un récif corallien. Nous nous concentrons sur l’authenticité tout en offrant une variété de loisirs, qu’il s’agisse de sports nautiques, de lieux romantiques, ou de divertissement en famille. Nous œuvrons en permanence pour personnaliser l’expérience de nos clients. Sans oublier les cadeaux de la nature avec une plage bordée par un récif corallien de 6 kilomètres de long sans le moindre danger et qui garantit des plongées de toute beauté.

Comment insufflez-vous cette vision créative chez Sun Siyam Resorts ?

S.S. : En répondant à cette volonté constante d’innovation, en termes d’image de marque dans nos resorts et en créant des expériences illimitées et uniques pour que nos clients se divertissent, se détendent et surtout gardent des souvenirs. Nous voulons laisser une impression positive et durable à nos clients, mais aussi aux insulaires. Les Maldiviens n’ont pas l’habitude de partir en vacances, mais cela change avec la jeune génération qui veut davantage profiter de son temps libre et à qui nous proposons par exemple des tarifs plus avantageux.

La responsabilité citoyenne fait-elle partie de vos engagements en tant qu’entreprise locale ?

S.S. : Nous avons conscience d’être un modèle pour les Maldiviens et nous croyons fermement au talent des locaux. C’est notre devoir en tant que groupe maldivien de les former, mais aussi d’encourager leur côté créatif parce que les expériences et l’ambiance qui caractérisent Sun Siyam Resorts dépendent de leur implication à 360 degrés. Et puis, être une entreprise locale, c’est savoir redonner. Avec le programme Sun Siyam Cares, nous soutenons et autonomisons les petites entreprises communautaires qui contribuent à réduire la pauvreté et le chômage, en offrant des opportunités d’emploi dans les hôtels, et en soutenant des initiatives de santé et d’éducation comme, par exemple, le financement d’écoles.

Sun Siyam Resorts est aussi une histoire de transmission familiale.

S.S. : Depuis mon enfance, je regarde mon père travailler avec beaucoup d’admiration. Il est à la fois un modèle mais aussi un pilier car il me soutient à 100 % dans mes choix, surtout quand ils sont audacieux. Mais je n’oublie pas ma mère qui m’a élevée quasiment seule parce que mon père était un homme occupé. Très impliquée dans l’entreprise, elle est l’une des figures féminines les plus fortes que j’ai jamais connues et c’est aussi celle qui travaille le plus dur !

Peut-on dire que vous étiez prédestinée à travailler dans le tourisme ?

S.S. : Je n’avais pas l’intention de venir travailler dans l’entreprise familiale car j’étais passionnée par la psychologie. Mais j’ai été vite rattrapée par le virus. Après une maîtrise en tourisme international, la rencontre de mon mari (Ausy Waseem) à l’âge de 20 ans a été déterminante : cela fait dix ans que nous travaillons ensemble au sein de l’entreprise. Depuis toujours, nous mettons nos idées en commun et nous nous soutenons pour relever tous les défis. Nous sommes de vrais partenaires et une source d’inspiration l’un pour l’autre.

Qu’en est-il de votre implication dans le tourisme durable qui est une urgence aux Maldives ?

S.S. : Le tourisme durable est bien sûr notre priorité avec de nombreuses initiatives mises en place telles que la réduction de la consommation d’eau et d’énergie, la gestion des déchets pour réduire l’utilisation de plastique, le soutien au développement communautaire et l’investissement dans les énergies renouvelables. Nous sommes très conscients de l’urgence à minimiser notre impact environnemental et notre empreinte carbone aux Maldives, et cela passe aussi par notre contribution au bien-être socio-économique des communautés maldiviennes.

Quel est le meilleur conseil que l’on vous ait donné ?

S.S. : Il vient de ma mère : il faut s’aventurer au- delà de sa zone de confort. Si vous êtes trop à l’aise, vous ne grandissez pas. Les défis sont essentiels pour grandir et s’épanouir personnellement et professionnellement.