La semaine dernière, l’emblématique foire d’art contemporain Art Basel a illuminé Paris, transformant la capitale en un centre d’échanges effervescents entre l’univers du luxe et celui de l’art contemporain. Art Basel Paris 2024, qui s’est déroulée du 16 au 20 octobre sous la direction de Clément Delépine, marque une étape décisive dans l’évolution de cette relation symbiotique, révélant à quel point les grandes marques de luxe sont devenues des acteurs incontournables de cet écosystème artistique.
Le Grand Palais devient une cathédrale de l’art contemporain
Fraîchement rénové après avoir accueilli les Jeux Olympiques, le Grand Palais a servi de toile de fond spectaculaire pour cette édition d’Art Basel. Avec ses 200 mètres de long, 50 mètres de large, et une hauteur culminante de 45 mètres sous sa verrière, cet édifice historique s’est métamorphosé en une cathédrale dédiée à l’art contemporain. Ce cadre grandiose a magnifié les œuvres des galeries internationales présentes, ainsi que celles des maisons de luxe qui ont marqué de leur empreinte cet événement.
Cette foire d’exception attirait des amateurs d’art, des professionnels mais aussi des étudiants. J’avais le plaisir d’accompagner mes étudiants du Master of Science in Sustainable Luxury Management (le luxe durable) d’Audencia Business School ensemble avec Catherine Morel, leur professeure en art et luxe. Elle soulignait l’importance de la sélection rigoureuse des galeries participantes : « Il y a presque 1000 galeries qui ont posé leur candidature, mais seules 195 ont été retenues. La sélection est rude, mais essentielle pour garantir la qualité de l’événement, afin que les collectionneurs trouvent des œuvres à la hauteur de leurs attentes ».
Le luxe, un acteur majeur à Art Basel Paris
Cette année, les marques de luxe ont été au cœur de l’événement. Des maisons telles que Miu-Miu, Louis Vuitton, Burberry, et Guerlain n’ont pas seulement exposé des œuvres d’art, elles ont activement participé à ce dialogue entre la mode et l’art contemporain. En vingt ans de collaboration avec les maisons emblématiques du secteur du luxe, l’entreprise de conseil et de formations Merk Vision observe un renforcement inédit des liens entre le luxe et l’art, une source d’inspiration majeure pour les créations des marques, dont beaucoup possèdent un héritage dépassant souvent le siècle.
Louis Vuitton a particulièrement brillé en collaborant avec l’architecte visionnaire Frank Gehry, qui a conçu une œuvre monumentale : un poisson suspendu au-dessus du Balcon d’Honneur du Grand Palais, un hommage à leur collaboration de longue date (voir photo principale). Silvio Rocca, un expert de la maison Louis Vuitton, explique que « le poisson est une figure récurrente dans le travail de Gehry. Il symbolise la souplesse, l’étanchéité et la légèreté, des qualités essentielles qu’il intègre dans ses créations, que ce soit en architecture ou en design ». Cette œuvre s’inscrit dans un dialogue continu entre l’art et l’architecture, une démarche que Louis Vuitton a encouragée à travers sa fondation et ses multiples collaborations avec Gehry.
Des boutiques de luxe transformées en galeries
L’influence de l’art contemporain s’est également étendue au-delà du Grand Palais. Burberry, par exemple, a redéfini son flagship avenue Montaigne, transformant son espace en une galerie d’art où ses archives, y compris son iconique trench-coat, ont été exposées comme des œuvres à part entière. Guerlain a quant à elle présenté une édition inédite de sa fragrance Œillet Pourpre, conçue en collaboration avec l’artiste Julie Beaufils, disponible en édition limitée dans le cadre de l’initiative Art Basel Shop.
Une relation de plus en plus transactionnelle
Historiquement, les maisons de luxe ont participé à des événements artistiques pour renforcer leur image d’exclusivité et de sophistication. Aujourd’hui, cette dynamique a évolué vers une relation plus transactionnelle. En plus de cultiver leur aura, les marques cherchent désormais à établir des liens directs entre leurs créations et l’univers de l’art contemporain.
C’est ainsi que les visiteurs de Art Basel Paris ont pu admirer la créativité illimité issu de la collaboration entre Louis Vuitton et l’architecte Frank Gehry. Gehry, dont les créations disruptives repoussent les frontières de l’architecture traditionnelle, a également contribué à la conception de pièces iconiques pour la maison de luxe. Parmi elles, le sac Capucine, un modèle créé en édition limitée sous plusieurs formes, témoigne de cette fusion entre art, l’architecture et l’artisanat de luxe.
La collaboration entre Louis Vuitton et l’architecte a influencé aussi les créations de parfums de la marque. Toujours en mouvement, les flacons invitent à des multiples imaginations et interprétations.
L’art et le luxe : une symbiose parfaite
Art Basel Paris 2024 n’a pas seulement mis en lumière les grandes galeries d’art du monde entier, elle a également illustré la manière dont l’art et le luxe peuvent s’entrelacer pour créer une expérience unique. Catherine Morel a également noté que certaines galeries, telles que celles qui exposaient des œuvres d’artistes émergents, se concentrent sur l’intégration de l’environnement dans leur travail, un thème récurrent cette année : « L’environnement était tout le temps intégré, représenté sous différents angles, que ce soit la mer, la reproduction ou la transparence ». La quête vers plus de développement durable était entre autres représenté dans l’arbre appelé « Cerfcontrol » de l’artiste Pascale Martine Tayou, soutenu par la Maison de Champagne Ruinart.
Des collaborations audacieuses entre maisons et artistes contemporains ont permis aux visiteurs d’explorer une facette plus immersive et transactionnelle du luxe. Un programme VIP exclusif, incluant des visites privées et des rencontres avec les artistes, a renforcé le caractère exceptionnel de cette édition.
Cette édition d’Art Basel Paris marque une nouvelle étape dans le dialogue entre tradition et avant-garde. Grâce aux collaborations entre maisons de luxe et artistes contemporains, l’art ne se contente plus d’être admiré—il devient un objet transactionnel, accessible aux collectionneurs et aux amateurs d’art.
Le Grand Palais, avec sa grandeur historique, a parfaitement incarné ce dialogue, rappelant que Paris reste le cœur battant de la rencontre entre l’art et le luxe.
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