Au sud du Golfe de Thaïlande, dans l’archipel de Samui, les party animals du monde entier se retrouvent sur les plages de Koh Phangan. Sa nature intense, sa forêt primaire, ses criques désertes et ses anses de sable blanc cachées, accessibles seulement par la mer, font le charme de cette île préservée, un paradis gorgé d’énergie.
Tous les soirs, les pieds des visiteurs de l’île se retrouvent au même endroit : la Sunset Party. Rendez-vous sur la plage.
Assis sur le sable, on vient admirer la beauté du disque solaire plongeant ses rayons dans les flots et embraser le ciel. Dans cette région d’Asie, les couchers de soleil sont spectaculaires. Des cracheurs de feu, des saltimbanques… On vient avec un instrument de musique, sa voix, ses oreilles, tous ses sens en éveil, et l’on communie sans se connaître. Sur cette terre encore sauvage, tout est prétexte à faire la fête, à se remplir d’énergie positive, à faire le plein de sérénité, de paix avec soi-même et avec le monde. On dirait que la philosophie des hippies a trouvé refuge ici avec une nouvelle génération porteuse du rêve. Koh Phangan est une destination idéale pour se ressourcer, faire la fête, boire de la bière, des piñacoladas jusqu’à plus soif et, le lendemain, détoxifier, faire du yoga, l’un et l’autre complémentaires comme le yin et le yang. Le charme de cet endroit est envoûtant et vous connecte un peu plus avec la nature et le soi profond.
Pourquoi cet îlot d’à peine 167 km2 a-t-il attiré plusieurs rois de Thaïlande et particulièrement l’un des plus aimés, faisant l’objet d’un véritable culte de la part des Thaïlandais, le roi Rama V ?
Au tournant du XXème siècle, il réussit à préserver l’indépendance du pays face aux pressions colonisatrices de la France et de l’Empire britannique, abolit l’esclavage en 1895 et modernisa les institutions. Il venait régulièrement à Koh Phangan, alors que l’île ne comptait encore qu’une poignée d’habitants et quelques temples, trouver des réponses à ses questions, par la méditation et la sagesse des moines bouddhistes, utiles à sa gouvernance.
Les premiers habitants de l’île étaient des moines, il y a 600 ans environ. Cette empreinte de spiritualisme est toujours présente, sous diverses formes.
Les bonnes ondes de Koh Phangan invitent à pratiquer le yoga, à opérer un tournant dans sa vie en s’offrant un diplôme de prof de hatha-yoga, à faire des cures détox, s’initier au tantrisme, se convertir au vegan, s’offrir une cure de massages, se former au reiki, à la réflexologie, entamer une thérapie holistique basée sur l’ayurvéda et l’homéopathie dans l’un des centres de bien-être, de méditation et de relaxation répartis aux quatre coins de l’île. L’un d’eux, Anayanda Yoga et Detox Center, ouvert par un Grec il y a une quinzaine d’années, a reçu l’Alternative Medicine & Holistic Health Award en 2018. Pour pratiquer en solitaire, la plage et la forêt, avec ses torrents et ses cascades, livrent des recoins secrets où se sentir en harmonie avec la nature.
Parti du port de Koh Samui, le speedboat atteint Koh Phangan après une traversée de trente minutes.
On débarque à Thongsala, la « capitale » de l’île. On loue une « bike » (scooter) et on sillonne l’île, nez et cheveux au vent. Synonyme de liberté, la bike est la meilleure amie du visiteur de Koh Phangan, pour explorer l’île de plage en plage. Splendides, celles de la côte ouest sont nombreuses et très longues contrairement à la côte orientale plus déchirée, et inaccessible par la route. Sur cette côte aux roches volcaniques, les rares plages, très petites, sont à portée de bateau-taxi. On cabote de plage en plage, de paradis perdu en paradis tropical. Elles se nomment Bottle Beach, Haad Than Sadet, Haad Nam Tok, Haad Yang. Au sud, c’est la perle: Haad Rin, une longue plage de sable fin où la Full Moon Party se déroule depuis vingt ans, à la pleine lune. Au sud de la plage se trouvent les bars, clubs et hébergements pour la fête tandis qu’au nord règne un esprit plus bohème dans un décor sauvage pour s’isoler du bruit et de la foule.
A Haad Rin, en dehors des soirs de fête, le centre de la bourgade ne dort jamais, avec ses boutiques, ses restaurants ouverts midi et soir. On y circule en scooter comme partout. Nina, une jolie blonde au style garçonne, y a ouvert sa boutique de mode : Fusion. On y dégotte des robes en coton indien et dentelle pour la plage, des capelines, des petites bourses brodées parfaites pour coller au style local : bohème, plus ou moins chic.
En roulant le long de la côte pour remonter jusqu’à Thongsala, on peut aussi faire un stop pour une leçon de kitesurf.
Les spots et les écoles sont nombreux sur cette portion de l’île bien exposée au vent. Cette région un peu austère renferme quelques curiosités : deux temples bouddhistes, le sauna traditionnel aux herbes où l’on s’enduit mutuellement de scrub à la noix de coco, un hôtel étonnant, le Palais, qui reproduit les ruines du temple d’Angkor, au Cambodge. Sa piscine fait face à une large baie d’où l’on aperçoit Koh Samui, l’île sœur de Koh Phangan.
Cette côte enchaîne les restaurants construits au bord de l’eau.
