Cette histoire eut lieu peu de temps après le déménagement du célèbre scientifique à Princeton. Un garçon juif de parents allemands, âgé de 13 ans s’était présenté devant la porte d’Albert Einstein. Il put parler à sa femme et lui demanda de lui accorder une rencontre avec son mari. Mais puisque à ce moment-là le scientifique n’acceptait pas de visiteurs, elle refusa.
Le jeune garçon se mit alors à lui parler dans un parfait allemand, pour lui implorer de le laisser rencontrer M.Einstein. Attendrie, elle céda et le laissa entrer, puis l’installa dans le salon avec du lait et des cookies.
Lorsque Albert Einstein entra dans la pièce et apprit que le garçon parlait allemand, il fut intrigué et saisit cette opportunité d’avoir une conversation avec le jeune garçon. Le scientifique le questionna, à propos de sa bar mitzvah, du comportement des Juifs allemands aux États-Unis, mais surtout du sentiment d’être un enfant juif en Amérique. Le garçon raconte avoir perdu toute notion du temps et explique que la conversation aurait pu avoir duré aussi bien une heure que trois.
Avant son départ, le scientifique prit le temps de signer une carte de son nom, et la donna au jeune garçon en souvenir de leur temps passé ensemble. Avant son départ, le scientifique appela sa femme pour l’escorter à la porte. Devant le garçon, il dit à sa femme combien il était content qu’elle ait laissé entrer ce jeune garçon. C’était la première fois qu’il parlait à un enfant juif en Amérique. En effet, il n’avait fréquenté que des adultes jusqu’à cet instant.
Deux générations plus tard, le jeune garçon n’est plus si jeune et est alors âgé de 70 ans. Il se présente, l’autographe à la main pour raconter son histoire. Faisant de cet autographe un véritable symbole d’une valeur inestimable.
Devant ce genre de témoignage, il est de notre devoir de journaliste de séparer le faux du vrai dans un premier temps, puis de faire preuve de sélection quant à l’histoire qu’on achète. Dans un monde où le contexte et le contenu déterminent la valeur d’une histoire, il y a une hiérarchie de qualité qui donne une valeur toute particulière aux documents originaux.
Un exemple concret de cette théorie est l’expérience d’un collègue londonien. L’homme qui s’est présenté était spécialisé dans la littérature anglaise et certainement pas dans les autographes d’Albert Einstein. À la fin de notre entrevue, l’homme nous a présenté une lettre signée par Albert Einstein, soi-disant.
La lettre disait : « Je ne crois pas à la notion selon laquelle Dieu lance des dés au hasard. Si ça avait été le cas, il se serait tenu fondamentalement au hasard et n’aurait pas élaboré de formule. » Einstein est notamment connu pour avoir dit que Dieu ne joue pas aux dés avec l’Univers. Cette lettre n’avait donc rien d’ordinaire et sa valeur a été estimée à un montant de plus de six chiffres. Elle fait maintenant partie d’une collection privée, depuis plus de dix ans.
Les contrefaçons sont une autre histoire. Certains faussaires ont essayé d’imiter l’écriture singulière d’Albert Einstein. Mais il utilisait aussi des tampons avec sa signature, ce qui facilite la falsification de la signature. Un nombre important de lettres de collecte de fonds circulent, et il est impossible d’en signer autant. Ainsi, lorsque M.Einstein était trop occupé ou en déplacement pour s’occuper de tout son courrier, sa secrétaire s’en chargeait à sa place.
Par conséquent, comment reconnaître la signature d’Albert Einstein ? Il a signé beaucoup d’autographes, mais la plupart sont adressés directement à quelqu’un. Il y a donc toujours une petite inscription personnelle. Par ailleurs, il aimait écrire des poèmes à ses heures perdues, certains d’entre eux sont disponibles à la vente. Sans oublier qu’il signait aussi des livres, notamment ceux dont il était l’auteur. Toujours est-il que la plus grande partie des lettres d’Albert Einstein sur le marché sont des lettres adressées à des personnes. Certaines d’entre elles sont manuscrites, mais la plupart sont tapées à la machine, tantôt en anglais, tantôt en allemand. Ces lettres permettent de mieux analyser son style et notamment les en-têtes qu’il utilisait, qui sont plus difficiles à contrefaire. Elles sont presque toutes ornées du sceau en relief de Princeton, d’autres du sceau de l’Institute for Advanced Study, ou bien de celui de l’Emergency Committee of Atomic Scientists. Mais les lettres écrites lorsqu’il était en Allemagne ne contiennent pas d’en-tête et sont écrites sur du papier simple.
L’autographe de ce jeune garçon, n’était pas un autographe signé, n’avait pas d’en-tête, ni de contenu, à part le nom du célèbre scientifique. Et pourtant cela ne retire rien à la beauté de son histoire. Elle nous rappelle aussi que la plus petite de nos actions peut avoir des répercussions, que nous soyons un scientifique populaire ou un individu lambda.
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