Acheter un morceau d’Histoire aux enchères est une sensation extraordinaire, et cela s’est senti lors de deux ventes chez Bonhams, sur Madison Avenue à New-York, ce 6 décembre, à l’approche de Noël. On pouvait y voir un ordinateur Apple 1, couleur noisette, en état de marche, assemblé par Stephen Wozniak et Steve Jobs (quand ils travaillaient encore depuis leur garage et cherchaient 13 000 € pour finaliser leur première commande).
Ce serait l’un des soixante-six derniers modèles de ce type, et supposément l’un des cinquante premiers à avoir été construits. Bonhams estime la vente de cet exemplaire de l’un des premiers ordinateurs personnels pré-assemblé au monde, vendu en 1976 au prix de 666,66 $ (soit 564 €, sûrement une blague de MM. Jobs et « Woz »), entre 350 000 € et 500 000 €. S’il se vendait dans le haut de cette fourchette, sa valeur aura été multipliée par 1 000 en 41 ans, ce qui n’est pas rien. Bref, si vous avez l’un de ces bijoux dans votre cave, sortez-le et donnez-lui un bon coup de chiffon. Vous avez peut-être un demi-million d’euros entre les mains.
D’autres lots intéressants étaient en vente ce jour-là, pour ces milliardaires qui pensent avoir déjà tout et que vous chercheriez à surprendre à Noël. Voici notre liste au Père Noël pour ce club très restreint qui pense ne pas pouvoir être surpris.
Le lot 111 de la vente Science et Technologie, qui commençait à 11h du matin a dû faire un heureux : c’est un morceau de choix de l’histoire de la Silicon Valley. Le vendeur de Bonhams l’avait acheté à son premier propriétaire, Steve Fich (fondateur de Peripheral Visions), qui avait acquis ce bijou de technologie en 1976, peu de temps après que MM. Woz et Jobs l’ont construit. Ce lot est mis aux enchères par le collectionneur qui l’avait acheté à M. Fish, il n’a donc connu que ces deux propriétaires. C’est l’un des 66 derniers Apple 1 : Steve Jobs avait fait les gros titres en détruisant tous les exemplaires invendus lorsqu’il avait sorti l’Apple II. Ce « Steve Fish Apple 1 », comme on l’appelle, est vendu avec sa mallette noisette, fournie par le célèbre Byte Shop, l’un des distributeurs originaux de l’appareil.
Et Byte Shop a fait du bon travail, dans un style hippie détendu très californien, en protégeant la machine qui allait lancer la révolution du packaging et de l’interface technologique un peu comme AR, Klipsch et Marantz ont pu construire leurs haut-parleurs et amplis « hi-fi ». C’était à ça que ressemblait le début des ordinateurs personnels : aux amplis d’aujourd’hui, combiné à une télévision des années 80.
Deux heures plus tard, Bonhams débutait sa vente « Voix du XXe siècle », avec notamment trois lots parfaits pour les grands de ce monde qui pensent ne plus pouvoir être surpris. D’abord, il y a cette première édition de The Great Gatsby (Gatsby le Magnifique, en français) de F. Scott Fitzgerald, avec sa magnifique couverture d’époque, un peu défraîchie. F. Fitzgerald adorait cette couverture, dessinée par Max Perkins, et malgré son état, c’est ce qui permet de vendre cette édition entre 34 000 € et 51 000 €, d’après les estimations de Bonhams.
Ensuite, on pouvait acheter la raquette de tennis Wilson, en bois, de Billie Jean King, oui, la raquette avec laquelle elle a gagné la « Bataille des Sexes » contre le tristement célèbre Bobby Riggs, volontiers provocateur. Même s’il y a de nombreux antécédents sur les courts et dans d’autres sports, c’est cette raquette qui a, plus que d’autres, aidé à la mise en valeur du sport féminin à la fin du XXe siècle. On estime que 60 millions de personnes ont vu Billie Jean écraser M. Riggs, alors très populaire. C’est la raison pour laquelle Bonhams estime pouvoir vendre cette trace importante de l’histoire du sport féminin entre 85 000 € et 170 000 €. Cette raquette est le marteau avec lequel Billie Jean King a fait éclater un épais plafond de verre en trois sets, le 20 septembre 1973.
Enfin, on sort un peu des tendances avec ce dernier lot. Bonhams propose un extraordinaire exemplaire du génie de la Direction des Opérations Spéciales (SOE) britannique : le rat-bombe. Ce dispositif porte bien son nom : il s’agit d’un rat empaillé avec des explosifs, destiné aux résistants français et autres saboteurs dans la France occupée. Les rats étaient alors assez communs, et personne ne leur prêtait beaucoup d’attention. L’idée était de les installer dans des chaudières à charbon, sous des cibles stratégiques.
C’est le premier ministre de l’époque, Winston Churchill, qui a eu l’idée géniale de mettre en place cette direction des opérations spéciales, responsable de l’infiltration de saboteurs et entreprenant des missions spéciales de reconnaissance dans toute l’Europe, et contre les troupes impériales de Hirohito en Asie.
On ne riait pas beaucoup en territoire occupé. Mais si un instrument de mort peut prêter à sourire, rétrospectivement, c’est bien ce rat-bombe, trouvé par la police française surMaurice Ledain, agent du SOE, qui avait été parachuté pas moins de trois fois derrière les lignes nazies. Chapeau bas. Ce rat est estimé entre seulement 1 200 € à 1 700 €. Pour les amateurs de la Seconde Guerre Mondiale, voici un cadeau tout trouvé.
Vous avez aimé cet article ? Likez Forbes sur Facebook
Newsletter quotidienne Forbes
Recevez chaque matin l’essentiel de l’actualité business et entrepreneuriat.
Abonnez-vous au magazine papier
et découvrez chaque trimestre :
- Des dossiers et analyses exclusifs sur des stratégies d'entreprises
- Des témoignages et interviews de stars de l'entrepreneuriat
- Nos classements de femmes et hommes d'affaires
- Notre sélection lifestyle
- Et de nombreux autres contenus inédits