Un Français y a ouvert le sien, Serenity Beach, en posant ses tables directement sur le sable à l’ombre d’un immense ficus. Il y sert une cuisine thaïlandaise revisitée et propose une vaste carte de vins français, pas toujours facile à trouver sous ces latitudes. Après avoir roulé sa bosse en France dans quelques restaurants étoilés, et passé ses vacances sur l’île depuis 14 ans, il a sauté le pas et réinventé sa vie en venant s’installer ici. C’est aussi le cas pour Aude, venue de La Ciotat, qui a ouvert sa boutique de vêtements dans une rue branchée de Thongsala : Rose de Bohème. Elle fabrique elle-même ses modèles sur sa machine à coudre derrière un paravent au fond de la boutique et habite de l’autre côté de l’île, près d’une plage déserte.
Après le centre ville, le long de la plage d’Ao Hin Kong, on rencontre Karin et Mel, deux autres Françaises dans leur bistrot cabaret original : une scène sur pilotis se dresse au milieu de l’eau, devant des tables.
Artistes, danseurs de tango, peintres y présentent leur performance pendant le dîner. De l’autre côté de la route, elles proposent des hébergements simples et charmants dans des pavillons en bois sur pilotis dissimulés dans un jardin tropical. Le jardin est aussi recréé dans leur salle de restaurant décorée de plantes vertes et agrémentée de grands portraits de Coco Chanel, de Piaf… un hymne aux belles femmes françaises. L’ambiance est décalée et festive, un brin canaille comme à Montmartre. Une vraie réussite !
L’hébergement, plutôt simple sur l’île, est constitué en majorité de bungalows au bord de la plage. Quelques villas de luxe se louent une fortune. Mais l’un des plus jolis hôtels de l’île est Kupu Kupu Phangan Beach, sur la plage de Ao Nai Wok, à 5 minutes de Thongsala.
Inspiré de l’architecture balinaise déclinée jusque dans le mobilier et les matériaux, l’hôtel 5 étoiles dissimule une cinquantaine de villas dans la cocoteraie, chacune ayant sa piscine à débordement avec vue sur la mer. Le lobby surplombe une piscine à débordement de 64 mètres bordés de gazébos aux voiles rouges, à l’effet détonnant. Le luxe de l’établissement est d’offrir un espace privatif unique les pieds dans l’eau, une villégiature de rêve dans une vaste chambre propice à la relaxation. Le soir le Roof Top Bar est ouvert pour admirer le coucher de soleil en sirotant un cocktail.
Le rooftop n’est pas une obligation. Une simple terrasse en surplomb émergeant de la canopée fait l’affaire.
Comme au Bluerama, résidence et restaurant bar design avec piscine offrant un panorama à couper le souffle sur toute la côte occidentale de l’île ou encore au Top Rock bar, sorte de cabane à l’ambiance cabanon hippy. A moins que l’on préfère une scène sur ponton, comme au Pirate Bar, ambiance cabane de pirate avec mini plage et sono pour admirer le Soleil sur fond de musique électro.
La nuit venue, et la faim avec, on s’échappe vers le marché de la capitale, Pantip Food Market, se régaler d’un plat thaï traditionnel à 100 baths (environ 3 euros), servi par l’une des multiples gargotes bordant le marché.
Ambiance bohème et gourmande : pad thaï aux crevettes, plats végétariens, brochettes, et même pizzas locales… L’île de Koh Phangan, c’est le luxe, les pieds nus.
Guide de voyage : nos adresses
– Ananda yoga et Detox Center, www.anandayogadetox.com
– Pure Relax, salon de massage, spa, bien-être, www.purerelaxspa.com
– Hôtel Kupu Kupu Phangan Beach, www.kupuphangan.com
– L’Alcove, bistrot français sur la plage, www.alcovephangan.com
– restaurant Serenity Beach, www.serenity-beach.org
– boutique de mode Rose de Bohème, 7-11 Thong Sala Pier
– Wat Pho Bantai, sauna traditionnel en face du temple Wat Pho Baan Thaï
– Hôtel Le Palais, www.lepalaishotel.com
– restaurant bar hôtel, Bluerama, www.bluerama.com
-Top Rock bar , à Ao Nai Wok, ouvert de 11h à 1h
-Yoga Prof: Sunny Mc Gill www.omsunnyyoga.com
-Pumayana, vêtements de sports et yoga, galerie d’art, www.pumayana.com
Informations générales :
Y aller : Vol Bangkok-Koh Samui (1h20) puis traversée en bateau (30 mn).
Koh Phangan: 167 km2
Meilleure période : De décembre à février. La saison fraîche – Cette saison est la meilleure pour visiter l’archipel, beau temps mais pas trop chaud avec peu de risque de pluie.
De mars à juin : La saison chaude – il fait très chaud (jusqu’à 40°C (114°F), avec pas ou peu de précipitations. A cette période, vous apprécierez l’air conditionné de votre chambre d’hôtel !
Histoire : les premiers visiteurs seraient des marins malais, bohémiens des mers, venant de la péninsule malaise il y a plus de 2000 ans. Mais son histoire commença vraiment il y a 600 ans, avec l’arrivée d’un groupe de moines, impressionnés par l’énergie de l’île. Ils y construisirent le 1er temple. Il y a seulement 200 ans, ils furent rejoints par les immigrants chinois qui s’installèrent et firent le commerce de la noix de coco puis l’exploitation des mines d’étain. L’île est prestigieuse puisque directement liée à la famille royale. En effet, sa Majesté le roi Rama V (1868-1910) avait découvert la splendeur de Koh Phangan et s’y était rendu 14 fois, notamment aux chutes de Than Sadet où l’on peut voir les initiales royales gravées sur un rocher.
Reportage : photos et textes par Françoise Spiekermeier pour PLUME VOYAGE MAGAZINE
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